Grands enjeux 2014
"L'euro n'est plus en danger",
s'est satisfait le président de la Commission européenne José-Manuel
Barroso lors du Conseil européen de décembre. Certes, bon an mal an, la
situation économique de la zone euro s'est améliorée en 2013. Même pour
les pays du sud qui commencent à percevoir une lueur au bout du tunnel.
Mais tout n'est pas réglé, loin s'en faut ! N'étant pas encore complètement armée face aux risques systémiques, elle pourrait à nouveau s'enflammer à la moindre étincelle. Etincelle qui pourrait provenir une fois de plus du secteur bancaire. Cas de la Grèce à part, c'est déjà de là qu'avait démarré la crise des dettes souveraines de l'Espagne et de l'Irlande notamment. Ces deux pays ayant été contraints, sous peine d'effondrement total de leurs économies, de renflouer leurs banques minées par des créances pourries et de faire exploser leurs dettes publiques.
De fait, depuis le début de la crise, les banques en convalescence n'ont plus confiance et sont réticentes à se prêter entre elles. Les faibles perspectives macroéconomiques et les exigences nouvelles en fonds propres pour prêter font le reste pour encourager une aversion au risque qui mine l'économie. Leur réticence à prêter aux entreprises favorise en effet un climat propice à la déflation qui rend vain les efforts de la Banque centrale européenne (BCE) pour y palier. En somme, la zone euro vit sous la menace permanente d'un credit crunch.
Celui de la résolution bancaire, qui doit assurer le sauvetage des banques au niveau européen en cas crise, pour que les États membres n'aient pas à le faire en est quant à lui à ses balbutiements. Rien ou presque n'a de fait encore été décidé. Ce parce que les divergences sont fortes sur qui de la Commission européenne ou de la BCE doit le gérer, et surtout sur la question de savoir qui doit le financer. Un gouffre existe en effet entre ceux qui sont favorables à un financement par les banques et ceux qui n'en veulent pas. Le dernier scénario prévoit qu'il ne sera pas pleinement opérationnel avant dix ans.
Quoiqu'il en soit, la BCE se retrouvera alors face à un dilemme. Soit elle annoncera que le système bancaire européen est suffisamment solide. Elle perdra alors en crédibilité et ne parviendra pas à ramener la confiance nécessaire à une meilleure fluidité du marché interbancaire. Soit elle révélera des failles susceptibles de provoquer la panique qu'elle cherche à tout prix à éviter.
Ces pays seraient alors forcés de recourir au mécanisme européen de stabilité (MES), insuffisant car il n'avait été conçu que pour secourir un pays comme l'Italie. La BCE serait par ailleurs obligée d'activer l'OMT, qui lui permet via les banques centrales nationales d'acheter des titres souverains sur le marché secondaire afin de détendre les taux. Mais là aussi il y a une faille. Même si un tel scénario est peu probable, la Bundesbank, opposée au bazooka de la BCE, pourrait très bien refuser de se prêter au jeu sans réclamer en échange des concessions.
Si le Portugal semble décidé à remplir toutes les conditions pour cela, ce n'est pas le cas de la Grèce dont les efforts en termes de dépense publique sont annihilés par un service de la dette colossal. Or la Troïka se refuse à de nouvelles concessions. Et Angela Merkel est farouchement opposée à une nouvelle restructuration de la dette, scénario choisi par Athènes, dont le poids serait majoritairement supporté par les MES, la banque allemande KFW et la BCE, dont la Bundesbank est l'actionnaire principal.
Une dernière solution pour la Grèce serait donc de solliciter un nouveau prêt auprès du MES qui nécessiterait l'aval du Bundestag. Un nouveau plan d'austérité pour Athènes serait alors le seul moyen de faire passer la pilule auprès des contribuables allemands. Ce qui risquerait de miner les chances de reprise déjà faibles de l'économie grecque et de fâcher définitivement l'opinion publique du pays avec l'euro.
Si cette lame de fonds venait à atteindre la surface, un ras de marée eurosceptique pourrait alors s'abattre sur le parlement européen qui tient un rôle très important dans la formation de la Commission européenne. Celle-là même qui est censée mener à bien l'intégration européenne.
Les dirigeants européens n'ont donc qu'une seule option en 2014 : réussir le crash test qu'ils se sont eux-mêmes engagés à passer.
Demain : la Chine malade de son système bancaire (2/4)
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>> Union bancaire : où en sont les discussions sur la résolution
Mais tout n'est pas réglé, loin s'en faut ! N'étant pas encore complètement armée face aux risques systémiques, elle pourrait à nouveau s'enflammer à la moindre étincelle. Etincelle qui pourrait provenir une fois de plus du secteur bancaire. Cas de la Grèce à part, c'est déjà de là qu'avait démarré la crise des dettes souveraines de l'Espagne et de l'Irlande notamment. Ces deux pays ayant été contraints, sous peine d'effondrement total de leurs économies, de renflouer leurs banques minées par des créances pourries et de faire exploser leurs dettes publiques.
L'union bancaire au service du "plus jamais ça"...
C'est pour éviter que cela ne se reproduise que les États membres se sont résolus sous l'impulsion de Mario Monti et de François Hollande à créer une Union bancaire visant à séparer le risque bancaire du risque souverain, et à ramener la confiance sur le marché interbancaire européen grâce à une meilleure transparence des bilans des banques.De fait, depuis le début de la crise, les banques en convalescence n'ont plus confiance et sont réticentes à se prêter entre elles. Les faibles perspectives macroéconomiques et les exigences nouvelles en fonds propres pour prêter font le reste pour encourager une aversion au risque qui mine l'économie. Leur réticence à prêter aux entreprises favorise en effet un climat propice à la déflation qui rend vain les efforts de la Banque centrale européenne (BCE) pour y palier. En somme, la zone euro vit sous la menace permanente d'un credit crunch.
