Airbus a racheté une banque allemande qui servira de base à sa banque de groupe. Décryptage.
Airbus Group, futur concurrent des BNP Paribas, Société Générale et
autres Deutsche Bank ? L’ex-EADS aura en tout cas très bientôt sa propre
banque. Airbus Group a annoncé ce vendredi 14 février l’acquisition
de la Salzburg München Bank, une petite banque basée à Munich, qui sera
renommé Airbus Group Bank et mise au service du financement des
activités du groupe. Le projet d’une banque interne avait été évoqué dès
juin 2012 par le groupe. Sous réserve de l’approbation des autorités de
la concurrence et de régulation, Airbus Group touche au but.
"L’acquisition de la Salzburg München Bank nous offre une base de
lancement solide pour notre projet de banque de groupe, indique Harald
Wilhelm, le directeur financier d’Airbus Group. A l’avenir, l’ensemble
du groupe bénéficiera ainsi d’une plus grande flexibilité financière".
Airbus douterait-il de la capacité des banques à financer les appareils commandés par ses clients ? A priori, ce n’est pas la raison première de l’opération annoncée ce matin. Le secteur aéronautique n’a, à l’heure actuelle, pas de problème de financement : le retrait partiel des banques européennes a été largement compensé par la montée en puissance des acteurs chinois, dont la part de marché a grimpé de 11% à 23% de 2012 à 2014.
Dans son dernier rapport sur le financement aéronautique, Boeing prévoit que les outils traditionnels suffiront largement à trouver les 112 milliards de dollars de besoins de financement en 2014 : les commandes seront financées à 25% en cash, 24% par le recours aux marchés financiers, 24% par des prêts bancaires, 18% par les agences de crédit export type Coface ou ExIm Bank, et 9% par les loueurs. "Notre métier n’est pas de financer les commandes, même si nous pouvons donner des coups de main", confirme-t-on en interne chez Airbus Group.
La principale raison de l’opération est ailleurs. En ayant sa propre banque en interne, Airbus Group peut mettre à l’abri ses 8,3 milliards d’euros de cash. Le groupe peut déposer ses liquidités directement auprès de la BCE, sans passer par les banques traditionnelles, exposées aux aléas de la crise de la zone euro. "De plus, une licence bancaire permettrait à Airbus Group de piocher directement dans les liquidités de la BCE", explique Christophe Ménard, analyste chez Kepler Cheuvreux. Avantage : le groupe bénéficiera des taux d’intérêt accordés aux banques, bien plus bas que ceux facturés par ces dernières aux industriels.
La banque interne du groupe devrait permettre de financer les projets d’acquisitions et de développement du groupe, dans un contexte où Airbus devra probablement moins compter sur les avances remboursables accordées par les Etats. L'Allemagne freinant des quatre fers pour débloquer une enveloppe de 600 millions d’euros pour l’A350, Airbus Group a décidé d’arrêter les discussions ces dernières semaines, comme l’a confirmé le patron d’Airbus Fabrice Brégier au salon aéronautique de Singapour.
Plus que de la défiance vis-à-vis des banques, l’opération semble donc plutôt relever du "coup" opportuniste : si Airbus Group ne dévoile pas les détails financiers de l’acquisition, le rachat de cette petite banque de 350 millions d’euros d’actifs et cinquante salariés ne va pas plomber les comptes du groupe, tout en lui offrant des outils financiers supplémentaires. Reste à voir le rôle exact qu’Airbus Group va donner à sa banque, et notamment ce que le groupe compte faire des 80 milliards de dollars de couvertures de changes.
Airbus douterait-il de la capacité des banques à financer les appareils commandés par ses clients ? A priori, ce n’est pas la raison première de l’opération annoncée ce matin. Le secteur aéronautique n’a, à l’heure actuelle, pas de problème de financement : le retrait partiel des banques européennes a été largement compensé par la montée en puissance des acteurs chinois, dont la part de marché a grimpé de 11% à 23% de 2012 à 2014.
Dans son dernier rapport sur le financement aéronautique, Boeing prévoit que les outils traditionnels suffiront largement à trouver les 112 milliards de dollars de besoins de financement en 2014 : les commandes seront financées à 25% en cash, 24% par le recours aux marchés financiers, 24% par des prêts bancaires, 18% par les agences de crédit export type Coface ou ExIm Bank, et 9% par les loueurs. "Notre métier n’est pas de financer les commandes, même si nous pouvons donner des coups de main", confirme-t-on en interne chez Airbus Group.
Pas de Livret Airbus prévu
L’idée n’est pas non plus de faire appel à l’épargne des ménages, comme les banques des constructeurs automobiles (RCI Banque pour Renault, PSA Finance pour Peugeot-Citroën), qui financent ainsi leurs activités de crédits et leur réseau de concessionnaires.La principale raison de l’opération est ailleurs. En ayant sa propre banque en interne, Airbus Group peut mettre à l’abri ses 8,3 milliards d’euros de cash. Le groupe peut déposer ses liquidités directement auprès de la BCE, sans passer par les banques traditionnelles, exposées aux aléas de la crise de la zone euro. "De plus, une licence bancaire permettrait à Airbus Group de piocher directement dans les liquidités de la BCE", explique Christophe Ménard, analyste chez Kepler Cheuvreux. Avantage : le groupe bénéficiera des taux d’intérêt accordés aux banques, bien plus bas que ceux facturés par ces dernières aux industriels.
La banque interne du groupe devrait permettre de financer les projets d’acquisitions et de développement du groupe, dans un contexte où Airbus devra probablement moins compter sur les avances remboursables accordées par les Etats. L'Allemagne freinant des quatre fers pour débloquer une enveloppe de 600 millions d’euros pour l’A350, Airbus Group a décidé d’arrêter les discussions ces dernières semaines, comme l’a confirmé le patron d’Airbus Fabrice Brégier au salon aéronautique de Singapour.
Plus que de la défiance vis-à-vis des banques, l’opération semble donc plutôt relever du "coup" opportuniste : si Airbus Group ne dévoile pas les détails financiers de l’acquisition, le rachat de cette petite banque de 350 millions d’euros d’actifs et cinquante salariés ne va pas plomber les comptes du groupe, tout en lui offrant des outils financiers supplémentaires. Reste à voir le rôle exact qu’Airbus Group va donner à sa banque, et notamment ce que le groupe compte faire des 80 milliards de dollars de couvertures de changes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire