Những vùng đất lạ không phải chỉ ở trên mặt đất mà có thể là những vùng biển.
Theo nguyên tắc thì biển là tài sản chung, nhưng thực tế nguồn tài nguyên thiên nhiên này, ngày hôm nay đều được mọi người chiếu cố tới thật tích cực.
Từ cát được hút lên để làm nguyên liệu xây cất, ngành lưới cá rà bằng satellitte cho đến san hô, hay dầu lửa, dân số thế giới không ngừng phát triển đến nhu cầu cổ điển không thể nào đáp ứng kịp với thời gian.
Hôm nay, chúng ta sẽ tìm hiểu qua bài sưu tầm với phóng sự hình ảnh một trong những vùng đất mới này.
Caroline Thanh Hương
Des coraux et des poissons sont photographiés par une mission
scientifique de Greenpeace sur le récif corallien de l'Amazone, au large
du Brésil, le 28 janvier 2017. (GREENPEACE BRAZIL)
A peine découvert, déjà menacé ? Plongée dans le mystérieux récif corallien de l'Amazone, "unique au monde"
L'existence de ce récif, long de plus de 1 000 kilomètres, n'a été confirmée qu'en 2016. Cet écosystème, situé au large de l'embouchure du fleuve Amazone, est déjà menacé par les forages pétroliers. Mais il réserve encore de nombreuses surprises.
Les scientifiques soupçonnaient l'existence d'un récif corallien au large de l'embouchure de l'Amazone depuis les années 1970. "La présence de poissons récifaux, qui vivent dans des habitats coralliens, avait été observée dans cette zone", explique Edina Ifticene, chargée de la campagne Océans de Greenpeace, à franceinfo. Mais cette théorie était impossible à vérifier à l'époque à cause du "manque de financement et de l'absence de la technologie nécessaire pour explorer les fonds", note Ronaldo Francini Filho, chercheur en biologie marine à l'université de Paraïba (Brésil), membre de la mission de Greenpeace.
Quarante ans plus tard, une équipe de chercheurs américains et brésiliens s'est à nouveau penchée sur cette étonnante hypothèse. Ils ont d'abord cartographié les fonds à partir d'ondes sonores, rapporteFutura Sciences. La découverte a été de taille : un récif de 1 000 kilomètres de long, s'étendant de la Guyane au Brésil, et situé entre 30 et 120 mètres de profondeur.
Les scientifiques ont ensuite effectué des prélèvements, lors d'expéditions menées au large du Brésil entre 2010 et 2014. Les analyses effectuées en laboratoire ont permis de confirmer la présence de coraux, de plus de 60 espèces d'éponges ou encore de 73 espèces de poissons, dissimulés dans les eaux boueuses. Ce n'est que deux ans plus tard que les conclusions des chercheurs ont été officiellement publiées dans la revueScience Advances (article en anglais).
Observer les coraux dans leur milieu naturel
Une nouvelle étape de la découverte de ce milieu est désormais franchie. L'ONG Greenpeace organise une mission d'observation de deux semaines à bord de son bateau L'Esperanza pour aller sonder ce trésor naturel. Trente-neuf personnes, dont des scientifiques, des membres d'équipage et des journalistes, embarquent, mardi 24 janvier, pour en rapporter les premières images. Deux sous-marins, capables de descendre jusqu'à 600 mètres de profondeur, permettent aux membres de la mission de s'aventurer près des récifs.
"Les prélèvements effectués auparavant ont été traités en laboratoire : cette fois, nous pouvons observer ces coraux dans leur milieu naturel", se réjouit Edina Ifticene. "Nous ne connaissons presque rien de l'étendue et de la richesse de ce récif en termes de biodiversité, abondeRonaldo Francini Filho. Chaque plongée nous apporte des informations essentielles."
Coraux, éponges et raie manta
Eponges barils, escargots de mer, corail mou, corail noir, crustacés... Les images récoltées ont déjà permis d'identifier plusieurs espèces. Différentes sortes de poissons ont également été observées, dont potentiellement deux nouvelles espèces de poissons papillons, selon Ronaldo Francini Filho. Un journaliste du Monde, qui a eu l'occasion de plonger à 95 mètres de profondeur lundi 30 janvier, a également croisé la route d'une raie manta de 3 mètres d'envergure.
Ces découvertes ne sont-elles que les premières d'une longue série ? Les récifs de l'Amazone n'ont certainement pas encore livré tous leurs trésors. L'océanographe brésilien Fabiano Thompson estime que seuls 10% de cette zone de 9 500 kilomètres carrés seront connus d'ici la fin de la mission de Greenpeace. "Il faudrait un an ou plus pour cartographier la totalité du récif, évalue Ronaldo Francini Filho. Etudier sa biodiversité et les facteurs environnementaux qui le régissent pourrait prendre des dizaines d'années !"
La tâche s'avère d'autant plus ardue que les scientifiques avaient, dans un premier temps, sous-estimé la richesse de cet écosystème. "Nous avons constaté que le nombre d'espèces et l'hétérogénéité des habitats du récif sont bien plus importants que ce que nous avions anticipé", poursuit le spécialiste de biologie marine. Les espèces observées varient ainsi beaucoup d'une zone du récif à une autre. "Nous avons découvert beaucoup plus de rhodophytes [des algues calcifiées] et d'éponges au Nord", ajoute Edina Ifticene.
Des coraux qui survivent sans lumière
Des spécimens jusqu'ici inconnus des scientifiques pourraient donc se cacher parmi ces coraux, mais des recherches scientifiques plus poussées, avec des prélèvements, seraient nécessaires pour prendre toute la mesure de cette biodiversité sous-marine. "Cela permettrait aussi de comprendre comment le récif s'est formé, insiste Edina Ifticene. Existait-il avant la formation du fleuve Amazone ? Est-ce qu'il s'est développé par la suite, en fonction des courants, des sédiments charriés par le fleuve selon la saison ? Ce sont autant de questions auxquelles on ne peut pas répondre pour l'instant."
Car ce trésor naturel est entouré de mystères. "Le récif se situe dans une zone dans laquelle les coraux ne sont pas censés se développer", rappelle Ronaldo Francini Filho. Leur présence au milieu de ces eaux saumâtres pourrait s'expliquer par une symbiose avec des bactéries qui se reproduisent grâce à la chimiosynthèse. "Ce processus produit de la matière organique et de l’énergie à partir du dioxyde de carbone, de l’eau et d’autres substances non organiques (comme l’ammoniaque, le fer, le nitrite et le soufre), sans lumière", explique Greenpeace à franceinfo.
"En étudiant comment ce récif se développe dans des conditions extrêmes, nous pourrions comprendre comment les coraux en situation de stress peuvent s'adapter, par exemple en cas de changement de température de l'océan, de variation de la salinité ou de l'acidité de l'eau", avance la responsable de la campagne Océans de Greenpeace.
Greenpeace s'inquiète de projets pétroliers
Ces coraux encore méconnus sont toutefois loin d'être protégés de toute menace. Les groupes Total et BP veulent mener des forages d'exploration à proximité de la zone, pour trouver de nouveaux gisements de pétrole à exploiter, explique Greenpeace : le site le plus proche pourrait se trouver "à moins de huit kilomètres" du récif. L'ONG rappelle qu'au moins 92 forages ont déjà été menés dans cette région depuis les années 1960, avec un taux d'incidents de 30%. "Ces puits présentent des risques de marée noire, accrus par les forts courants dans cette zone de l'océan, alerte Edina Ifticene. Une fuite de pétrole serait catastrophique pour le récif, mais aussi pour la mangrove de l'embouchure de l'Amazone, presque impossible à nettoyer."
Greenpeace a lancé une pétition en cinq langues pour réclamer aux groupes pétroliers l'abandon de leurs projets de forages, au nom du principe de précaution. L'ONG a également contacté les entreprises pour les avertir de l'existence de cet écosystème exceptionnel, mais indique ne pas avoir reçu de réponse. Elle appelle aujourd'hui à mener des recherches scientifiques plus poussées sur ce récif, qui constitue "un biome [un ensemble d'écosystèmes] unique au monde" selon Edina Ifticene. Les chercheurs embarqués sur L'Esperanza partagent l'espoir que leur travail pourra se poursuivre. "Cette mission est l'un des moments les plus importants de ma carrière scientifique, s'enthousiasme Ronaldo Francini Filho. C'est un véritable rêve devenu réalité !"
Theo truyền thuyết Việt Nam, Âu Cơ (嫗姬) là tổ mẫu của người Việt. Tương truyền, Âu Cơ là con gái của vua Đế Lai. Trong khi đi tuần thú phương Nam, ông đã để Âu Cơ lại trên một cái động. Khi Lạc Long Quân
đi đến đây, thấy nàng xinh đẹp nên đã đem lòng yêu mến và kết duyên vợ
chồng. Hai vợ chồng Lạc Long Quân và Âu Cơ đã sống với nhau và sinh ra
cái bọc trăm trứng, nở ra 100 người con [1]. Sau đó vì thủy thổ tương khắc nên hai người phải chia con ra 50 con theo cha về biển, 50 con theo mẹ về núi và chia nhau cai quản các vùng[1]. Đây là tổ tiên của người Bách Việt.
Âu Cơ
là một nàng tiên xinh đẹp sống ở trên những ngọn núi cao. Nàng đi khắp
bốn phương để giúp đỡ và chữa trị cho những người đang lâm bệnh và gặp
khó khăn. Nàng có lòng từ bi và có tài về y thuật.
Một ngày nọ, một con quái vật làm nàng sợ hãi. Nàng liền biến thành một
con sếu mà bay đi. Lạc Long Quân, là thần rồng từ biển cả, thấy nàng
đang gặp nguy hiểm liền cầm lấy cục đá và giết tên quái vật Sau đó tình
yêu đã nảy nở giữa hai người và họ cưới nhau. Âu Cơ sinh ra một bọc
trứng có 100 người con. Một ngày nọ, Lạc Long Quân nói với nàng vì hai
người đến từ chủng tộc và môi trường rất khác nhau nên không thể chung
sống với nhau trọn đời được. Họ bèn chia nhau mỗi người 50 đứa con, 50
theo mẹ, 50 theo bố. 50 người con theo mẹ đi đến ở Phong Châu, người anh cả trở thành vua Hùng Vương của nước Văn Lang.[2]
Nuí có cao chi mấy, cũng là nơi ta có mái ấm gia đình.
Hạnh phúc đó có phải người ta chỉ tìm thấy khi người ta có quê nhà.
Và nhà đó, cù có ở trên trời, người ta cũng quyết đi đến, có khi còn đổi lấy mạng sống của mình để về Nhà.
Kính mời quý anh chị xem những hình ảnh của phóng sự báo chí pháp.
Caroline Thanh Hương
VIDEO. Chine : l'incroyable ascension des habitants d'un village perché en haut d'une montagne
Environ 70 familles vivent à Atuleer, dans le Sichuan, un village accessible seulement par échelle.
franceinfoFrance Télévisions
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Le périple de ces habitants d'un petit village en Chine
pourrait bien vous faire relativiser votre trajet "métro-boulot-dodo".
Perchée en haut d'une montagne, la bourgade Atuleer, située dans la province du Sichuan, n'est accessible que par d'interminables échelles accrochées à la roche.
De nouvelles échelles métalliques
Pendant
longtemps, celles-ci étaient fabriquées en bois et paraissaient très
instables. Depuis l'année dernière, de nouvelles échelles
métalliques ont été installées. Un soulagement pour les 72 familles du
village. Au moins sept personnes se sont déjà tuées dans cette
ascension vertigineuse.
Salarié, chômeur, retraité... Si Marine Le Pen devenait présidente, voici ce qui changerait pour vous
La présidente du Front national a dévoilé son programme lors de deux jours d'"assises présidentielles" à Lyon, samedi et dimanche. Voici comment ces propositions pourraient impacter votre quotidien... et votre porte-monnaie.
Valentine PasquesoonefranceinfoFrance Télévisions
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Ce sont 144 "engagements présidentiels", présentés dans un document de 24 pages(PDF). La candidate du Front national à l'élection présidentielle, Marine Le Pen a dévoilé, samedi 4 février, un projet qui doit permettre, selon elle, de "remettre la France en ordre" en cinq ans. Un programme tourné vers la "priorité nationale", un protectionnisme "intelligent", et la défense des bas revenus, mais qui manque encore de précisions sur de nombreux points. Un projet qui s'appuie aussi sur une prévision de croissance économique en France optimiste avec un bond de 1,3% à 2,0% de 2017 à 2018, pour finir à 2,5% en 2022. Un chiffre que le pays n'a plus connu depuis dix ans.
Que vous soyez salarié, chef d’entreprise ou retraité, à quoi devez-vous vous attendre si Marine Le Pen était élue en mai ? Franceinfo fait un tour d’horizon de ses principales propositions, et de leur impact sur votre situation.
Si vous êtes salarié
Marine Le Pen présidente, votre temps de travail ne devrait pas changer. Dans ses "engagements présidentiels", la candidate promet de ne pas toucher à la durée hebdomadaire légale du travail. Les 35 heures seraient donc maintenues. Une négociation pour un passage à 37 heures payées 37, ou 39 heures payées 39, sera uniquement possible "au niveau des branches professionnelles". La présidente du Front national compte également abroger la loi Travail, défiscaliser les heures supplémentaires et "maintenir leur majoration".
Si vous gagnez moins de 1 500 euros nets par mois, vous pourrez, en principe, bénéficier d’une "prime de pouvoir d’achat", financée grâce à une "contribution sociale" de 3% sur les importations. "Cette prime représentera près de 80 euros par mois", a précisé Marine Le Pen dans une interview au Monde (édition abonnés).
Si vous êtes retraité (ou le serez bientôt)
La "prime de pouvoir d’achat" promise par Marine Le Pen vous concerne aussi si votre pension de retraite ne dépasse pas 1 500 euros mensuels. Si vous bénéficiez de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), celle-ci sera revalorisée de 20%, selon le chiffrage du projet. Mais seuls les Français ou étrangers résidant en France depuis au moins vingt ans pourront désormais y avoir droit. Avec ces mesures, Marine Le Pen espère bien capter le vote des seniors, en particulier ceux qui bénéficient de petites retraites.
Autre mesure proposée par la candidate, après une série d'atermoiements au FN sur cette question, comme le rappelle Libération: baisser l’âge légal de départ en retraite à 60 ans, contre 62 ans aujourd’hui. Avec cette réforme, il ne faudra plus que "40 annuités de cotisation" pour obtenir une retraite à taux plein.
Si vous êtes chef d’une entreprise ouverte sur l’international
Vous risquez d'être sensiblement impacté par deux piliers du programme de Marine Le Pen : un "protectionnisme intelligent et le rétablissement d’une monnaie nationale adaptée à notre économie". La sortie de l’euro n’est pas écrite telle quelle dans son projet, mais elle est bien d’actualité. La candidate a précisé, dans une interview à Europe 1, que cette mesure serait effective "pour les Français", mais qu'"il est possible d’envisager une monnaie commune qui touche exclusivement l’Etat ou les grandes entreprises". Comme le note Le Figaro, ce projet reste flou — et ses conséquences pourraient être importantes : une monnaie nationale dévaluée, comme le souhaite le FN, pourrait entraîner des politiques d’austérité, une baisse des salaires et, in fine, une période de récession, poursuit le quotidien.
Si vous avez recours à des travailleurs détachés, ou souhaitez recruter des salariés étrangers, les choses risquent de se compliquer pour vous. Marine Le Pen promet de mettre fin à la directive "détachement des travailleurs" en France, et entend bien dissuader les entreprises de recruter des étrangers. Si elle est élue, "tout nouveau contrat d’employé étranger" fera l’objet d’une "taxe additionnelle", a-t-elle affirmé au Monde. Et le montant n’est pas anodin : il pourrait être de l’ordre de "10% du salaire brut mensuel du salarié étranger", a précisé Florian Philippot au micro de RTL. Précision importante du vice-président du Front national : cette taxe concernerait aussi les étrangers européens. Marine Le Pen compte bien remettre en cause également la libre circulation des travailleurs européens sur le territoire.
Si vous dirigez une TPE ou une PME
Marine Le Pen entend vous réserver une partie de la commande publique, "si l’écart de prix est raisonnable" avec la concurrence étrangère, et alléger vos charges sociales — sous réserve du "maintien de l’emploi" dans votre entreprise. La présidente du Front national, si elle est élue, entend également "alléger la complexité administrative et fiscale pesant sur les TPE-PME", en mettant en place un "guichet unique dédié" à ces démarches. Elle promet également de remplacer le compte pénibilité par un dispositif simplifié.
En matière fiscale, Marine Le Pen propose de maintenir le taux réduit de 15% de l’impôt sur les sociétés pour les TPE-PME. Si vous dirigez une PME, vous pourriez bénéficier d’un taux d’impôt sur les sociétés de 24%, contre 33,3% aujourd’hui.
Si vous êtes sans emploi
En dehors de sa "priorité nationale à l’emploi des Français", le projet de Marine Le Pen ne comprend aucune proposition visant directement les demandeurs d’emploi. Les termes "chômage", "chômeur" ou "demandeur d’emploi" sont d’ailleurs absents de son programme. Seule précision de la candidate : les recettes de la taxe sur le recrutement d'étrangers serviront à l’indemnisation des chômeurs français.
