Paris - Le bruit "d'enfer" de l'artillerie Viêt-minh, les noms de
"ses" blessés, la "solidarité et le courage" des soldats: Geneviève de
Galard, 89 ans, l'infirmière de Diên Biên Phù, n'a rien oublié.
Seule femme présente lors de la chute du camp retranché le 7
mai 1954, cette dame mince et élégante aux yeux bleus déroule ses
souvenirs dans son appartement parisien.
Infirmière diplômée, Geneviève de Galard a 28 ans lorsqu'elle signe en mai 1953 un contrat de convoyeuse de l'air et se porte volontaire pour l'Indochine.
Dès janvier 1954, elle accompagne dans les Dakota C47 médicalisés les malades et les blessés depuis Diên Biên Phù. A partir du 13 mars et les bombardements Viêt-minh de la piste d'aviation du camp, les évacuations sanitaires deviennent très difficiles.
"Les blessés s'entassaient dans l'antenne médicale, prévue pour traiter 55 blessés et l'on ne savait plus où les installer", raconte Geneviève de Galard.
Le 28 mars, son avion se pose acrobatiquement à Diên Biên Phù mais ne redécollera jamais. Elle passe sa première nuit sur un brancard.
Elle se porte volontaire pour servir comme infirmière. Geneviève de Galard soigne alors parachutistes coloniaux et légionnaires à la lumière de lampes de poche, refait des pansements, administre des piqûres au Phénergan, réconforte les blessés.
- "Mes chers blessés" -
"Dans l'antenne médicale, le bruit des bombardements était infernal et, lors de l'accalmie du matin on savait que d'autres brancards allaient nous arriver", raconte-t-elle.
"Quand tout cela sera fini, Geneviève, je vous emmènerai danser", lui dit Haas Hantz, un jeune légionnaire allemand, amputé des deux bras et d'une jambe et qui survivra.
"J'ai accompagné jusqu'à ses tout derniers moments le sous-lieutenant Robert Chevallier", se souvient Geneviève de Galard qui voit encore ou correspond régulièrement avec les familles de "ses chers blessés".
Le 29 avril, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur et reçoit la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs des mains du commandant du camp Christian de Castries qui a reçu ses deux étoiles de général dans un parachutage.
Le 30 avril, pendant la célébration de Camerone, fête de la Légion étrangère, elle est nommée légionnaire de 1ère classe honoraire. Cinquante ans plus tard, elle aura l'insigne honneur d'être la première femme à remonter la "Voie sacrée" à Aubagne (Bouches-du-Rhône).
A la chute du camp retranché, le 7 mai 1954, le Viêt-minh autorise le personnel médical français présent, dont Geneviève de Galard, à continuer à soigner les 800 blessés, sous la surveillance des soldats du Viêt-minh, en attendant leur libération et leur évacuation.
- "Nos yeux bleus" -
Elle demande à rester jusqu'à l'évacuation des derniers blessés mais sera finalement poussée dans un avion pour quitter Diên Biên Phù. "Qu'est-ce que nous allons devenir sans nos yeux bleus'", lui dit Julot Vandamme, un des derniers blessés qu'elle laisse derrière elle.
Le 1er juin 1954, Geneviève de Galard arrive à Orly où elle se retrouve brusquement confrontée à une immense popularité "que je n'avais jamais ni voulue ni recherchée alors que je n'avais fait que mon devoir".
"Pour ne pas nuire à mes camarades restés prisonniers, ajoute-t-elle, je décide d'éviter au maximum les interviews et je m'efforce de répondre aux nombreuses lettres de parents de mes blessés".
Elle fait la Une de Paris-Match le 8 juin avec la couverture "La France accueille l'héroïne de Diên Biên Phù". Elle apprend que des journalistes américains ont proposé des milliers de dollars pour l'exclusivité de son séjour à Diên Biên Phù.
Invitée par le Congrès américain - "la première invitation de ce genre depuis Lafayette", glisse son époux - elle est accueillie comme un chef d'Etat à partir du 26 juillet 1954. Elle est décorée à la Maison Blanche par le président Eisenhower de la Médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un étranger.
Surnommée "L'ange de Diên Biên Phù" par la presse américaine, elle parcourt le pays pendant trois semaines et descendra Broadway sous les confettis devant des milliers de New-Yorkais lors d'une mémorable "ticker-tape parade". J'ai alors eu l'impression d'être tout à la fois actrice et spectatrice".
