Mahen,
Justine, Sylvain, Kabkéo, Jean-Marie, Lydie, Mohammad, Elisabeth, Jean,
Sami, Elena, André... Ils exerçaient à Mulhouse, Compiègne,
Châteauroux, Montfermeil, Wassy ou Saint-Maur-des-Fossés en tant que
soignants. Le Covid-19 les a emportés alors qu'ils exerçaient leur
métier, leur mission.
En
première ligne face à la pandémie, ces soignants y ont laissé leur vie,
comme des milliers de Français. Leurs proches les racontent avec
émotion dans cette galerie de portraits consacrée à ces héros du
quotidien que nous mettrons à jour régulièrement.
Jean-Marie, le «Dr Nounours»
Nom : Jean-Marie Boeglé
Âge : 66 ans
Poste : gynécologue-obstétricien
Lieu de travail : Mulhouse (Haut-Rhin)
Date du décès : le 22 mars 2020
Dans
le livre de condoléances ouvert par ses proches, quelques mots
reviennent souvent pour décrire le Dr Jean-Marie Boeglé, décédé le 22
mars à Dijon : « humain », « généreux », « bienveillant », « rassurant
»…
« Beaucoup le surnomment Dr Nounours
», résume sa fille Pauline, 33 ans, la voix étranglée par l'émotion.
Cet afflux de messages en témoigne, le Dr Boeglé, 66 ans, était très
apprécié à Mulhouse, où, aux côtés du Dr Georges-Fabrice Blum, son ami
de 35 ans, rencontré sur les bancs de la fac de médecine, il avait fondé
la maternité de la clinique Diaconat Fonderie.
Ce
gynécologue-obstétricien était « dévoué à ses patientes », insiste le
Dr Blum, chef de service de la maternité. « Même sur ses heures de
repos, il passait des coups de fil pour suivre l'état de santé de celles
qu'il avait opérées », se rappelle sa fille. Plus que le métier en
lui-même, c'est « le lien social qu'il pouvait tisser avec ses patientes
qui l'animait », assure la trentenaire, qui a pu l'observer,
adolescente, lorsqu'elle remplaçait ses secrétaires. « Il recevait tout
le temps des cadeaux de remerciements. Du vin, des chocolats et plein
d'autres petites attentions », poursuit-elle.
Mélomane
- il était le guitariste d'un petit groupe de rock baptisé Globule - et
amateur de belles motos, Jean-Marie Boeglé était un « épicurien ». « Il
était toujours de bonne humeur et aimait jouir des plaisirs simples de
la vie », convient son fils Pierre-Yves, le jumeau de Pauline. Le comble
du bonheur ? « Une bonne bière en terrasse », selon sa fille. «
Partager un petit repas avec les gens qu'il aimait, autour d'un plat
goûteux et de bons vins », pour Pierre-Yves.
C'est
son amour des bons crus, « petits ou grands », précise son fils, mais
aussi des « vieilles pierres » et du « calme de la campagne », qui
l'avait attiré à Lusigny-sur-Ouche (Bourgogne). Là, il avait retapé une
bâtisse avec son épouse Jocelyne, en prévision de leurs vieux jours. Une
vie paisible qu'il retrouvait le week-end, tout en maintenant ses
activités en semaine à Mulhouse. C'est dans sa maison de campagne que
les premiers symptômes du Covid-19 sont apparus. « Je l'ai eu au
téléphone juste avant son intubation. Les derniers mots qu'il a
prononcés étaient : j'aime la vie, je me battrai », raconte le Dr Blum, bouleversé. Jean-Marie Boeglé s'est éteint après une semaine de coma.
Elisabeth, la «joie de vivre» au quotidien
Nom: Elisabeth Adjibodou
Âge: non communiqué
Poste: aide-soignante dans un Ephad
Lieu de travail: Mulhouse (Haut-Rhin)
Date du décès: le 7 avril 2020
Peu
importe la musique, elle aimait danser, avec ses collègues comme avec
les seniors de son établissement. Aide-soignante au sein de l'Ehpad
Korian La Filature, à Mulhouse (Haut-Rhin), Elisabeth Adjibodou est
décédée du Covid-19 le 7 avril.
Cette
quadragénaire d'origine guinéenne, mariée et mère de trois jeunes
enfants, a été frappée en quelques jours par le virus. Jointe par Le
Parisien, une infirmière évoque en quelques mots le souvenir de cette «
amie », sa « joie de vivre » et sa « bonne humeur » à toute épreuve.
Celle que l'on surnommait « Elisa », « Lisa » voire « Eli » était «
toujours là » pour rire et « remonter le moral » de ces professionnels
au contexte parfois lourd.
Au
sein de son service, qu'elle avait intégré il y a une demi-douzaine
d'années, cette figure du personnel était une « collègue exceptionnelle
», « proche de tout le monde », « dévouée pour son travail » et « très
attentionnée avec les résidents ». Ses proches ont ouvert
une cagnotte en sa mémoire pour apporter une aide financière à sa famille.
Mahen, «le serment d'une vie»
Nom : Mahen Ramloll
Âge : 70 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : Fessenheim (Haut-Rhin)
Date du décès : le 22 mars 2020
Il
était hors de question pour le Dr Mahen Ramloll d'envisager la
retraite. « Il disait qu'il travaillerait jusqu'à sa mort », souffle son
fils Christophe, 39 ans. Et de poursuivre : « Il n'était pas très
grand, mais c'était une vraie force de la nature. » Ce que son parcours
laisse entrevoir.
Issu
d'une famille mauricienne modeste, Mahen Ramloll avait quitté son île
natale peu avant ses trente ans pour venir étudier la médecine à
Strasbourg. « Sa mère était malade. Il rêvait d'obtenir son diplôme pour
la soigner », raconte Christophe. Pour suivre son cursus universitaire,
Mahen Ramloll avait pu subvenir à ses besoins grâce à l'entraide de la
communauté mauricienne, très implantée à Strasbourg. Mais surtout en
travaillant dans un supermarché, en dehors de ses heures de cours.
La
médecine était à ses yeux « la passion d'une vie ». « Pour lui, être
médecin, c'était soigner l'humain. Il était très fidèle au serment
d'Hippocrate », reconnaît Christophe. « C'était un praticien très
apprécié de ses patients, bienveillant », loue encore le Dr Taous Duss,
médecin généraliste à Fessenheim, avec qui le Dr Ramloll collaborait.
Féru
d'anatomie, le Dr Ramloll était « capable de vous dessiner un estomac
sur le coin d'une table pour vous expliquer son fonctionnement », sourit
son fils. Des talents de pédagogue salués par l'un de ses patients,
Fabrice, habitant de Rustenhart (Haut-Rhin). « On sortait [de ses
consultations] toujours rassuré, avec le sentiment d'avoir appris
quelque chose de fort utile. Nul doute, il chérissait son métier et
respectait » ses patients, salue-t-il dans un texte transmis au
Parisien.
«
Il était très combatif, toujours prêt à aider, décrit le Dr Taous Duss.
Il faisait d'ailleurs beaucoup d'astreintes. » C'est vraisemblablement
lors de l'une de ses dernières gardes - il a fait hospitaliser plusieurs
patients infectés par le coronavirus - que le Dr Ramloll a été
contaminé. Il est mort le 22 mars à Colmar.
Justine, «morte au front»
Nom : Justine Raharivelo
Âge : 48 ans
Poste : aide-soignante
Lieu de travail : Châteauroux (Indre)
Date du décès : le 9 avril 2020
La
nouvelle de la mort de Justine Raharivelo, aide-soignante de 48 ans,
survenue le 9 avril, a bouleversé le personnel du CHU de Châteauroux
(Indre), où elle exerçait. « Le personnel est sous le choc, confie un
médecin de l'hôpital
au journal La Nouvelle République. Elle est morte au front. C'est horrible… Cela signifie que personne, vraiment personne, n'est à l'abri. »
«
C'était une femme très appréciée et sa disparition est dramatique »,
ajoute, de son côté, Gil Avérous, le maire de Châteauroux.
Justine élevait, seule, quatre enfants mineurs,
selon France Bleu Indre. Pour les soutenir,
une cagnotte
a été créée par des proches. Elle rassemble déjà plusieurs milliers
d'euros. En réponse au drame, le député de l'Indre François Jolivet a
lancé un appel pour accorder un statut particulier aux enfants de
soignants décédés du virus. Il serait « semblable à celui de « Pupille
de la Nation » et pourrait permettre « une prise en charge de la
scolarité et des études, de la sécurité sociale » par l'Etat.
Kabkéo, une «personnalité harmonieuse et riche»
Nom : Kabkéo Souvanlasy
Âge : 65 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : Sevran (Seine-Saint-Denis)
Date du décès : le 17 avril 2020
En
France, au Laos mais aussi aux Etats-Unis, au Canada, en Australie ou
encore en Thaïlande, des Laotiens ont illuminé des pagodes bouddhistes
week-end dernier en mémoire du Dr Kabkéo Souvanlasy.
Ce médecin de famille, né il y a 65 ans au Laos, exerçait à Sevran depuis 1987.
Il a succombé au Covid-19,
vendredi 17 avril sur son lit du service réanimation de l'hôpital
Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois, où il avait été admis le 16 mars
dernier.
«
Il a été en première ligne et a été contaminé en examinant des patients
qui étaient atteints du Covid-19, relate le Dr Manola Souvanlasy-Abhay,
cousine par alliance du défunt qui tient un cabinet à Paris, dans le
XIIIe arrondissement. Le 93 a été un département très sévèrement touché
par le virus. Son épouse a aussi été contaminée, mais elle va mieux. »
Dans
un long texte qu'elle a écrit en guise d'hommage pour qu'il soit
diffusé sur une radio laotienne, elle dresse le portrait d'un homme qui
avait « une personnalité harmonieuse et riche ».