Si vous payez des impôts
La candidate du Front national s’adresse, une nouvelle fois, aux classes moyennes et populaires dans ses propositions fiscales. Si elle est élue, l’impôt sur le revenu pourrait baisser de 10% pour les trois premières tranches. Ni la TVA ni la CSG n’augmenteront, et la taxe d’habitation pourrait être revue à la baisse pour les ménages les plus modestes. En revanche, si vous payez l’impôt sur la fortune (ISF), celui-ci devrait être maintenu.
Pouvoir d'achat, immigration, laïcité… Comment le programme de Marine Le Pen a changé entre 2012 et 2017
La présidente du Front national a présenté ses "144 engagements présidentiels". Comment son projet se différencie-t-il de celui qu'elle défendait lors de la dernière campagne présidentielle ? Franceinfo a fait la comparaison.
Valentine PasquesoonefranceinfoFrance Télévisions
Mis à jour le
Elle veut "remettre la France en ordre". En meeting à Lyon, dimanche 5 février, Marine Le Pen a officiellement lancé sa campagne en présentant ses "144 engagements présidentiels" pour le pays. Dans son projet(en PDF), la candidate reprend des mesures fortes qu'elle défendait il y a déjà cinq ans. Mais des différences notables apparaissent entre les deux programmes. Alors que la présidente du Front national est l'invitée de "L'Emission politique" sur France 2, jeudi 9 février, franceinfo a joué au jeu des sept différences.
1Une nouvelle "prime" pour le pouvoir d’achat
Ce qu'elle proposait en 2012. Le pouvoir d’achat était, il y a cinq ans, une priorité du "projet pour la France et les Français"(en PDF) de Marine Le Pen. "Tous les salaires jusqu’à 1 500 euros bénéficieront d’une augmentation de 200 euros net", promettait, à l’époque, la candidate. Une "contribution sociale aux importations de 3% sur la valeur des biens importés" devait financer cette proposition. Ce qu'elle propose aujourd’hui. Le pouvoir d’achat reste un thème clé pour Marine Le Pen, mais "une augmentation de 200 euros net" n’est plus à l’ordre du jour. La présidente du FN propose désormais une "prime de pouvoir d’achat à destination des bas revenus et des petites retraites". L’objectif chiffré est également moins ambitieux : comme l’a affirmé la candidate dans une interview au Monde(édition abonnés), "cette prime représentera près de 80 euros par mois". Son mode de financement reste cependant le même : Marine Le Pen évoque de nouveau une "contribution sociale sur les importations de 3%".
2Immigration : des calculs moins ambitieux
Ce qu'elle proposait en 2012."L’immigration légale sera réduite de 200 000 entrées par an à 10 000 entrées par an", promettait Marine Le Pen il y a cinq ans. Soit 20 fois moins d'admissions. Ce qu’elle propose aujourd’hui. Les chiffres sont les mêmes, mais la formulation peut changer la donne. La présidente du Front national ne parle plus de "10 000 entrées par an" dans son nouveau projet, mais d’un "solde annuel de 10 000". Mais Marine Le Pen parle-t-elle du solde migratoire, qui, selon l'Insee, est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes sorties au cours de l'année, et ce indépendamment de la nationalité ? Dans ce cas-là, la différence avec sa proposition de 2012 serait notable. Il s’agirait d’une division par quatre et non plus par 20, précise Le Monde. Si la candidate parle uniquement du solde migratoire des immigrés (nés étrangers à l’étranger), la division serait désormais de 14 : ce solde était en effet de 140 000 en 2013, selon l’Insee.
3Laïcité : un cran plus loin
Ce qu'elle proposait en 2012. Il y a cinq ans, la candidate promettait d’interdire "les signes religieux ostentatoires (...) pour les agents comme pour les usagers du service public". Elle poursuivait en prônant l’idée suivante : "Dans la Constitution, le principe suivant sera inscrit : 'La République ne reconnaît aucune communauté'." Ce qu’elle propose aujourd’hui. L’inscription de ce principe dans la Constitution reste l’un des "engagements" de Marine Le Pen. Mais elle va désormais plus loin. Sans citer ces signes explicitement, elle propose d’étendre la laïcité "à l’ensemble de l’espace public". Depuis 2010, seul le voile intégral est interdit dans l’espace public. Si la candidate du FN est élue, cette interdiction pourrait bien concerner l'ensemble des signes religieux.
4Europe, euro : quel référendum ?
Ce qu'elle proposait en 2012. Il y a cinq ans, Marine Le Pen appelait à "retrouver notre liberté monétaire" : "La France devra retrouver la maîtrise de sa monnaie et de sa politique monétaire", expliquait-elle dans son projet. La candidate proposait alors "l’évolution de l’euro, qui deviendrait une monnaie commune", et le rétablissement du franc. Comment ? En proposant aux Français ce retour à une monnaie nationale "dans le cadre d’un référendum". Ce qu’elle propose aujourd’hui. Le projet de Marine Le Pen reste relativement similaire, même s’il est plus nuancé. Parmi ses "144 engagements présidentiels", la présidente du FN parle discrètement d’une "souveraineté" monétaire, et prône "le rétablissement d’une monnaie nationale". Interrogée par Europe 1, elle évoque la possibilité "d’envisager une monnaie commune qui touche exclusivement l’Etat ou les grandes entreprises". C'est plutôt la nature du référendum proposé par Marine Le Pen qui change : son projet actuel n’évoque plus un scrutin sur le retour au franc, mais plutôt sur "notre appartenance à l’Union européenne". Ce référendum sur un éventuel "Frexit" interviendrait à la suite d'une négociation avec les partenaires européens.
5Impôt sur le revenu : un nouveau barème
Ce qu'elle proposait en 2012. La candidate prônait un impôt sur le revenu "plus progressif", avec "de nouvelles tranches intermédiaires". Les classes moyennes allaient payer moins d’impôts, mais "la tranche supérieure" allait être "portée à 46%", contre 41% à l’époque. Les ménages aisés allaient donc payer plus. Ce qu’elle propose aujourd’hui. La présidente du FN cible toujours les classes moyennes et modestes, en proposant de "baisser de 10% l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches". Mais il n’est plus question d’augmenter le taux d’imposition de la tranche la plus élevée. Une manière de capter aussi un électorat plus aisé ?
6IVG : la fin de l'ambiguïté
Ce qu'elle proposait en 2012."Le libre choix pour les femmes doit pouvoir être aussi celui de ne pas avorter", défendait la candidate lors de la dernière campagne présidentielle. Elle prônait alors "une meilleure prévention et information", "une responsabilisation des parents" et "la possibilité d’adoption prénatale". Il y a cinq ans, la présidente du FN évoquait également le possible déremboursement d’avortements qu’elle jugeait "de confort". Ce qu’elle propose aujourd’hui. Marine Le Pen ne mentionne plus l’avortement dans son projet actuel. Elle reconnaît que sa position a évolué sur le sujet. En décembre, alors que sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, proposait de "revenir sur le remboursement intégral et illimité de l’avortement", Marine Le Pen avait défendu l’exact opposé. "Il n’y aura aucune modification, ni du périmètre, ni de l’accès, ni du remboursement de l’IVG", a-t-elle affirmé au Monde.
7Rétablissement de la peine de mort : une mesure enterrée ?
Ce qu'elle proposait en 2012. Il y a cinq ans, voici ce que la candidate du FN écrivait dans son projet : "La peine de mort sera rétablie, ou la réclusion criminelle à perpétuité réelle sera instaurée." Pour trancher entre ces deux propositions, Marine Le Pen proposait, à l’époque, aux Français de choisir grâce à un référendum. Ce qu’elle propose aujourd’hui. Comme pour l’avortement, le rétablissement de la peine de mort n’est plus mentionné dans les "144 engagements présidentiels" de la candidate. Marine Le Pen propose uniquement d’"instaurer une peine de prison de perpétuité réelle incompressible pour les crimes les plus graves". Mais comme nous l’expliquons dans cet article, l’idée n’est pas totalement enterrée. La candidate prône, en effet, la création d’un "référendum d’initiative populaire". Avec cette mesure, 500 000 citoyens pourraient lancer une consultation sur le rétablissement de la peine de mort.
Marion, Anne, Perrine Le Pen1,2 est née le à Neuilly-sur-Seine. Elle est la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen et de sa première épouse, Pierrette Lalanne. Baptisée le , en l'église de la Madeleine, son père lui donne pour parrain Henri Botey3.
Le , un attentat à la bombe détruit le domicile parisien de son père, Jean-Marie Le Pen.
Hormis quelques égratignures dues aux éclats de verre, Marine Le Pen
est indemne, tout comme ses deux sœurs Marie-Caroline et Yann, qui
dormaient auprès d'elle4.
Ses parents se séparent en 1984 alors qu'elle a 17 ans5. L'événement prend une tournure médiatique dont elle vit très mal certaines péripétiesNote 1,6.
