Caroline Thanh Hương
Le patronat fait des propositions radicales pour sauver les retraites complémentaires
Dans un document transmis fin février aux syndicats, les organisations patronales détaillent des mesures chocs pour équilibrer les régimes de retraite complémentaire du secteur privé à l'horizon 2020, en économisant plus de 7 milliards d'euros.
Le patronat français propose d'équilibrer les régimes de retraite complémentaire du secteur privé à l'horizon 2020 en recourant à une panoplie de mesures qui permettraient, selon lui, d'économiser 7,1 milliards d'euros d'ici cette échéance. Le Figaro relaie, jeudi 5 mars, les propositions du Medef, de la CGPME et de l'Union professionnelle artisanale, qui gèrent avec les syndicats l'Arrco (retraite complémentaire des salariés) et l'Agirc (cadres). Comme le rappelle le quotidien, "le temps presse, en particulier pour la caisse des cadres dont les réserves seront épuisées dès 2018, contre 2027 pour l'Arrco".
Dans un document transmis aux syndicats le 20 février, le patronat propose ainsi de geler en 2016, 2017 et 2018 les pensions versées par ces régimes à 12 millions de retraités, et de créer un abattement dégressif sur leur montant entre 62 ans, âge légal de cessation d'activité, et 67 ans. Il propose aussi de jouer sur la pension reversée au conjoint survivant en cas de décès du retraité, sur les droits des chômeurs et sur le salaire de référence servant à calculer le nombre de points de retraite achetés par les cotisations.
Conséquence : une baisse des pensions
La plupart des mesures proposées auraient pour effet de réduire les pensions versées et d'inciter les salariés du privé à retarder leur départ à la retraite pour atténuer cette décote. Selon les calculs patronaux, le gel des pensions pendant trois ans se traduirait par quatre milliards d'euros d'économies en 2020, 4,9 milliards en 2030 et 5,7 milliards en 2040.Selon un calcul de la CFTC, cela se solderait par exemple par une perte de 116 euros par mois pour un retraité de 62 ans ayant droit avant décote à une pension mensuelle totale (de base et complémentaire) de 1 700 euros par mois.
Prochaines négociations le 20 mars
Les organisations patronales prônent également une fusion de l'Arrco et de l'Agirc à partir du 1er janvier 2019, mais n'envisage pas une hausse des cotisations, souhaitée au contraire par des syndicats comme la CGT. "Il n'y a rien de nouveau, le Medef a formalisé ce qu'il nous a présenté le 17 février", jour de l'ouverture des négociations sur le redressement financier des régimes complémentaires, estime le négociateur de la CGT, Eric Aubin.Les organisations patronales admettent, dans leur lettre adressée aux cinq syndicats qui gèrent avec elles l'Agirc-Arrco, que ce texte rédigé avant la séance du 17 février ne tient pas compte "à ce stade des positions exprimées" alors par leurs délégations. Les prochaines négociations, le 20 mars, "conduiront très certainement à faire évoluer [ce] document de travail", prend soin d'ajouter le patronat.
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