mercredi 20 novembre 2013

Dongfeng : les Peugeot face à un choix crucial Par Ingrid Feuerstein et Maxime Amiot

Auto - Transports

Dongfeng : les Peugeot face à un choix crucial

Le conseil de surveillance a avalisé la poursuite des négociations, malgré les réticences au sein de la famille Peugeot.
En cas de changement de contrôle, la famille Peugeot devrait perdre la présidence du conseil de surveillance, ce qui marquerait un changement historique. - AFP
En cas de changement de contrôle, la famille Peugeot devrait perdre la présidence du conseil de surveillance, ce qui marquerait un changement historique. - AFP
La famille Peugeot va-t-elle se résoudre à céder le contrôle de l’entreprise familiale à un acteur chinois ? C’est tout l’enjeu des discussions actuelles autour du sauvetage de PSA.
Sur la défensive, les membres de la famille actionnaire se sont à nouveau réunis le week-end dernier pour adopter une position commune en vue d’un conseil de surveillance qui s’est tenu lundi. Malgré de nombreuses réticences, ils ont finalement donné mandat au management pour poursuivre les négociations avec Dongfeng. Selon une source proche des négociations, la partie industrielle de l’opération est désormais bien avancée. Reste encore à caler le volet capitalistique.
La position de la famille Peugeot, qui détient 25 % du capital et 38 % des droits de vote, est loin d’être confortable. Pendant des années, les principaux actionnaires ont posé comme condition à tout rapprochement de ne pas perdre le contrôle du groupe. BMW, Mitsubishi… Plusieurs opportunités de partenariat qui se sont présentées au début de la crise n’ont pu aboutir pour cette raison.
Trop petit, trop centré sur l’Europe, PSA a pris de plein fouet la crise de la zone euro, ce qui l’oblige maintenant à chercher de l’argent frais pour maintenir son rythme d’investissement. Le chinois Dongfeng, avec qui Peugeot possède déjà trois usines communes en Chine, semble être pour l’instant l’option privilégiée. PSA peut aussi placer des titres Faurecia sur les marchés, mais cela aurait des conséquences négatives sur sa notation. Des négociations sont également en cours pour céder une participation de Banque PSA Finance à Santander et pour nouer avec cet établissement un partenariat au Brésil.

Changement historique

Les partisans du scénario Dongfeng aimeraient boucler les négociations d’ici à la fin de l’année. Selon plusieurs sources, la famille Peugeot a cependant cherché à freiner un accord, à la fois par crainte d’un transfert technologique et pour ne pas perdre le contrôle. « La famille mène en permanence une stratégie de retardement parce qu’elle entretient le rêve qu’il pourrait encore y avoir autre chose. Or il n’y a pas de bonne solution pour elle », souffle un proche des négociations.
Les réticences sont visiblement moins prononcées du côté de Robert Peugeot, au profil plus financier, que de Thierry, le président du conseil de surveillance, qui se pose en homme du devoir. D’ailleurs, les tensions seraient particulièrement vives entre Thierry Peugeot et Philippe Varin, le président du directoire, qui, lui, voit en Dongfeng la planche de salut de PSA. En cas de changement de contrôle, la famille devrait en toute logique perdre la présidence du conseil de surveillance, ce qui marquerait un changement historique.
Du côté de la famille Peugeot, on se défend de bloquer l’opération avec Dongfeng. « Il n’y a aucun freinage. Il n’est pas question de s’opposer à ce qui est nécessaire à la survie de Peugeot. Il faut simplement prendre son temps et ne pas se mettre tout cru dans les mains des Chinois », indique l’un des proches de la famille..
A ce stade, elle ne s’est pas formellement opposée puisque aucun projet d’accord capitalistique ne lui a été soumis. « Pour l’instant, personne n’abat ses cartes, ne se positionne. On verra le jour où un accord avec les Chinois sera finalisé », indique l’un des négociateurs. C’est à ce moment-là seulement que la famille devra décider ou non de souscrire à une augmentation de capital.

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