Après le départ de sa mère, elle entretient une relation avec le chargé de communication de son père, Lorrain de Saint-Affrique7.
En 1,
elle épouse Franck Chauffroy, dirigeant d'entreprise ayant travaillé
pour le Front national. De ce mariage sont nés trois enfants : Jehanne,
née en 1998, et des jumeaux, Louis et Mathilde, nés en 19992,8,9,10, baptisés dans l'église catholique traditionaliste de Saint-Nicolas-du-Chardonnet11. Divorcée en 1, elle se remarie, en , avec Éric Iorio1,12, ancien secrétaire national du FN aux élections et ancien conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais13,14, dont elle divorce en 1. À partir de 200915, elle a pour compagnon Louis Aliot, lui-même divorcé16, secrétaire général du Front national d' à puis vice-président du parti depuis 17.
Elle vit jusqu'en 2014 dans la propriété de Montretout, où la famille Le Pen s'est installée à la fin des années 1970, pour déménager à La Celle-Saint-Cloud18,19.
Elle s'inscrit au barreau de Paris en 19922. Elle entre alors au cabinet de Georges-Paul Wagner, intime de la famille Le Pen23. En 1994, elle s'installe à son compte dans un bureau de la rue de Logelbach qu'elle loue à Sylvain Garant, un avocat proche de la droite du RPR23. L'Express relève que sa carrière d'avocate est très brève « dans une profession où il en faut souvent dix pour exister », et que « son seul « grand » procès reste celui du sang contaminé, en octobre 1992 puis juillet 1993 »,
dans lequel le cabinet Wagner défend l'association des polytransfusés ;
commençant sa carrière professionnelle, elle n'y plaide pas23. Elle se porte volontaire aux permanences de comparutions immédiates à la 23echambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris23. Dans ce cadre, elle est amenée à défendre des étrangers en situation irrégulière24,25,23. L'Express précise que « ses
anciens confrères, de droite comme de gauche, brossent le portrait
d'une avocate « bosseuse et pugnace », « indestructible et fêtarde »,
évitant toute forme de prosélytisme »23. Elle doit faire face à l'hostilité de certains de ses confrères, dont Arnaud Montebourg et Jean-Marc Fédida, opposés à son élection à la conférence des avocats du barreau de Paris23.
Elle quitte le barreau en 1998 pour entrer au service juridique du Front national23,21.
Carrière politique
Premiers pas
En 1983, elle accompagne son père pendant quelques jours lors de la campagne qu'il mène pour les élections municipales dans le 20e arrondissement de Paris, afin de se rapprocher de celui-ci, qui vit souvent éloigné de ses filles. Elle décrit cet épisode comme « un choc »24,26. En 1986, à l'âge de 18 ans27, elle adhère au Front national,
le parti dirigé par son père. La stigmatisation qu'elle éprouve dans le
cadre scolaire en raison de son ascendance a, selon elle, « fabriqué un
véritable ciment familial », et la notion de « regroupement dans
l’adversité » aurait contribué pleinement à son engagement politique28. Elle se voit proposer par Carl Lang la deuxième place sur la liste du FN dans le Nord-Pas-de-Calais aux élections régionales de 1992 mais venant de prêter serment comme avocate, elle décide de décliner29. Elle se présente pour la première fois à une élection lors des législatives de 199330. Âgée de 24 ans, elle est la candidate du Front national dans la 16e circonscription de Paris qui se trouve dans le 17e arrondissement30. Elle recueille 11,1 % des voix, derrière le député sortant, Bernard Pons, qui est réélu dès le premier tour avec 63,1 % des votes, et le candidat socialiste, Jean-Luc Gonneau (11,8 %)31.
Marine Le Pen commence à s'investir au FN en tentant de contrer Bruno Mégret (ici en 2004) avant la scission du parti.
C'est en 1998 qu'elle obtient son premier mandat politique en tant que conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, élue dans le Nord sur la liste conduite par Carl Lang32. En 1998, elle entre également au service juridique du Front national, qu'elle dirige jusqu'en 200332. D'après l'historienne Valérie Igounet, ce service a été créé par Jean-Marie Le Pen sur proposition de sa fille33.
D'abord peu assidue à ce poste, elle s'y investit lorsque la scission
du parti s'annonce ; elle est notamment chargée par son père de réaliser
un audit des différentes associations créées par Bruno Mégret afin de réduire son influence34. À partir de 2000, elle siège au sein du bureau politique, l'instance dirigeante du mouvement35.
Lors de la crise que traverse le parti à la fin des années 1990, elle adopte la ligne « TSM » (« Tout sauf Mégret »), aux côtés de Jean-Claude Martinez, Roger Holeindre et Bruno Gollnisch36. En 1997, sur les conseils de son beau-frère Samuel Maréchal, elle se présente aux élections du comité central du FN pour contrer Bruno Mégret (dont l'épouse Catherine vient tout juste d'être élue maire de Vitrolles), mais échoue à se faire élire37,Note 2
en raison du barrage des mégrétistes, qui voient dans cette candidature
une illustration des velléités de Jean-Marie Le Pen de contrôler le
parti ; alors que cet incident accroît les tensions entre ce dernier et
Bruno Mégret, Marine Le Pen est finalement repêchée sur la liste
complémentaire de vingt membres cooptés par son père38. À la même période, elle prend en charge la section des libertés au sein du « pré-gouvernement » formé par le FN, décrit par Valérie Igounet comme une « sorte de cabinet fantôme qui œuvre à la démégrétisation »39. Elle soulignera à plusieurs reprises l'opposition entre la vision politique de Bruno Mégret, qui désire s’allier avec le RPR, à la ligne « ni droite ni gauche », impulsée par Samuel Maréchal et dont elle est partisane, en lien avec sa stratégie de « dédiabolisation du Front national »40.
En parallèle, elle participe aux sessions de formation du FN, « enseignant aux militants les règles de la garde à vue, de la détention préventive et du droit de réponse »41.
Ascension au sein du Front national
Émergence électorale et médiatique en 2002
Marine Le Pen en .
Lors de la campagne présidentielle de 2002,
elle intègre dans l'équipe de son père la cellule « idées-images »,
menée par Jean-François Touzé et qui comprend également Olivier
Martinelli ainsi qu'Éric Iorio et Louis Aliot42 ; Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg précisent que cette cellule « travaille
à policer l'image du candidat, par exemple avec une affiche en noir et
blanc où il sourit largement, appuyé sur un poing qui ne figure pas
l'agressivité mais le point d'appui d'un homme expérimenté »43. Durant l'entre-deux-tours, elle suggère à son père, qui doit affronter Jacques Chirac, de changer le nom du FN44. Libération relève « son influence et son omniprésence au sein de l'appareil du Front »45.
Le , au soir du second tour, elle apparaît pour la première fois sur la scène médiatique46.
Alain Vizier, le directeur de la communication du Front national, est
alors chargé d'envoyer les cadres du parti sur différents plateaux de
télévision, et l'un des intervenants qui devait représenter le FN sur France 3 s'étant désisté au dernier moment, il fait appel à Marine Le Pen46.
Réalisant une prestation remarquée à cette occasion, celle-ci va
continuer d'apparaître régulièrement dans les médias pendant les mois
qui suivent, et gagner rapidement en notoriété, y compris dans les
médias européens47,48,42. Jean-Marie Le Pen, qui lui avait demandé d'« aller à toutes les émissions » à la fin des années 1990, déclare en 2004 : « Marine,
ce sont les médias qui l'ont faite. Elle est comme un cheval de course.
Les amateurs et les professionnels du turf ont jugé qu'elle avait des
qualités et ce sont eux qui l'ont promue »49.
Après l'élection présidentielle, elle réactive l'association Génération Le Pen, fondée après les élections régionales de 1998 par Samuel Maréchal afin de regrouper les nouveaux élus FN. Elle la renomme Générations Le Pen avec pour objectif « la dédiabolisation de l'image du président du FN », selon Louis Aliot, qui en prend le secrétariat général. Elle se défend de vouloir transformer cette structure « en un outil de promotion personnelle », Louis Aliot assurant qu'elle n'est « pas candidate à la succession de son père », alors que ce dernier a désigné plusieurs fois Bruno Gollnisch comme son futur successeur50. L'initiative inquiète notamment Carl Lang, qui évoque le risque d'implosion du parti51. Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg indiquent : « L'objectif
est de faire permuter le parti d'un Le Pen à l'autre. [...] Les choses
commencent en réalité à se superposer, comme en témoigne le fait que
Jean-Marie Le Pen coécrive avec sa fille et Louis Aliot son discours de
la rentrée politique de 2002 »52,53.