André, «toujours avec ce sourire aux lèvres»
Nom : André Charon
Âge : 73 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : Saint-Louis (Haut-Rhin)
Date du décès : le 3 avril 2020
Le
docteur Charon, 73 ans, était un praticien respecté et apprécié. Après
avoir durant des années tenu un cabinet rue de Mulhouse à Saint-Louis,
dans le Haut-Rhin, André, médecin généraliste, poursuivait sa carrière
en ayant aménagé son temps de travail à la Maison de santé de
Folgensbourg, où tout le monde appréciait travailler avec lui.
«
C'était quelqu'un de bien. Il était très dévoué dans son travail. Il
voulait même travailler jusqu'à 80 ans. Je le voyais toujours avec ce
sourire aux lèvres, toujours prêt à nous aider », confie au Parisien
Sophie Hanser, infirmière libérale au sein de la structure médicale. «
Il était très proche de ses patients, on en avait certains en commun,
ils sont vraiment tristes d'avoir perdu leur médecin, poursuit la
soignante. Cela fait un grand vide dans Folgensbourg. Mourir d'un virus,
c'est juste horrible. »
«
Sa passion, c'était surtout son métier », assure son épouse Anne,
jointe au téléphone. Quant à l'édile de Folgensbourg, il décrit « un
homme très à l'écoute, très apprécié, très demandé aussi ». Max Delmond,
maire du village alsacien, avait été informé il y a deux semaines que
le seul médecin généraliste du centre de santé avait été hospitalisé à
cause du Covid-19. « On n'imaginait pas que ça pouvait être si grave »,
ajoute l'élu
auprès des DNA, se souvenant qu'André Charon aurait aimé exercer comme son père, « tant qu'il était en forme ».
«
Il ne pensait pas du tout à se retirer, il ne se voyait pas se couper
de ses patients, c'était un des rares médecins à faire encore des
visites à domicile », précise son épouse. L'homme aimait « jardiner ou
jouer au golf en été, skier en hiver ». « Il a toujours été proche de la
nature. Il n'était pas du genre à être inactif à rester sur un canapé
», conclut sa veuve.
Elena, le phare de l'hôpital de Montfermeil
Nom : Elena Mamelli
Âge : 52 ans
Poste : infirmière et directrice des soins
Lieu de travail : Montfermeil (Seine-Saint-Denis)
Date du décès : le 29 mars 2020
Elle
était l'un des piliers les plus anciens, les plus solides, de l'hôpital
de Montfermeil (Seine-Saint-Denis). Elena Mamelli, 52 ans, infirmière
en poste dans cet établissement de Seine-Saint-Denis depuis 1989, et
dont elle était la directrice des soins depuis décembre, est décédée le
29 mars. Frappée de plein fouet par le Covid-19.
L'hôpital
perd « une grande dame », s'est ému, à l'annonce de son décès, Xavier
Lemoine, le maire (DVD) de la commune. « Elena Mamelli était très connue
» dans cet hôpital, « de par son ancienneté et sa personnalité »,
explique la direction, qui loue son « professionnalisme, son dévouement
pour l'hôpital public et les patients ».
En
30 ans, la soignante a gravi les échelons de cet établissement un par
un, sans jamais le quitter : infirmière, puis cadre de santé, cadre
supérieure, avant d'être nommée directrice des soins par intérim. «
C'était une personnalité très appréciée de l'hôpital, son décès a marqué
le personnel », confirme la direction de l'établissement, qui a, dans
la foulée de son décès, installé une cellule d'écoute pour les soignants
sur le site.
Sa
disparition a aussi créé une vague d'émotion, et de colère, chez les
élus locaux. A commencer par Dominique Dellac, conseillère
départementale (FG), qui s'est dite « profondément bouleversée » par la
nouvelle. Pour l'élue, ce « décès brutal et éprouvant témoigne de
l'engagement indéfectible de tous les soignants contre ce virus
épouvantable au péril de leur vie ».
Guy, ce médecin qui «ne voulait pas prendre sa retraite»
Nom : Guy Pfister
Âge : 75 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : Wassy (Haute-Marne)
Date du décès : le 15 avril 2020
Le
Dr Pfister était un médecin de campagne « comme on en voit tant »,
raconte le maire de Wassy (Haute-Marne), Christel Mathieu, encore ému au
lendemain du décès de celui qu'il considère comme un ami. Il était de
ceux qui étaient « toujours disponibles, toujours là du matin au soir.
Il se donnait beaucoup, il était formidable », se souvient le maire de
la commune de 3000 habitants.
Guy Pfister laisse derrière lui une épouse, et deux enfants, une fille, et un fils, et quatre petits-enfants.
