vendredi 6 septembre 2013

Politique monétaire 3 Le chômage américain baisse


Politique monétaire

Le chômage américain baisse, mais pas assez pour que la Fed resserre sa politique

Marina Torre | 06/09/2013, 13:56 - 601 mots
Aux Etats-Unis, le taux de chômage a baissé de 0,1 point à 7,3% en août, quelque 169.000 emplois ont été créés. Un niveau inférieur aux attentes qui risque d'impacter les décisions de la Réserve fédérale américaine...
Le chômage a baissé de 0,1 point au moins d'août aux Etats-Unis, atteignant 7,3% de la population active, selon le Bureau américain du Travail, Ce niveau se révèle légèrement inférieur aux attentes - une majorité d'investisseurs tablaient sur la création de 180.000 emplois dans le secteur non-agricole contre 162.000 en juillet -, ce qui pourrait soulager les marchés financiers. En effet, selon eux une plus forte baisse du chômage aurait incité la Fed à revoir sa politique de rachats d'actifs dès de sa prochaine réunion les 17 et 18 septembre. Il faudra sans doute prendre en compte d'autres indicateurs. Explications.
Des changements déjà pris en compte par les marchés
Nombre d'analystes prévoient en effet qu'une forte baisse du chômage impactera les décisions de la Réserve fédérale américaine. Dans son dernier rapport (les fameuses "minutes"), l'organisme a prévenu qu'il pourrait ralentir son programme de rachat d'obligations (quantitative easing) atteignant aujourd'hui 85 milliards de dollars par mois. Mais le marché a déjà "fini de prendre en compte cette action", note Inna Mufteeva."Il y a un effet pervers. Si le nombre de créations d'emploi est inférieur au attentes, le marché va se réjouir", expliquait l'analyste de Natixis interrogée avant la publication des chiffres.
Un indicateur à prendre en compte: le taux de participation
Plus encore que le chiffre du chômage lui-même, c'est le c'est le taux de participation (soit la population active sur la population totale) qu'il faut observer de près. Car si la population active augmente plus vite que les créations d'emploi, mécaniquement le taux de chômage augmente lui aussi. Or, ce "taux de participation connaît une baisse structurelle depuis les années 1990 qui s'est accélérée avec la crise", explique Inna Mufteeva, analyste chez Natixis. Un certain nombre de chômeurs ne trouvant pas d'emploi ont en effet cessé d'en chercher et sont donc sortis des statistiques du chômage. "Le grand enjeu c'est donc l'évolution de ce taux". Au mois d'août, le taux de participation a baissé à 63,2% contre 63,4 au mois précédent. Une situation qui pourrait conduire la Fed à retarder la révision de son programme de "quantitative easing".
Une décision dès septembre?
Cependant, sur ce dernier point, les observateurs ne partagent pas tous le même point de vue. Ainsi, une note de Natixis publiée après la diffusion de ces statistiques indique que malgré tout, ces chiffres risquent de ne pas empêcher "la Fed d'amorcer la réduction des rachats d'actifs dès septembre". Il met en avant d'autres indicateurs avancés sur la santé de l'économie américaine comme l'indice des directeurs d'achats (PMI), positif au mois d'août. "Les statistiques de l'emploi au mois d'août sont mitigées et peuvent être utilisée aussi bien pour accréditer la thèse d'une révision immédiate (...) que celle d'un report", indique de son côté Capital Economics, cité par le Wall Street Journal. Autrement dit, ces chiffres seuls ne pourraient donner suffisamment d'indications pour prévoir la décision de la Fed.
Quelles conséquences pour les pays émergents? 
 Le choix d'une révision de son programme est bien sûr lourd de conséquences. Les mouvements de la Réserve fédérale ont déjà produits des effets, alors même qu'ils ne se sont pas produits. "Le problème principal, c'est le flux de liquidités créé par le Fed qui sont partis sur les actifs risqués", notamment dans les pays émergents, indique Inna Mufteeva. Les investisseurs seraient incités à faire revenir ces actifs vers les Etats-Unis. Mais, une fois de plus les marchés ont déjà pris en compte cette éventualités. D'où la dégringolade observée depuis plusieurs semaines des monnaies indienne, indonésienne et brésilienne. Sur ces pays, l'analyste de Natixis, n'attend donc "pas forcément beaucoup de répercussions supplémentaires" des chiffres du chômage américain.
(Article créé le 06/09/2013 à 14:40, mis à jour à 15h35)

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