En , elle se présente aux élections législatives dans la treizième circonscription du Pas-de-Calais (Lens), suivant les conseils d'Éric Iorio, lui-même candidat FN dans une circonscription voisine54. D'après Bruno Bilde, « il
a proposé Lens à Marine, parce que le bassin minier était en plein
essor électoral. Et puis le physique "flamand" et la gouaille de Marine
s’accordaient bien au lieu »54. Contre toute attente55,
elle obtient 24,2 % des voix au premier tour, ce qui lui permet de se
qualifier pour le second tour, lors duquel elle recueille 32,3 % des
suffrages face au candidat socialiste, Jean-Claude Bois56. L'historienne Valérie Igounet souligne que « si elle perd l'élection en termes de voix, elle l'emporte sur un autre plan, celui de la notoriété » : « ces élections de 2002 marquent le début de sa carrière politique »55. Évoquant le « début d’un phénomène de starisation qui culminera quelques années plus tard à Hénin-Beaumont », Libération considère également que « par son exposition et son résultat, cette campagne marque un tournant dans la trajectoire nordiste de Marine Le Pen »54.
Débuts de la rivalité avec Bruno Gollnisch (2002-2007)
Sa stratégie de « dédiabolisation » du Front national commence à
déranger au sein du parti. C'est dans cette optique qu'elle déclare par
exemple : « Il faut faire émerger un islam français, parce que l'islam de France, on a l'impression que c'est une notion territoriale »57.
Sur la question de l'avortement, elle affiche une position beaucoup
plus souple que la ligne traditionnelle du FN, ce qui est également
source de critiques en interne58. Lors du XIIe congrès du Front national, qui se tient à Nice en , elle est reléguée à la 34e place du comité central par les votes des délégués départementaux59.
Malgré ce désaveu, Jean-Marie Le Pen, qui considère l'affront à sa
fille comme un manquement au parti, la nomme vice-présidente du parti le
lendemain60,Note 3.
À l'automne 2003, elle effectue une visite à New York et Washington en compagnie de Louis Aliot, Pierre Ceyrac, Éric Iorio (qui est alors son époux et cadre du FN) et Guido Lombardi, ancien représentant de la Ligue du Nord, pour y rencontrer de hauts responsables américains61. Pour Carl Lang, il s'agit d'un « voyage clé, quasi secret » pendant lequel elle « déverrouille des portes, des feux rouges qui vont devenir des feux verts, vis-à-vis de la communauté juive, par exemple »61. Selon l'historienne Valérie Igounet, « ce
voyage doit être considéré comme un remake de la tournée de son père,
en 1987. Il reste méconnu et, en même temps, essentiel pour comprendre
l’ouverture médiatique des années 2010 »61.
En 2004, elle est choisie comme tête de liste du Front national pour les élections européennes dans la circonscription Île-de-France, au regret de Steeve Briois et Bruno Bilde qui souhaitaient sa candidature dans la circonscription Nord-Ouest afin d'y poursuivre son implantation54.
Jean-Marie Le Pen salue publiquement le succès de son parti dans la
circonscription Île-de-France alors que le FN baisse de quatre points
par rapport au précédent scrutin62. Élue au Parlement européen, elle assiste à 58 % des sessions à Strasbourg (173 jours sur 298) et vote près de 42 % des lois en accord avec la majorité des autres eurodéputés français63.
Annoncé comme le successeur de Jean-Marie Le Pen dès les années 1990,
Bruno Gollnisch (ici en 2005) entre en rivalité avec Marine Le Pen au
cours des années 2000.
Elle se met en congé des instances du FN en 2005, après la déclaration de son père sur l'occupation allemandeNote 4. D'après Romain Rosso, journaliste à L'Express, « il
semble qu'elle eût d'abord remis sa démission à son père, puis qu'elle
se soit enfin pleinement décidée à se porter candidate à la succession
pour trancher définitivement le débat ». Sa décision pousse Jean-Marie Le Pen à désigner de nouveau Bruno Gollnisch comme son futur successeur dans les médias64. Elle mène également campagne pour le « non » au référendum sur le projet de traité établissant une constitution pour l'Europe. À la fin de la même année, Marie-France Stirbois et Jacques Bompard, qui dénoncent la trop grande influence de Marine Le Pen au Front national, sont exclus du bureau politique65. Le rythme de ses apparitions dans les médias est accéléré par la sortie en 2006 de son livre autobiographique, À contre flots66.
Le XIIIe congrès du Front national, qui se tient en novembre 2007 à Bordeaux, voit pour la première fois les militants voter directement pour le comité central : selon Sylvain Crépon et Nicolas Lebourg, « l'opération
visait alors à renforcer Marine Le Pen contre Bruno Gollnisch, ce
dernier comptant plus de soutiens parmi l'encadrement, la fille du chef
étant plus populaire parmi les militants »67. Marine Le Pen arrive cependant en deuxième position (75,8 %), derrière Bruno Gollnisch (85,1 %)68.
Ce même congrès est marqué par une grève de nombreux opposants à Marine
Le Pen qui décident de ne pas se présenter au comité central69. Jean-Marie Le Pen la nomme vice-présidente exécutive du FN chargée des « affaires intérieures »70,
ce qui implique, entre autres, la formation des cadres et des
militants, la communication interne et externe du parti et la
« propagande »71. Pour le journaliste Romain Rosso, ce poste équivaut à celui de « présidente
bis. Pour tous, il est entendu que ce mandat est le dernier [de
Jean-Marie Le Pen], celui de la « transition », même si l'on ne trouve
trace d'aucune déclaration du chef en ce sens »70.
Marine Le Pen au défilé du Front national en l'honneur de Jeanne d'Arc, le .
Désignée directrice stratégique de la campagne de son père, elle présente, le , la nouvelle campagne d'affichage du Front national. Celle-ci se compose de six affiches au total72
représentant chacune un Français avec le même pouce vers le bas pour
illustrer l'« échec » de la droite et de la gauche dans chacun de ces
domaines. Parmi toutes ces affiches, l'une d'elle, qui met en scène une
jeune femme maghrébine, est peu appréciée en interne, notamment parmi
les catholiques traditionalistes73,74 qui lui reprochent son passé de « night-clubbeuse »75.
Marine Le Pen défend ce choix destiné à moderniser l'image de son
père : « Sur cette affiche, on évoque la nationalité, l'assimilation,
l'ascenseur social, la laïcité, qui sont des domaines dans lesquels la
droite et la gauche ont absolument échoué. Un certain nombre de Français
d'origine immigrée sont conscients de cet échec et entendent obtenir
des réponses. Beaucoup d'entre eux se tournent vers le candidat
Jean-Marie Le Pen pour en obtenir », explique-t-elle74. En 2015, Gaël Sliman, directeur de l'institut de sondages Odoxa, estime que « cette
affiche était une rupture trop brutale, l'image renvoyée était trop
éloignée de la réalité du FN de l'époque. Cela a contribué, alors qu'il
était déjà en perte de vitesse, à le décrédibiliser »73. D'après Valérie Igounet, Frédéric Chatillon, Alain Soral et Philippe Péninque
sont « les vrais instigateurs de la campagne « à contre flots » menée
par Marine Le Pen pour son père en 2007, d'après le titre qu'elle a
donné à son livre publié en 200676. De la ligne portée lors de cette campagne, Marine Le Pen « garde le « ni droite, ni gauche », mais gomme les appels du pied « aux Français d'origine étrangère »77.
L'échec de Jean-Marie Le Pen à l'élection présidentielle
(10,44 %) provoque des dissensions au sein du parti. Marine Le Pen est
accusée par ses concurrents d'avoir éloigné le parti de sa tradition en
l'ouvrant aux influences externes et en adoptant une stratégie de
« dédiabolisation » finalement vaine78.
Elle semble toutefois devoir être la seule rescapée de ce que la presse
appelle un « effondrement » du FN, puisqu'elle est le seul membre du
parti à se qualifier au second tour des élections législatives le , où elle réalise dans la 14e circonscription du Pas-de-Calais un résultat de 41,7 % face au socialiste Albert Facon79,80.
Implantation dans le Nord-Pas-de-Calais
Candidatures à Hénin-Beaumont
Steeve Briois (ici en 2015) incite et aide Marine Le Pen à s'implanter à Hénin-Beaumont.
C'est en 2007 que Marine Le Pen décide de s'installer à Hénin-Beaumont, une commune ouvrière de 26 000 habitants située dans l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais, et en difficulté économique à la suite de nombreuses fermetures d'usines. Aux élections législatives de juin 2007, elle se présente ainsi dans la quatorzième circonscription du département comme le lui avaient demandé Bruno Bilde et Steeve Briois, figures de proue locales du FN54.
Ce dernier, conseiller municipal d'Hénin-Beaumont, mène depuis près de
quinze ans un important travail d'implantation dans cette ville81,
avec des résultats électoraux en progression à chaque élection. Accusée
par ses adversaires d'être « parachutée », Marine Le Pen explique le
choix de cette circonscription par le fait qu'elle serait « symbolique
des problèmes majeurs de la France : chômage, délocalisation, insécurité82 ». Libération relève que ce choix lui permet aussi de « s’appuyer sur un fief, comme son rival Bruno Gollnisch, bien implanté en Rhône-Alpes.