De
Guy, Christel Mathieu retient surtout l'image d'un médecin engagé.
Médecin pompier pendant plus de 25 ans, président du club de foot local,
chasseur, Guy Pfister était très connu localement et « très apprécié »,
au-delà des limites de la commune. « Tout le bassin vient se faire
soigner à Wassy. Il a fait toute sa carrière ici », se rappelle l'édile.
«
D'ailleurs, on essaie de monter, en ce moment, un cabinet médical. Sa
construction s'est arrêtée à cause du confinement, mais il voulait être
là pour l'inauguration qui aurait dû se faire fin mars. Il avait même
mis une option, il voulait faire partie des cinq médecins du cabinet, il
ne voulait pas prendre sa retraite ! », s'étonne encore Christel
Mathieu.
«
C'est triste de le voir mourir de ça, c'est le premier cas dans la
commune. On ne sait pas encore comment il va être enterré, mais il n'y a
pas plus de cérémonies d'enterrement depuis le début du confinement »,
déplore le maire de la commune du Grand Est,
une région particulièrement touchée par la pandémie.
Sami «et son état d'esprit toujours positif»
Nom : Sami Reda
Âge : 63 ans
Poste : médecin
Lieu de travail : L'Isle-Adam-Parmain (Val-d'Oise)
Date du décès : le 26 mars 2020
Un
médecin « dévoué, proche de ses patients », un « type extraordinaire »,
un « ange »… C'est en ces termes que ceux qui l'ont connu
parlent de Sami Reda.
Originaire de Cana, au Sud Liban, le médecin de 63 ans avait été admis
en réanimation à l'hôpital René Dubos, après que les premiers symptômes
sont apparus. Sami Abdelreda, son nom complet, était arrivé en France en
1986, en provenance du Sénégal où il avait grandi et commencé ses
études de médecine.
Sami
Reda était un homme de terrain, « proche de ses patients et de ses
équipes. Son avis fut précieux à l'occasion des réunions de crise
Covid-19 de l'établissement », peut-on lire sur le site de l'hôpital
gériatrique de L'Isle-Adam-Parmain, en réaction à la disparition
tragique de leur collègue. Ses amis de l'hôpital, ainsi que l'ensemble
du personnel, sont particulièrement affectés par son décès : « Son
sourire, son dévouement, sa gentillesse et son état d'esprit toujours
positif manqueront à tous. »
Cet
habitant de Cergy, père de quatre enfants, était également le médecin
de l'équipe première de hockey sur glace des Jokers de Cergy-Pontoise.
Sa disparition suscite l'émotion parmi les licenciés. « C'est injuste,
lâche Christophe Cuzin, manager des Jokers. Nous sommes meurtris, c'est
arrivé brutalement. Sami était notre médecin bénévole depuis quatre ans.
Il était présent à tous nos matchs. Malheureusement, on ne pourra pas
se rendre aux obsèques, mais lorsqu'on sortira du confinement, on lui
rendra hommage. On veut que sa mémoire perdure, car c'était vraiment
quelqu'un de bien. » Sami Reda est décédé à Pontoise le 26 mars.
Sylvain, «plus qu'un médecin»
Nom : Sylvain Welling
Âge : 60 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : L'Hôpital (Moselle)
Date du décès : le 22 mars 2020
Il
est de ces médecins de campagne qui ne comptent pas leurs heures.
Quelques jours avant que son état ne s'aggrave, le Dr Sylvain Welling
était encore auprès de ses patients de L'Hôpital, une commune de
Moselle, à la frontière avec l'Allemagne. Hospitalisé en réanimation, le
médecin généraliste, originaire d'une famille de mineurs de charbon de
l'est mosellan, est
décédé le 22 mars à l'âge de 60 ans.
L'épidémie
de coronavirus n'a donc pas entamé l'engagement du praticien auprès de
sa patientèle. Ce que confirme Christian, 48 ans, qui fréquentait le
cabinet du médecin depuis 1996, et n'a pas hésité, comme des dizaines
d'autres patients, à lui rendre hommage sur les réseaux sociaux. « Vous
ne pouvez pas imaginer quel bonhomme c'était, il était plus qu'un
médecin », salue le chauffeur de poids lourds, encore abasourdi par la
terrible nouvelle. « Il prenait toujours quelques minutes en fin de
consultation pour papoter. Il était toujours disponible, arrivait
toujours à me recevoir entre deux patients pour une urgence », se
rappelle Christian.