Geneviève de Galard a été élevée à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur en janvier 2011.
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Infirmière diplômée, Geneviève de Galard a 28 ans lorsqu'elle signe en mai 1953 un contrat de convoyeuse de l'air et se porte volontaire pour l'Indochine.
Dès janvier 1954, elle accompagne dans les Dakota C47 médicalisés les malades et les blessés depuis Diên Biên Phù. A partir du 13 mars et les bombardements Viêt-minh de la piste d'aviation du camp, les évacuations sanitaires deviennent très difficiles.
"Les blessés s'entassaient dans l'antenne médicale, prévue pour traiter 55 blessés et l'on ne savait plus où les installer", raconte Geneviève de Galard.
Le 28 mars, son avion se pose acrobatiquement à Diên Biên Phù mais ne redécollera jamais. Elle passe sa première nuit sur un brancard.
Elle se porte volontaire pour servir comme infirmière. Geneviève de Galard soigne alors parachutistes coloniaux et légionnaires à la lumière de lampes de poche, refait des pansements, administre des piqûres au Phénergan, réconforte les blessés.
- "Mes chers blessés" -
"Dans l'antenne médicale, le bruit des bombardements était infernal et, lors de l'accalmie du matin on savait que d'autres brancards allaient nous arriver", raconte-t-elle.
"Quand tout cela sera fini, Geneviève, je vous emmènerai danser", lui dit Haas Hantz, un jeune légionnaire allemand, amputé des deux bras et d'une jambe et qui survivra.
"J'ai accompagné jusqu'à ses tout derniers moments le sous-lieutenant Robert Chevallier", se souvient Geneviève de Galard qui voit encore ou correspond régulièrement avec les familles de "ses chers blessés".
Le 29 avril, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur et reçoit la Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs des mains du commandant du camp Christian de Castries qui a reçu ses deux étoiles de général dans un parachutage.
Le 30 avril, pendant la célébration de Camerone, fête de la Légion étrangère, elle est nommée légionnaire de 1ère classe honoraire. Cinquante ans plus tard, elle aura l'insigne honneur d'être la première femme à remonter la "Voie sacrée" à Aubagne (Bouches-du-Rhône).
A la chute du camp retranché, le 7 mai 1954, le Viêt-minh autorise le personnel médical français présent, dont Geneviève de Galard, à continuer à soigner les 800 blessés, sous la surveillance des soldats du Viêt-minh, en attendant leur libération et leur évacuation.
- "Nos yeux bleus" -
Elle demande à rester jusqu'à l'évacuation des derniers blessés mais sera finalement poussée dans un avion pour quitter Diên Biên Phù. "Qu'est-ce que nous allons devenir sans nos yeux bleus'", lui dit Julot Vandamme, un des derniers blessés qu'elle laisse derrière elle.
Le 1er juin 1954, Geneviève de Galard arrive à Orly où elle se retrouve brusquement confrontée à une immense popularité "que je n'avais jamais ni voulue ni recherchée alors que je n'avais fait que mon devoir".
"Pour ne pas nuire à mes camarades restés prisonniers, ajoute-t-elle, je décide d'éviter au maximum les interviews et je m'efforce de répondre aux nombreuses lettres de parents de mes blessés".
Elle fait la Une de Paris-Match le 8 juin avec la couverture "La France accueille l'héroïne de Diên Biên Phù". Elle apprend que des journalistes américains ont proposé des milliers de dollars pour l'exclusivité de son séjour à Diên Biên Phù.
Invitée par le Congrès américain - "la première invitation de ce genre depuis Lafayette", glisse son époux - elle est accueillie comme un chef d'Etat à partir du 26 juillet 1954. Elle est décorée à la Maison Blanche par le président Eisenhower de la Médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un étranger.
Surnommée "L'ange de Diên Biên Phù" par la presse américaine, elle parcourt le pays pendant trois semaines et descendra Broadway sous les confettis devant des milliers de New-Yorkais lors d'une mémorable "ticker-tape parade". J'ai alors eu l'impression d'être tout à la fois actrice et spectatrice".
Geneviève de Galard a été élevée à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur en janvier 2011.
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