Plus prometteur électoralement que l’Île-de-France, le
Nord-Pas-de-Calais se prête mieux au récit politique que Marine Le Pen
veut construire autour d’elle »54.
Lors de la campagne, un ancien élu local socialiste, Daniel Janssens, prend la tête du comité de soutien à Marine Le Pen83. Il fut pendant dix-sept ans secrétaire de la section du PS à Leforest et pendant vingt-quatre ans premier adjoint au maire de Leforest. S'affirmant déçu par le député sortant socialiste Albert Facon, Daniel Janssens déclare vouloir « donner un coup de pied dans la fourmilière »84. Marine Le Pen reçoit également le soutien, durant l'entre-deux tours, des gaullistesAlain Griotteray, Michel Caldaguès85 et Paul-Marie Coûteaux86.
Au premier tour, Marine Le Pen améliore sensiblement le résultat du
FN des législatives de 2002 lors desquelles s'était présenté Steeve
Briois87,88, alors qu'au niveau national le FN subit un fort revers (4,3 %). Elle obtient 10 593 voix,
soit 24,5 % des suffrages exprimés (contre 20,1 % en 2002) ; elle est
la seule candidate du Front national à même de se maintenir au second
tour89, alors qu'ils étaient 37 en 200290. Un « front républicain » se constitue alors, rassemblant tous les candidats du premier tour à l'exception de celui du MPF. Au second tour, le , la progression par rapport à 2002 est plus importante qu'au premier : Marine Le Pen recueille 17 107 voix,
soit 41,65 % des suffrages exprimés (au lieu de 32,1 %). Le député
sortant socialiste Albert Facon, est donc réélu, mais perd environ 1 700 voix et près de 10 points par rapport à 2002. Marine Le Pen a gagné dix-sept points et près de 6 500 voix
par rapport au premier tour. Certains analystes politiques relèvent que
Marine Le Pen a bénéficié du travail de l'implantation locale de Steeve
Briois et du report de voix au second tour d'un nombre important
d'électeurs qui avaient voté pour des notables locaux centristes et
communistes89.
De plus, il semble que ce soient les thématiques économiques et
sociales (désindustrialisation, chômage, sentiment d'abandon, etc.) qui
permettent à Marine Le Pen de réaliser un tel résultat, plus que le
discours sur l'immigration et l'insécurité89.
Cette élection permet à la vice-présidente du Front national de
s'imposer un peu plus au sein du parti après les critiques dont elle
avait été l'objet à la suite des résultats de l'élection présidentielle54,91.
Elle l'aura incité à poursuivre son implantation à Hénin-Beaumont après
une première expérience positive et le constat que son discours semble
bien passer auprès de la population. Fin , elle loue un appartement dans cette ville et s'inscrit sur les listes électorales de la commune92,93. Pour l'historienne Valérie Igounet, le score qu'elle a obtenu au second tour « la
confort[e] sur, au moins, deux aspects inhérents : sa légitimité
politique — en train de s'affirmer — et son avenir de présidente du FN »94.
Aux élections municipales de mars 2008, elle figure en deuxième position sur la liste du Front national à Hénin-Beaumont conduite par Steeve Briois95.
La campagne est marquée par l'agression de Marine Le Pen, insultée par
deux individus, dont l'un brandit un pistolet et, selon certains
témoins, tire un coup de feu96. Le principal coupable sera condamné à dix mois de prison dont deux ferme96.
Avec un résultat de 28,83 %, Steeve Briois et Marine Le Pen échouent
dans leur tentative de remporter la mairie, mais font élire cinq
conseillers municipaux, dont Marine Le Pen elle-même97. Le groupe FN dépose un recours en annulation contre l'élection de la liste du Parti socialiste98, mais celui-ci est rejeté par le tribunal administratif de Lille ; Steeve Briois porte l'affaire devant le Conseil d'État, qui rejette à son tour la demande99.
Le maire d'Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville,
est finalement révoqué de ses fonctions pour « détournement de fonds
publics, corruption, faux en écriture privée et usage de faux,
favoritisme et recel de favoritisme ». Une élection municipale partielle est organisée les et . Lors de ce scrutin, et alors que le Front national paraît affaibli au niveau national, la liste du FN dirigée par Steeve Briois et Marine Le Pen profite de la division de la gauche et arrive largement en tête du premier tour, avec 39,34 % des suffrages100. Mais entre les deux tours se met en place un « front républicain », qui va de l'extrême gauche à l'UMP, visant à empêcher la victoire du Front national101. Lors du second tour qui a lieu le , le FN échoue face à la liste divers gauche
menée par Daniel Duquenne, qui obtient 52,38 % des voix. Le FN obtient
cependant un résultat historique avec 47,62 % des voix, pour une
participation de 62,38 %102.
Marine Le Pen, fraîchement réélue conseillère municipale, parle de
« défaite qui a tout de même un petit goût de victoire », précisant
qu'il ne lui a manqué que 265 voix pour gagner la mairie
d'Hénin-Beaumont103.
Elle choisit de démissionner de son mandat de conseillère municipale le , en raison de la loi sur le non-cumul des mandats104, mais affirme conserver un ancrage local en soutenant son fidèle lieutenant Steeve Briois et en figurant en position non-éligible aux élections municipales suivantes, en 105. Steeve Briois est finalement élu maire d'Hénin-Baumont le 106.
Élections européennes de 2009
Lors des élections européennes de 2009, Marine Le Pen, élue députée européenne en 2004 dans la circonscription Île-de-France, est choisie par la commission d'investiture de son parti pour mener la liste du Front national dans la circonscription Nord-Ouest (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Picardie)107. Le député européen sortant, Carl Lang,
élu dans cette même circonscription, n'accepte pas cette décision et
décide de mener une liste dissidente, sans démissionner du Front
national pour autant108. Il est, par conséquent, suspendu du parti109. Le ,
avec 10,18 % des voix, Marine Le Pen réalise le meilleur résultat de
ces élections pour le Front national ; elle est réélue députée
européenne110. En , elle recrute son conjoint, Louis Aliot, comme assistant parlementaire européen, touchant 5 006 euros par mois pour un mi-temps111, alors que le Parlement européen interdit de salarier des conjoints de députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux112,113,114.
Marine Le Pen annonce à plusieurs reprises son intention de briguer la succession de Jean-Marie Le Pen à la présidence du Front national122. À la suite d'une réunion du bureau politique du FN, le , son père annonce qu'il quittera ses fonctions au prochain congrès123. Marine Le Pen confirme son intention de se porter candidate, contre Bruno Gollnisch. Dans cette perspective, elle ne bénéficie pas du soutien des journaux d'extrême droite français que sont Minute, Rivarol et Présent124.
Les membres du Front national sont alors appelés à voter pour leur
nouveau président et les cent membres du comité central. Le congrès du parti, organisé à Tours les et , voit l'élection de Marine Le Pen à la présidence du parti avec 67,65 % des voix des militants125.
Dès les premiers mois qui suivent son accession à la présidence du
FN, certains de ses passages à la télévision enregistrent des succès
d'audience. Le politologue Alexandre Dézé relève que Marine Le Pen « est incontestablement dotée de qualités télégéniques,
ce qui n’est pas le moindre de ses atouts lorsqu’on sait que
l’évaluation des acteurs politiques tend de plus en plus à s’aligner sur
l’évaluation de leurs performances médiatiques »126.
Elle est classée parmi les 100 personnes les plus influentes au monde par le magazine américain Time en et en 127,128.
Marine Le Pen chante la Marseillaise le à Hénin-Beaumont, une semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle.
Marine Le Pen à Paris, le .
Le , un sondage Harris Interactive crédite Marine Le Pen de 23 % des intentions de vote en vue de l'élection présidentielle de 2012, devançant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry (chacun crédité de 21 %)129. Le , selon le même institut, si Dominique Strauss-Kahn ou François Hollande étaient les candidats socialistes, elle est créditée de 24 % dans les deux hypothèses130.
Ces sondages, suivis par d'autres qui confirment cette tendance,
provoquent de nombreuses réactions, puisque c'est la première fois sous
la Cinquième République qu'un candidat d'extrême droite est donné en tête du premier tour de l'élection présidentielle131,132.
Sa candidature à l'élection présidentielle est validée à l'unanimité par le bureau politique du FN le 133.
Dans le même temps, les intentions de vote en sa faveur diminuent et
elle est à nouveau donnée troisième dans l'optique du premier tour134.