«
C'était l'exemple parfait du médecin de famille, nous confie Jean
Schuler, praticien à la retraite de 73 ans, avec lequel il a collaboré
pendant une petite quinzaine d'années. Tôt le matin ou tard le soir, il
était toujours disponible. »
Depuis
le décès soudain de son épouse Marie-Odile (52 ans) en février 2015, à
la suite d'une rupture d'anévrisme aux sports d'hiver, le sexagénaire
n'avait plus que son métier et sa fille Solène, étudiante en
ostéopathie, auxquels se raccrocher. « Il en faisait sans doute encore
plus qu'avant », souffle son ex-collègue. Après le confinement, prévoit
Christian, « nous, ses patients, nous allons essayer de lui rendre
hommage à L'Hôpital et sûrement à Saint-Avold où il habitait. Il mérite
au moins ça ! »
Jean, «un homme admirable»
Nom : Jean Pouaha
Âge : 58 ans
Poste : dermatologue
Lieu de travail : Thionville et Metz (Moselle)
Date du décès : le 30 mars 2020
Ce
brillant dermatologue est né en 1961 à Bana, au Cameroun. Jean Pouaha,
qui travaillait sur les sites de Thionville et Metz du CHR et souffrait
de lourdes pathologies, est décédé en réanimation à l'hôpital Schuman de
Metz. Sur les réseaux sociaux, sa secrétaire a témoigné de sa détresse :
« Cela faisait quatre ans que j'étais la secrétaire de Dr Pouaha. Je
travaillais avec lui pratiquement tous les jours. Il me manque beaucoup.
C'est une grande perte. Je pense beaucoup à son épouse et à ses filles.
Rien ne sera plus jamais comme avant dans le service », a commenté la
jeune femme en évoquant celui qui est mort le 30 mars à Metz.
L'une
de ses patientes, Denise, témoignait aussi du vide qu'il allait
laisser. « C'était mon médecin depuis de nombreuses années, un homme
admirable et toujours à l'écoute. Il va beaucoup me manquer », raconte
la Messine. Un sentiment unanimement partagé par ceux qui le
connaissaient. « C'est une grande perte pour la dermatologie, grande
perte pour la médecine et les CHR de Metz et Thionville, grande perte
pour ses patients, une grande perte pour l'humanisme qu'il représentait
», commente un ami sur Facebook.
Ce
professeur était aussi « un allié indéfectible dans la lutte contre le
VIH », et avait travaillé avec l'association AIDES à Metz, qui lui a
rendu un vibrant hommage.
Olivier, celui qui «se déplaçait la nuit pour les plus fragiles»
Nom : Olivier Schneller
Âge : 68 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : Couthenans (Haute-Saône)
Date du décès : le 23 mars 2020
La
retraite oui, mais pas pour tout de suite ! Alors le Dr Olivier
Schneller, 68 ans, a poursuivi sa vocation de médecin de campagne à
temps partiel. Ses quatre fils nous ont raconté leur père, scout
protestant, investi par la foi chrétienne, féru de randonnée, fier de
ses 11 petits-enfants. Olivier Schneller devait fêter en ce début avril
ses 40 ans de mariage. Mais le 23 mars dernier, l'épidémie de Covid-19
l'a emporté comme tant d'autres Français.
Le
médecin de campagne était installé à Couthenans, dans l'est de la
Haute-Saône, depuis le début des années 80. « Il était à l'écoute de ses
patients, réalisait de nombreuses visites à domicile et n'hésitait pas à
se déplacer la nuit pour les personnes les plus fragiles », se
rappellent Alain, Luc, Gilles et Denis, à qui Olivier Schneller arrivait
toujours à consacrer du temps lors de leur enfance, son cabinet étant
installé à côté de leur maison.
Président
de la Formation médicale continue (FMC) locale, engagé auprès des
sapeurs-pompiers qui l'ont élevé lieutenant-colonel au moment de sa
retraite l'an dernier, le Dr Schneller semblait avoir la main toujours
prête à être tendue vers l'autre. Même dans les moments familiaux, sur
la route des Alpes-du-Sud, où il aimait randonner et bivouaquer ses
fils. « Je me souviens que quand j'étais petit, lorsqu'on partait en
vacances, dès qu'il voyait un accident de la route, il s'arrêtait pour
aider les pompiers et il nous rejoignait plus tard sur notre lieu de
vacances », raconte Denis, son plus jeune enfant.
Tous
mariés, ses quatre fils sont dispersés entre la région parisienne,
l'Alsace, la Suisse et le Massif central. Mais Olivier Schneller est
resté leur médecin référent, refusant de laisser la santé des siens
entre les mains d'autres. Un chef de clan dévoué qui « bricolait avec
ses petits-enfants des jouets en bois, leur organisait des chasses aux
trésors et montait des cabanes dans sa maison et son jardin. Pour les
plus grands, il avait déjà cousu des cerfs-volants. »
Une
générosité qu'il partageait également avec les scouts protestants,
mouvement qu'il a connu dès son plus jeune âge et n'a jamais quitté.
Prédicateur le dimanche dans l'église évangélique d'Héricourt, une
commune voisine de Couthenans, il était membre des Éclaireurs
évangéliques de France et participait notamment à formation des jeunes
et des chefs scouts.
