mardi 11 mars 2014

Des coups de fil passés depuis la Chine sur les mobiles de certains occupants du vol MH370 semblent aboutir. Mais sur quoi ?


Des coups de fil passés depuis la Chine sur les mobiles de certains occupants du vol MH370 semblent aboutir. Mais sur quoi ?

Comment expliquer que les coups de fil passés sur 19 des portables des 227 passagers du vol de la Malaysia Airlines disparu depuis quatre jours semblent aboutir? Les experts contactés par Le Figaro donnent deux explications.
● Première hypothèse, la plus simple: les portables restent joignables. Cela signifirait que les dits téléphones sont situés à proximité d'une antenne relais. Ils seraient donc à terre, ou sur des débris flottant à proximité des côtes (certaines antennes ont une portée de 10 kilomètres). Cela implique aussi que ces téléphones disposent d'une autonomie de plusieurs jours et qu'ils soient étanches, ce qui est le cas de plusieurs modèles.
● Deuxième hypothèse qui est un peu plus technique: le mobile émetteur sonnerait pendant un temps de latence entre le début de l'appel et le moment où celui-ci aboutit effectivement. Autrement dit, le téléphone sonne le temps que l'appel aboutisse à une première antenne relais. Ensuite, le réseau «cherche» le téléphone du destinataire. Faute de le trouver, le coup de fil n'aboutit finalement pas.
Un décalage technique qui serait accentué par l'origine des différents abonnements des disparus. Les appels sont passés depuis un réseau chinois, qui n'est pas nécessairement celui choisi par les destinataires de ces coups de fil.
Une explication technique qui laisse finalement peu de place à l'espoir. Cela expliquerait aussi pourquoi il est impossible de géolocaliser ces téléphones.
L'annonce de la présence à bord du Boeing 777 de ces passagers suspects avait provoqué ce week-end des craintes d'une attaque terroriste. Mais la police a estimé que l'hypothèse de l'immigration clandestine était la plus probable pour expliquer le vol d'identité.
L'un des deux a été identifié comme un Iranien de 19 ans, a précisé à la presse le chef de la police malaisienne, Khalid Abu Bakar.
"Nous ne croyons pas vraisemblable qu'il soit membre d'un groupe terroriste et nous pensons qu'il essayait d'émigrer en Allemagne", a-t-il ajouté. Le deuxième n'a pas été identifié.
Les deux passeports, l'un appartenant à un Italien, l'autre à un Autrichien, avaient été volés en 2013 et 2012 en Thaïlande, plaque-tournante pour diverses organisations criminelles qui viennent notamment se fournir en faux documents.
Selon la police thaïlandaise, un autre Iranien, "M. Ali", a organisé l'achat des billets des deux hommes par l'intermédiaire d'une agence de voyage de Pattaya, station balnéaire au sud de Bangkok.
M. Ali est soupçonné de faire partie d'un "réseau de trafiquants d'êtres humains" envoyant entre autres des ressortissants du Moyen-Orient "travailler dans des pays tiers, notamment en Europe", destination finale des deux passagers suspects, après Pékin, a précisé à l'AFP le patron de la police dans le sud du royaume, le général Panya Maman.
Plus de trois jours après la disparition de l'avion, des dizaines de navires, d'avions et d'hélicoptères de neuf pays (notamment Chine, Etats-Unis, Vietnam, Malaisie, Philippines, Singapour) participent aux recherches.
La Chine, dont 153 ressortissants se trouvaient à bord de l'appareil et qui reproche à la Malaisie de n'avoir pas immédiatement engagé tous les moyens nécessaires, a annoncé le redéploiement de dix satellites à haute résolution pour l'aide à la navigation, l'observation des conditions météorologiques, les communications.
- Recherches étendues -
Le vol MH370, parti de Kuala Lumpur à destination de Pékin, a brusquement disparu des radars dans les premières heures de samedi, alors qu'il se trouvait quelque part entre la côte orientale de la Malaisie et le sud du Vietnam.
Menées depuis sans aucun résultat, les recherches ont été étendues lundi en mer de Chine méridionale de 50 milles marins (environ 90 km) à 100 milles de rayon autour du lieu où le contrôle aérien a perdu le contact avec l'appareil.
Les opérations avaient déjà été étendues la veille à la côte ouest de la Malaisie et à la terre, alors que l'hypothèse d'un demi-tour de l'avion a été avancée.
Egalement très mobilisés, les Etats-Unis ont envoyé deux destroyers transportant des hélicoptères et un avion de surveillance. Le FBI et l'agence américaine de la sécurité dans les transports (NTSB) ont envoyé des techniciens et enquêteurs auxquels se sont joints des spécialistes de Boeing.
A plusieurs reprises depuis samedi les secours ont fait état de la découverte en mer d'éléments susceptibles d'appartenir à l'avion.
A chaque fois, néanmoins, les vérifications ont infirmé ces découvertes, que ce soit un possible radeau de survie qui n'était qu'"une couverture moisie pour enrouleur de câble" ou une nappe de carburant qui ne provenait pas de l'avion.
Le Vietnam a annoncé mardi également étendre ses opérations "vers l'est et le nord-est", précisant avoir demandé l'aide des pêcheurs de la région.
- Familles entre espoir et résignation -
En attendant de connaître le sort de l'avion, les familles des passagers arrivées à Kuala Lumpur oscillaient entre espoir et résignation.
"Tous les membres de la famille essayent de rester optimistes et espèrent qu'ils ont survécu (mais) nous nous préparons au pire", ont indiqué les proches de Catherine et Bob Lawton, un couple de quinquagénaires parmi les six Australiens sur le vol MH370.
En Inde, la famille de Muktesh Mukherjee, 42 ans, craignait une répétition tragique de l'histoire après le décès de son grand-père, un ancien ministre, dans le crash d'un avion à New Delhi en 1973.
"Les miracles se produisent parfois. Nous prions pour qu'il nous revienne", a déclaré son oncle, Manoj Mukherjee, à l'AFP.
Le Boeing 777-200 transportait 239 personnes, dont deux enfants en bas âge. Outre les 153 Chinois et quatre Français (dont trois élèves du Lycée français international de Pékin), se trouvaient à bord 38 Malaisiens, sept Indonésiens, six Australiens, trois Américains et deux Canadiens, mais également des Russes et des Ukrainiens.
Si l'avion s'est abîmé en mer, il pourrait s'agir de la catastrophe aérienne la plus meurtrière d'un avion de ligne depuis 2001, date de l'accident d'un Airbus A300 d'American Airlines qui avait fait 265 morts aux Etats-Unis.

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