vendredi 30 août 2013

La thérapie par le tango à Buenos Aires

l'émission du jeudi 29 août 2013

La thérapie par le tango à Buenos Aires



Un reportage de Caroline Vicq, à Buenos Aires, en Argentine

Elsa, atteinte de la maladie de Parkinson et élève de cours de tango :
La musique t’emmène ailleurs. Sans t’en rendre compte, tu bouges une jambe. C’est instinctif. Ca marche avec tous types de musique mais comme je dansais le tango avant, mon corps se souvient.

Danseurs de tango © Fiesta des suds - 2013
A Buenos Aires, en Argentine, le championnat du monde de tango vient de se terminer avec cette année encore, la consécration des couples argentins.
En tout, 550 000 personnes ont participé à cet évènement qui prend de plus en plus d’ampleur. Car à Buenos Aires, le tango est partout.
Il est même utilisé pour soulager des malades de Parkinson, en témoigne ce cours gratuit de “tango-thérapie” à la Fondation du tango argentin.





Verónica Alegre :
On détend les genoux ! Et on va commencer à bouger la jambe libre, en essayant d’allonger le corps le plus possible. D’accord ? On essaye !
Dans un café portegne, vieilles  affiches de tango au mur, parquet au sol, quelques consignes de Veronica, la professeure, et le cours commence. Debout, appuyés sur une chaise, les élèves se laissent porter par la musique, et parviennent à faire quelques mouvements tangueros.
La sensation d’un malade de Parkinson est d’être en mode off. Il faut donc reveiller ce corps endormi.
Veronica Alegre, professeure de tango-thérapie :
L’objectif, est d’étendre le répertoire de mouvements. Ce qui m’intéresse, c’est qu’ils trouvent ou retrouvent des parties de leur corps qui sont apparemment endormies ou éteintes et travaillent là-dessus. Sur le poids du corps, l’équilibre. Les gens qui dansaient le tango avant arrivent à se rappeler des mouvements. Certains ne pouvaient même pas se tenir debout tout seuls, certaines choses qui étaient cachées ressurgissent. Des choses enfouies d’un point de vue émotionnel et corporel. Avec eux, je ne cherche pas à faire de grands mouvements, mais à leur donner la sensation de les avoir connus.


Elsa a commencé le tango à 18 ans. Son corps a gardé la mémoire de certains mouvements : 
Cela a été un changement brusque. Mon corps est dur. J’ai un Parkinson rigide. Grâce à ça, je me suis énormement détendue. Chez moi, j’ai une routine d’exercices qui me fatigue beaucoup. Mais là, non. Peut-être parce que la musique te transporte et je le vis différemment. L’émotion te mobilise. Et si, avec un peu de chance, j’entends un tango que je connais, je travaille différemment.


Alicia, elle, n’avait jamais dansé de tango. Mais en 5 cours seulement, son état s’est amelioré.
En peu de cours, et la prof l’a constaté, j’ai réussi à redresser mon dos, à être droite. Dans cet atelier, on commence assis, on apprend les mouvements. Moi, j’ai eu un AVC , et je redecouvre les mouvements que je faisais avant avec le bras, le pied, la main, la jambe. Et après on danse et les muscles fonctionnent mieux. C’est dur, c’est pas facile, mais ce cours c’est vraiment une merveille !

En une heure de thérapie, le corps se souvient, la tête se détend, l’élève lâche prise et oublie la maladie… au moins le temps d’un tango.

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