À
l'été 2018 encore, le médecin de campagne, surnommé Castor par ses amis
scouts, avait supervisé l'infirmerie générale d'un camp réunissant 600
jeunes. « Il est devenu tout naturellement Papi Castor pour ses petits
enfants dans le cadre familial », écrivent ses fils. Le Dr Schneller a
continué à recevoir des patients jusqu'à début mars, lorsqu'il a été
hospitalisé dans un état critique.
L'infirmière de Saint-Maur «va manquer à tous»
Nom : non communiqué
Âge : 51 ans
Poste : infirmière
Lieu de travail : Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne)
Date du décès : le 23 mars 2020
Elle
avait 51 ans et travaillait dans un Ehpad, à Saint-Maur-des-Fossés
(Val-de-Marne). Cette infirmière est décédée à son domicile dans la nuit
du 3 au 4 avril. « C'était une personne formidable, elle va nous
manquer à tous », déplore une collègue de l'établissement.
Mère
de deux enfants âgés de 19 et 20 ans, elle était salariée de La
Résidence Sévigné depuis un an et y avait également effectué des
vacations.
«
Cette soignante présentait des symptômes évocateurs du Covid-19 et
avait été testée, la semaine dernière, à la demande de l'établissement.
Même si le test s'était avéré négatif, elle était, par précaution, en
arrêt maladie depuis plusieurs jours et suivie par son médecin de
famille », a expliqué le groupe LNA Santé, propriétaire de La Résidence
Sévigné. Une cellule psychologique a été mise en place dans
l'établissement.
Jean-Jacques, un retraité qui «continuait à aider ses confrères surchargés»
Nom : Jean-Jacques Razafindranazy
Âge : 67 ans
Poste : médecin urgentiste
Lieu de travail : Compiègne (Oise)
Date du décès : le 21 mars 2020
À
la retraite depuis un an, ce médecin urgentiste de 67 ans n'avait pas
hésité à reprendre son stéthoscope au moment de l'arrivée du coronavirus
dans l'Oise. Jean-Jacques Razafindranazy est le premier médecin
français à avoir succombé à l'épidémie, le 21 mars « Mon père s'est
sacrifié, nous avait confié son fils. Il était à la retraite et aurait
pu arrêter, mais il continuait à aider ses confrères surchargés. […] On
avait besoin de lui, alors il est venu, en prenant des précautions. Son
devoir a pris le dessus. Il travaillait parce qu'il aimait ça. C'était
sa vie. On est très fiers de lui. »
Spécialiste
de la chirurgie viscérale, père de trois enfants et de six
petits-enfants, l'urgentiste de Compiègne a ressenti les premiers
symptômes de la maladie fin février, au retour d'un séjour à Madagascar,
dont il est originaire. « Il est revenu en pleine forme, mais le
Covid-19 était plus fort, raconte sa famille. Il est rentré d'une garde
extrêmement fatigué et il est très vite tombé malade. Il ne mangeait
plus, n'avait plus de goût, alors que c'était un bon vivant. Malgré
tout, se sachant malade, notre père a voulu retourner travailler.
C'était la garde de trop. Il a vite été mis de côté par ses collègues et
a été testé positif. » « Son état s'est brusquement dégradé »,
déplorait un urgentiste bouleversé qui l'a côtoyé à plusieurs reprises.
«
C'était un homme très gentil et très professionnel », témoigne un
ambulancier de Compiègne. « Une personne d'un dévouement et d'une
patience infinis », selon une soignante. « Ses collègues sont abattus,
souffle un urgentiste de l'Oise. On n'a pas demandé à mourir, même si on
assume nos responsabilités. »
«
Il est revenu travailler, c'était l'engagement de sa vie qui signifie
beaucoup de choses pour les soignants que nous sommes », confie encore
l'urgentiste Patrick Pelloux. Le maire de Compiègne a, lui aussi, rendu
un hommage appuyé au praticien : « Il est venu volontairement pour
soigner, savait qu'il prenait un risque et a donné sa vie pour un autre.
C'est le premier de ces combattants du corps médical à disparaître. » «
J'ai été soignée par ce docteur et cela me touche énormément, raconte
Jessica, une Compiégnoise. C'était un très bon médecin. J'espère qu'une
rue, une plaque ou autre sera mise à son nom pour lui rendre hommage. Il
est mort pour la France. »
Mohammad «a voué sa vie à soigner les gens»
Nom : Mohammad Hassen Hossenbux
Âge : 68 ans
Poste : médecin généraliste
Lieu de travail : Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
Date du décès : le 14 avril 2020
Il avait 68 ans. Mohammad Hassen Hossenbux
est mort le 14 avril dernier, des suites du Covid-19
à l'hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine). Le docteur généraliste,
établi à Saint-Denis depuis environ trente ans, travaillait sans compter
ses heures. « Il était très dévoué, il a aidé beaucoup de monde »,
glisse son ami de toujours, Iqbaal Jhurry. « Sa porte était toujours
ouverte. Je pense que c'était un très bon médecin, au diagnostic très
sûr », soutient aussi une riveraine.
La communauté pakistanaise, en particulier, se pressait chez ce médecin, le seul
de Saint-Denis à
parler ourdou — une langue dont il avait appris les rudiments à
l'école, à l'île Maurice dont il était originaire. Au tout début de
l'épidémie, son fils et sa fille s'étaient inquiétés de voir leur père
ainsi exposé : « On lui avait dit d'aller chercher des masques à la
pharmacie. Il a bien essayé, mais on était en pleine pénurie, nous
racontent-ils. Il était un peu remonté d'être obligé d'aller travailler
sans matériel de protection. Mais il a voué sa vie à soigner les gens,
alors il y est allé quand même… »
Le
médecin est tombé malade très vite. Selon sa famille, il avait dû
cesser de travailler avant même le début du confinement, le 17 mars
dernier. « Il est passé une première fois aux urgences, en est sorti
parce que son état ne semblait pas trop grave. Et puis il est retourné à
l'hôpital. Il y a passé deux semaines et il est décédé. »
Jérôme, l'âme humanitaire
Nom: Jérôme Valette
Âge: 65 ans
Poste: médecin généraliste
Lieu de travail: La Tour-d'Auvergne (Puy-de-Dôme)
Date du décès: le 22 avril 2020
À
65 ans, le docteur Jérôme Valette commençait doucement à évoquer sa
retraite « à l'horizon de ses 70 ans », se repasse Yannick Tournadre,
infirmier de la commune de La Tour-d'Auvergne, dans le Puy-de-Dôme.
C'est là qu'officiait jusqu'à la fin du mois de mars ce généraliste,
décédé du Covid-19 le 22 avril au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
« Il exerçait sa mission de médecin de campagne avec dévouement et
discrétion », rapporte le soignant. Marié et père de deux enfants de 20
et 25 ans, Jérôme Valette était l'unique médecin de cette commune de 650
âmes, nichée dans le massif de Sancy. «Il avait son fan-club de petites
mamies qui ont toutes au dessus de 80 ans », s'amuse son épouse,
Nesrine Valette, la voix teintée d'émotion. «C'était quelqu'un de très
intelligent, de cultivé, même s'il était un peu coléreux, nous
confie-elle aussi. Il adorait la vie et les animaux. Nous étions
installés en Auvergne un peu par hasard en 2003, car il voulait se poser
et voir ses enfants grandir. »
«
Sa bonhomie et son sourire ne pouvaient pas cacher son goût pour la
gastronomie, les plaisirs de la table et les échanges conviviaux autour
d'une bonne cuvée, souligne aussi la maire de la commune,
Marie-Madeleine Fereyrolles, ancienne pharmacienne qui a bien connu le
généraliste. Il aimait les gens du pays et il savait s'adapter à toutes
les situations. »
Le
sexagénaire, né en Côte d'Ivoire, a longtemps travaillé dans
l'humanitaire, en quadrillant le monde avec sa femme, avant d'opter pour
la quiétude de ce petit village vallonné. « Il a connu beaucoup
d'épidémies, de crises sanitaires », insiste Yannick Tournadre. C'est
pourtant en France que Jérôme Valette a rendu les armes, face à
l'arrivée inattendue de ce virus à La Tour-d'Auvergne. « Il a laissé sa
peau au front. Il était en première ligne et a été touché par les
premières balles », s'attriste l'infirmier. Le médecin est tombé malade
fin mars et son état s'était aggravé le 6 avril. «On a pu le voir hier,
après son décès, c'était très touchant de la part des soignants de nous
le permettre », salue son épouse.
Philippe, «dévoué comme pas possible»
Nom: Philippe Lerche
Âge: 64 ans
Poste: médecin généraliste
Lieu de travail: Villers-Outréaux (Nord)
Date du décès: le 19 avril 2020
«
Il se sera battu avec compétence et humanité. C'était quelqu'un de très
estimé de ses patients, dévoué comme pas possible. » Jean-Paul
Cailliez, maire de la commune de Villers-Outreaux (Nord), où officiait
depuis 30 ans le docteur Philippe Lerche, est très ému par la
disparition de ce généraliste de 64 ans. Cet homme, père de deux enfants
et grand-père de deux petits-enfants, qui ne « laissait jamais tomber
ses malades », s'est éteint le 19 avril au CHU de Lille, succombant au
Covid-19, après une longue période en réanimation. « Beaucoup
d'habitants auraient aimé participer à ses obsèques, ce décès nous
touche beaucoup », glisse aussi le maire de la Villers-Outreaux.