... peine à se mettre en place
Le problème, c'est que le chantier de l'Union bancaire est encore loin d'être achevé, car seul le pilier qui prévoit un mécanisme de surveillance unique (MSU) au niveau européen sous la coupe de la BCE a été mis en place. Il sera fonctionnel en novembre 2014. C'est ce mécanisme de surveillance, auquel l'Allemagne est réticente, qui doit ramener la confiance entre les banques de la zone euro.Celui de la résolution bancaire, qui doit assurer le sauvetage des banques au niveau européen en cas crise, pour que les États membres n'aient pas à le faire en est quant à lui à ses balbutiements. Rien ou presque n'a de fait encore été décidé. Ce parce que les divergences sont fortes sur qui de la Commission européenne ou de la BCE doit le gérer, et surtout sur la question de savoir qui doit le financer. Un gouffre existe en effet entre ceux qui sont favorables à un financement par les banques et ceux qui n'en veulent pas. Le dernier scénario prévoit qu'il ne sera pas pleinement opérationnel avant dix ans.
Le dilemme du stress test de la BCE
Et c'est là que la bât blesse. En février, la BCE doit en effet réaliser une grande revue de la qualité des actifs (AQR) des banques de la zone euro. Alors que le montant des créances douteuses qu'elles détiennent a doublé depuis 2008. Seules les plus grandes d'entre-elles, considérées comme systémiques, feront l'objet de ce stress test, soit 130 au total. Ce qui constitue déjà une faille, car les non systémiques détiennent en tout 25% des actifs détenus en zone euro.Quoiqu'il en soit, la BCE se retrouvera alors face à un dilemme. Soit elle annoncera que le système bancaire européen est suffisamment solide. Elle perdra alors en crédibilité et ne parviendra pas à ramener la confiance nécessaire à une meilleure fluidité du marché interbancaire. Soit elle révélera des failles susceptibles de provoquer la panique qu'elle cherche à tout prix à éviter.
Le spectre du risque souverain est toujours présent
Or, en cas de panique et en l'absence d'un mécanisme de résolution bancaire, les États membres, déjà très endettés, auront le choix entre laisser tomber leurs banques malades et voler à leur secours. La deuxième solution étant la plus probable, tous les ingrédients seraient alors réunis pour provoquer de nouvelles tensions sur les taux et une nouvelle crise des dettes souveraines. Sont en tête pour la détention de créances douteuses les Pays-Bas, la France, l'Italie, l'Irlande et l'Espagne.Ces pays seraient alors forcés de recourir au mécanisme européen de stabilité (MES), insuffisant car il n'avait été conçu que pour secourir un pays comme l'Italie. La BCE serait par ailleurs obligée d'activer l'OMT, qui lui permet via les banques centrales nationales d'acheter des titres souverains sur le marché secondaire afin de détendre les taux. Mais là aussi il y a une faille. Même si un tel scénario est peu probable, la Bundesbank, opposée au bazooka de la BCE, pourrait très bien refuser de se prêter au jeu sans réclamer en échange des concessions.
L'équation impossible de la Grèce réveille les vieux démons
Par ailleurs, même si les choses vont mieux dans le sud de la zone euro, le risque d'un nouvel embrasement ne peut totalement être écarté. En effet, 2014 est aussi censée être l'année du retour sur les marchés de la Grèce et du Portugal.Si le Portugal semble décidé à remplir toutes les conditions pour cela, ce n'est pas le cas de la Grèce dont les efforts en termes de dépense publique sont annihilés par un service de la dette colossal. Or la Troïka se refuse à de nouvelles concessions. Et Angela Merkel est farouchement opposée à une nouvelle restructuration de la dette, scénario choisi par Athènes, dont le poids serait majoritairement supporté par les MES, la banque allemande KFW et la BCE, dont la Bundesbank est l'actionnaire principal.
Une dernière solution pour la Grèce serait donc de solliciter un nouveau prêt auprès du MES qui nécessiterait l'aval du Bundestag. Un nouveau plan d'austérité pour Athènes serait alors le seul moyen de faire passer la pilule auprès des contribuables allemands. Ce qui risquerait de miner les chances de reprise déjà faibles de l'économie grecque et de fâcher définitivement l'opinion publique du pays avec l'euro.
La lame de fonds eurosceptique pourrait se concrétiser dans les urnes européennes
Dans ces conditions, les élections européennes du printemps prochain pourraient servir de défouloir aux électeurs grecs qui pourraient plébisciter le parti d'extrême droite Aube Dorée, farouchement opposé à l'euro. Le risque d'une montée des mouvements eurosceptiques n'est d'ailleurs pas l'apanage de la Grèce. Les partis anti-euro et anti-européen recueillent en effet la sympathie d'un nombre grandissant d'électeurs en France, en Italie, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas plus particulièrement.Si cette lame de fonds venait à atteindre la surface, un ras de marée eurosceptique pourrait alors s'abattre sur le parlement européen qui tient un rôle très important dans la formation de la Commission européenne. Celle-là même qui est censée mener à bien l'intégration européenne.
Les dirigeants européens n'ont donc qu'une seule option en 2014 : réussir le crash test qu'ils se sont eux-mêmes engagés à passer.
Demain : la Chine malade de son système bancaire (2/4)
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>> Union bancaire : où en sont les discussions sur la résolution
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