Pendant la campagne, elle dit vouloir mettre fin à l'« hyper-libéralisme » et au mondialisme,
et redonner à la France son indépendance en matière diplomatique,
monétaire, économique, commerciale, industrielle, sociale, d'éducation
et d'organisation institutionnelle. Elle se prononce pour une politique
qui inverserait le mouvement de désindustrialisation et de délocalisation,
afin de revenir au plein emploi, à l'équilibre de la balance
commerciale et du budget de l'État. Elle ajoute que la France doit
redevenir une puissance d'équilibre avec sa propre politique étrangère,
sa politique de défense et de coopération135.
Les mesures phares de son programme économique sont la sortie de l'euro et le retour à une monnaie nationale,
l'instauration de taxes sur les marchandises et les services importés,
la baisse de la contribution française au budget de l'Union européenne,
une réduction importante de l'immigration et le rapatriement de tous les
clandestins, la lutte contre la fraude fiscale et sociale136. Du côté des dépenses, elle propose une augmentation des budgets de la fonction publique
de l'État (justice, police, défense nationale, recherche fondamentale),
de la formation professionnelle, des budgets d'investissements
d'infrastructures (SNCF) et de recherche pour les énergies alternatives,
une aide au financement et à l'installation des TPE et des PME,
l'augmentation de 200 euros net de tous les salaires inférieurs à 1,4 fois le SMIC
par une exonération des cotisations sociales, l'augmentation de la
prise en charge de santé pour les plus pauvres (régime de base), pour
les zones rurales (soins de proximité), pour la lutte contre les
maladies de Parkinson et d'Alzheimer (recherche), et une réévaluation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH)137.
Selon son directeur de campagne, Marine Le Pen peine à obtenir les 500 signatures d'élus nécessaires pour être candidate à l'élection présidentielle. Elle considère le système de parrainages comme « inconstitutionnel » et saisit, en , le Conseil d'État, afin d'obtenir l'anonymat des parrainages, car les élus seraient soumis à des pressions de partis politiques138. Mais le Conseil constitutionnel, saisi, dans le cadre de cette procédure, d'une question prioritaire de constitutionnalité, déclare conforme à la Constitution la disposition législative qu'elle contestait139.
Certaines personnes mettent cependant en doute l'importance des
difficultés que rencontrerait la candidate pour obtenir les signatures,
ses déclarations étant parfois présentées comme un « bluff » qui aurait
pour objectif de faire parler d'elle dans les médias140,141,142,143,Note 5. Le , Marine Le Pen annonce finalement disposer des 500 signatures nécessaires144. Christophe Barbier affirme de son côté que Marine Le Pen n'a franchi le cap des 500 signatures que « parce que l'UMP en a décidé ainsi »145.
Durant sa campagne présidentielle, Marine Le Pen adopte un rythme
hebdomadaire de meetings qui s'accélère après l'entrée en campagne
officielle du président sortant Nicolas SarkozyNote 6. La candidate FN y est écoutée par un public de 1 200 à 6 500personnes
selon ses déplacements, ce qui est moins important que l'auditoire de
ses concurrents. Des difficultés de financement de sa campagne,
notamment en raison de la recherche des parrainages d'élus nécessaires à
sa candidature, l'empêchent par ailleurs de tenir meeting comme prévu
en Outre-Mer, à Auxerre et Clermont-Ferrand146.
Totalisant 17,90 % des voix (6 421 426 voix) au premier tour, Marine Le Pen termine troisième de cette élection présidentielle147. Elle réalise le meilleur résultat du Front national à une élection présidentielle, son père Jean-Marie Le Pen, ayant obtenu son meilleur résultat (16,86 %) en 2002. Marine Le Pen annonce qu'elle votera blanc lors du second tour148 alors qu'un sondage Ipsos indique que 50 % de ses électeurs ont l'intention de voter pour Nicolas Sarkozy, 13 % pour François Hollande149.
Marine Le Pen à la tribune d'un meeting organisé à Paris, le .
Marine Le Pen se présente aux élections législatives de 2012 dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais,
qui couvre notamment Hénin-Beaumont, où le Front national fait
couramment d'excellents résultats (47,62 % à l'élection municipale
partielle de juillet 2009150). Marine Le Pen se présente notamment face à Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche et candidat à l'élection présidentielle de 2012 (11,1 % de suffrages)151.
En vue du scrutin législatif, Marine Le Pen annonce, le
— en pleine campagne présidentielle — la constitution d'une coalition
de mouvements et de personnalités souverainistes et patriotes, de droite
et de gauche, sous une bannière commune, le Rassemblement bleu Marine
(RBM), avec le Front national comme aiguillon moteur, et la
participation d'autres structures (Siel, Entente républicaine), ainsi
que de candidats indépendants, comme l'avocat Gilbert Collard152.
L'appellation de « Rassemblement bleu Marine » pour désigner cette
plateforme législative est perçue comme un éventuel changement de nom du
Front national, idée à laquelle s'oppose notamment Jean-Marie Le Pen153.
Les résultats de l'élection législative de 2012 dans la onzième
circonscription du Pas-de-Calais placent Marine Le Pen en tête du
premier tour avec 42,36 % des suffrages exprimés, devant le socialiste Philippe Kemel, qui obtient 23,50 % des suffrages, et Jean-Luc Mélenchon, qui est éliminé avec 21,48 %. Au second tour, elle est battue par Philippe Kemel, avec 49,89 % des voix154.
Le recours déposé par le FN en invoquant notamment des anomalies dans
plusieurs dizaines de signatures sur les listes d'émargement155, est rejeté, en , par le Conseil constitutionnel, qui reconnaît toutefois certaines irrégularités156.
Au niveau national, le Front national progresse par rapport à 2007,
avec en moyenne 13,60 % des voix au premier tour et l'élection, à
l'issue du second tour, de deux candidats que le parti soutenait : Marion Maréchal-Le Pen (Vaucluse) et Gilbert Collard (Gard)157,158.
Lors de la campagne de cette élection législative, les équipes de
Marine Le Pen avaient distribué un tract représentant Jean-Luc Mélenchon
en photo, sur un fond vert et blanc, avec, à sa gauche, une phrase
tirée de son discours de Marseille du ,
« Il n'y a pas d'avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères
du Maghreb », et en dessous le slogan « Votons Mélenchon ! » et une
phrase rédigée en caractères arabes — écrite à l'envers et avec des
fautes — qui est la traduction de l'appel au vote. Dans cette affaire,
Marine Le Pen est citée à comparaître pour « manœuvre électorale frauduleuse » et publication d'un montage sans le consentement de l'intéressé159. Alors qu'elle dit « assum[er] totalement » ce tract et se félicite du « coup de communication politique », elle est condamnée en première instance, le , à 10 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Béthune160,161,162. Mais elle est relaxée en appel, le ,
la cour d'appel de Douai estimant qu’au vu des éléments transmis par la
partie civile, il était impossible d’engager la responsabilité de
Marine Le Pen en qualité d'auteur ou de complice dans cette affaire163.
Progression du FN aux scrutins de 2014
Marine Le Pen siégeant au Parlement européen de Strasbourg le .
En , Jean-Marie Le Pen tient plusieurs propos polémiques sur la Seconde Guerre mondiale173.
Marine Le Pen décide alors de soumettre au vote des adhérents, par voie
postale, un projet de réforme des statuts du parti supprimant notamment
la fonction de président d'honneur, occupée par son père174. Jean-Marie Le Pen considère que cette décision est une « félonie »175, tandis que des cadres du Front national dénoncent une « purge »
réalisée par l'exécutif national, qui reconnaît vouloir placer des
personnalités « en phase avec ce que représente le FN aujourd'hui »176.
Plusieurs adhérents et des médias soulignent à cette occasion la
forte influence qu'exercerait sur Marine Le Pen le vice-président du FN Florian Philippot, qui contribuerait à la modification du programme du parti177.
Des analystes politiques mettent en avant la fracture existant entre la
nouvelle ligne du parti, mise en place par Marine Le Pen et Florian
Philippot, plus étatiste et moins centrée sur les questions d'immigration, et la vision de personnalités comme Marion Maréchal-Le Pen, présentée comme plus sensible à la question identitaire et plus libérale178.
Jean-Marie Le Pen conteste ces décisions en justice. Il obtient gain de cause, puisque, en juillet 2015,
le tribunal de grande instance de Nanterre annule sa suspension du
parti, puis suspend le vote des adhérents sur la réforme des statuts179. Le 20 août 2015, Jean-Marie Le Pen est finalement exclu par le bureau exécutif du parti, composé de Jean-François Jalkh, Wallerand de Saint-Just, Nicolas Bay, Steeve Briois, Marie-Christine Arnautu et Louis Aliot,
ces deux derniers s'opposant à cette décision ; Marine Le Pen et
Florian Philippot n'assistent pas à ce bureau exécutif. Dans la foulée,
des élus quittent le FN, dénonçant un changement d'orientation du parti,
et plusieurs en sont exclus180,181.