Son épouse, Lidia Lerche, évoque
auprès de La voix du Nord
un homme « au caractère entier », qui « ne cachait jamais ses pensées
». « Il fallait le prendre tel qu'il était, mais c'était une personne
très bienveillante envers ses patients, qui n'hésitait jamais à leur
donner beaucoup de son temps », dépeint-elle aussi. Son mari devait
intégrer, à la fin de l'épidémie, une maison de Santé, inaugurée en 2019
dans cette ville de 2000 habitants.
Depuis
l'annonce de son décès, ses patients multiplient les hommages sur les
réseaux sociaux, évoquant un homme « formidable, toujours à l'écoute », «
simple et apprécié de tous », « au grand coeur et à la gentillesse
innée », qui « avait toujours un mot gentil, un sourire, une blague ». «
C'était un confident, un ami, un psychologue… Un membre à part entière
de la famille. Il m'a vu naître, vu naître mon fils. Jamais je
n'oublierai ce grand homme », écrit aussi, très affectée, une habitante.
Eric, l'urgentiste en lutte pour l'hôpital public
Nom : Eric Loupiac
Âge : 60 ans
Poste : médecin urgentiste
Lieu de travail : Lons-le-Saunier (Jura)
Date du décès : le 23 avril 2020
Sa
bonne humeur et ses coups de gueules répétés afin d'obtenir plus de
moyens pour l'hôpital public manqueront à ses proches et à ses
collègues. Eric Loupiac, délégué de l'Association des médecins
urgentistes de France (Amuf) dans le Jura, est décédé à Marseille jeudi
23 avril. Ce père de famille de trois enfants avait 60 ans.
Symptomatique dès le milieu du mois de mars, il a probablement été
contaminé lors d'une garde aux urgences de Lons-le-Saunier, où il
vivait, selon
France 3.
Le
président de l'Amuf, Patrick Pelloux, a salué sur Twitter « un homme
merveilleux, un grand médecin ». « Il avait de grandes valeurs,
notamment d'altruisme et de solidarité, et les défendait très fortement
», renchérit auprès du Parisien le Dr Christophe Prudhomme,
porte-parole de l'association. Lui aussi a connu son « ami » Eric il y a
plusieurs années, d'abord à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
Eric
Loupiac avait rejoint l'hôpital de Lons-le-Saunier en 2008, après un
passage au sein du service de santé des armées. Fin 2018, il s'était
notamment mobilisé pour défendre le maintien d'une deuxième unité des
urgences dans sa ville. « La fermeture de ce Smur va entraîner au
minimum 40 morts par an. Pour 1 million d'euro, ça veut dire le
ministère et l'agence régionale de santé estiment le coût d'une vie
humaine à 25 000 euros », s'était-il emporté lors d'une marche blanche.
«
C'était quelqu'un de gentil, de serviable, un très grand professionnel
et un fervent défenseur du service public mais il a été sacrifié par ce
service public. C'est un drame terrible. Il a été envoyé au front avec
un simple masque comme protection », a témoigné auprès de France 3, ému,
Rachid Hiébous, le secrétaire du Comité d'hygiène et de sécurité de
l'hôpital de Lons-le-Saunier et secrétaire du syndicat CGT Jura.
Eric
Loupiac avait, très vite, décidé de rejoindre Marseille pour se faire
soigner par les équipes du Pr Didier Raoult. Hospitalisé à la Timone le
23 mars, il avait ensuite dû entrer en réanimation à cause de
l'aggravation de son état de santé. Son épouse compte déposer plainte
pour dénoncer le manque de protection des soignants face au Covid-19.
Christophe Prudhomme le promet : « On va continuer à se battre pour ce
qu'il défendait. »
Lydie, le sourire pour tous
Nom : Lydie Difoukidi
Âge : 51 ans
Poste : aide-soignante
Lieu de travail : Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne)
Date du décès : le 19 avril 2020
Solaire. C'est le premier mot qui vient à l'une des collègues de
Lydie Difoukidi, décédée le 19 avril des suites du coronavirus,
au moment d'évoquer sa personnalité. A 51 ans, cette aide-soignante de
l'Ehpad La Ferme du Marais, à Le-Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne), était
toujours chaleureuse, d'humeur égale, caractérisée par sa gentillesse et
sa simplicité.
«
C'était vraiment une belle personne, confie une collègue d'un autre
service. Je me rappelle l'avoir accompagnée auprès d'un résident réputé
très difficile, exigeant, qui faisait peur à beaucoup d'infirmières.
J'avais découvert un autre homme. Ils étaient presque comme deux amis
devant moi. Ça, c'était le savoir-être et le savoir-faire de Lydie. »
La
grand-mère de trois petits-enfants avait rejoint l'établissement en
juin 2015. « Son sourire manquera incontestablement aux résidents et à
toute l'équipe », souligne sa direction. Majoritairement privé de
cérémonie en raison du confinement, l'entourage de cette femme très
croyante a organisé une cagnotte mais aussi une chaîne de prières. Pour
que chaque jour, un de ses amis lui réserve un moment pour sourire avec
elle.