Pour Abel Mestre et Caroline Monnot, l'exclusion de Jean-Marie Le Pen « parachève la mainmise de Marine Le Pen sur le parti d'extrême droite », après avoir encore étendu son influence à l'occasion du congrès du FN de novembre 2014 à Lyon182.
Élections régionales de 2015
Marine Le Pen en meeting pour les régionales, à Raismes, le 16 octobre 2015.
Elle annonce sa candidature à l'élection régionale de 2015 en Nord-Pas-de-Calais-Picardie le , après avoir hésité à se présenter en raison de la proximité du scrutin avec l'élection présidentielle de 2017183.
La liste qu'elle conduit arrive largement en tête du premier tour, le
6 décembre, avec 40,6 % des voix, devant la liste d'union de la droite
conduite par Xavier Bertrand
(25 %). Mais dans l'entre-deux tours, le candidat de gauche se retire
pour lui faire barrage et la quasi totalité des partis appellent à voter
contre elle184.
Marine Le Pen dénonce alors une « classe politique aux abois » et
promet de « pourrir la vie du gouvernement » en cas d'élection185,186. Le 13 décembre, au soir du second tour, elle obtient 42,2 % des suffrages contre 57,8 % à la droite187.
Il s'agit du deuxième meilleur score réalisé par une liste FN lors de ces élections, celle de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen ayant recueilli 45,2 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur188. Élue conseillère régionale, elle laisse la présidence du groupe FN à Philippe Eymery189, élu sortant du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais où il était son principal collaborateur190.
D'après le journaliste Laurent de Boissieu, « les élections européennes de — à travers les postes d’assistants parlementaires —
puis les élections régionales de décembre 2015, ont progressivement
permis de promouvoir une nouvelle génération pleinement sur la ligne de
Marine Le Pen »191.
Logo de Marine Le Pen pour l'élection présidentielle française de 2017.
Marine Le Pen annonce sa candidature à l'élection présidentielle au Journal de 20 heures de TF1 le }192. Les études d'opinion
la donnent alors systématiquement qualifiée pour le second tour du
scrutin, avec des scores oscillant entre 23 % et 32 % d'intentions de
vote193,194.
Elle fait d'abord campagne avec le slogan « La France apaisée » afin de
se défaire de l'image clivante liée à sa personne et à son parti qui
aurait conduit au succès des fronts républicains constitués lors des régionales de 2015195. Plus discrète dans les médias nationaux, elle communique sur les réseaux sociaux et sur un nouveau blog, intitulé Carnets d'espérance, sur lequel l'univers graphique et le sigle du FN sont absents196. Avec plus de 1 120 000 abonnés en 2016, elle est la personnalité politique française la plus suivie sur Facebook, qu'elle souhaite utiliser comme « une gigantesque force de frappe dans le cadre de l'élection présidentielle à venir »197,198.
En novembre 2016, elle présente son slogan de campagne — « Au nom du peuple » — et son logo — une rose bleue —199, ainsi que son équipe de campagne, issue du FN pour l'essentiel200.
Ce logo, qu'elle revendique comme le symbole de la féminité, est
analysé par certains comme faisant référence à la fois à la Vierge Marie
(la « rose sans épine ») et à Jeanne d'Arc (l'épée) c'est-à-dire aux
racines chrétiennes de la France201. Le porte-parole du Parti socialiste dénonce la récupération du symbole de la rose, symbole de son parti depuis le début des années 1970202. Marine Le Pen assume cette récupération et en fait un message politique : « la
rose, le symbole de la gauche et [...] la couleur bleue celui de la
droite. [...] C'est bien le rassemblement de tous les Français au-dessus
de clivages dépassés, trop souvent stériles que je recherche203. »
Marine Le Pen au Milipol, le salon mondial sur la sécurité intérieure, le , à Paris.
Marine Le Pen s'oppose fermement à l'immigration « massive » qui selon elle nuit à l'économie française, à la laïcité221, et est responsable de l'augmentation de l'insécurité dans certains quartiers222. Elle estime que les grands patrons utilisent l'immigration pour peser à la baisse sur le salaire des travailleurs français223.
Marine Le Pen qualifie les mouvements de populations vers la France et
l'Europe « d'immigration massive » ou de « tsunami migratoire » et
accuse l'Union européenne d'être incapable de protéger ses frontières contre l'afflux de clandestins224. Elle propose de revenir à une immigration de 10 000 entrées par an afin de garder les étudiants étrangers venant faire leurs études en France225. L'universitaire Cécile Alduy relève cependant que « sur l'ensemble des allocutions publiques de Marine Le Pen de 2011 à 2013 » qu'elle a recensées, « l'immigration
n'occupe plus que la dix-septième place en termes de fréquence
lexicale, alors qu'elle était à la onzième place dans les discours de
son père de 1987 à 2011. L'immigration, cause unique et thème
obsessionnel chez Jean-Marie Le Pen, devient l'instrument et la
conséquence logique du mondialisme chez sa fille »226.
Parmi les moyens pour lutter contre l'immigration, elle propose de
couper les « pompes aspirantes » — aides sociales aux immigrés et
clandestins, regroupement familial, droit du sol — qui rendraient la France très attrayante pour l'immigration227,
de rétablir les contrôles douaniers aux frontières et d'user de la plus
grande sévérité judiciaire à l'encontre de ceux qui inciteraient ou
aideraient les filières d'immigration clandestine224. À la suite de l'arrivée d'immigrés clandestins en Europe, quittant leur pays durant le « Printemps arabe » de 2011, la présidente du FN préconise d'utiliser la marine nationale pour repousser « humainement » les bateaux de clandestins des eaux territoriales228.
Sur la question de l'acquisition de la nationalité, Marine Le Pen estime que « la nationalité française s'hérite ou se mérite », s'opposant ainsi au droit du sol229. Elle s'oppose également à la double nationalité, et qualifie d'« indécent » le fait qu'un binational se porte candidat aux élections présidentielles, en faisant référence à Eva Joly230.
Elle associe l'insécurité à l'immigration massive231
et critique la réduction du nombre de policiers en France, alors que
selon elle « il en faut plus ». La situation de certains quartiers
serait « dramatique » et semblable à des « zones tribales ». Elle
soutient alors de rétablir la « double peine » qui consiste à expulser les malfaiteurs étrangers232,233.
Elle demande à couper les prestations sociales (aides, logement, RSA)
aux récidivistes délinquants et criminels justiciable d'une peine d'un
an de prison ou plus234.
Par ailleurs, elle s'est prononcée en faveur d'un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, avec pour alternative proposée aux Français une « perpétuité absolument réelle » afin « de protéger la société de ses éléments les plus dangereux »235,236.
En 2017, le rétablissement de la peine capitale disparaît des
propositions du Front national, au profit de la « perpétuité réelle »,
même si Marine Le Pen laisse aux Français la possibilité de rétablir la
peine de mort par référendum d'initiative populaire237.
D'après son programme, toute personne de nationalité française
devrait avoir la priorité sur les logements, les aides sociales et les
emplois (à compétences égales) par rapport aux étrangers238. Parmi les exemples d'application de la priorité nationale,
elle cite l'idée que les allocations familiales doivent être réservées
aux familles dont un parent au moins est français ou européen239, et que si un Français et un étranger ayant un diplôme et des compétences a priori
équivalents sont tous deux candidats à une même offre d'emploi,
l'entreprise doit engager le Français ou alors justifier que l'étranger
serait plus performant240.
France d'outre-mer
Concernant sa position au sujet de la France d'outre-mer, Marine Le Pen est favorable à l'intégrité territoriale de la France.
Marine Le Pen déclare en , lors d'un voyage en Nouvelle-Calédonie : « Il y a des élections qui vont être fondamentales pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie et il est temps de s'y atteler ». Elle ajoute : « Il faut tout tenter pour éviter la fragmentation de ceux qui rejettent l'indépendance »241.
Le même mois, visitant la Polynésie française, elle se dit scandalisée au sujet de la procédure menée par le gouvernement Temaru aux Nations unies242. Elle estime que cette démarche vise à « inscrire la France sur la liste des pays colonialistes » et la qualifie de « méprisante et insultante à l’égard non seulement de la France, mais à l’égard en l’occurrence des Tahitiens ». Elle déclare aussi : « Ce
qui est absolument sûr, c’est que je pense qu’il faut que les
Tahitiennes et les Tahitiens se détournent résolument de tous ceux qui
cherchent à éloigner Tahiti de la France. ». Elle considère que la Polynésie française est « un
joyau qu’il serait temps de tailler, parce qu’il est brut pour
l’instant. Il n’y a pas d’investissement qui soit fait dans la
recherche. »242.
En septembre 2015, en visite à Wallis-et-Futuna, elle s'oppose à la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin,
qui a annoncé la signature d'un accord concédant des droits de pêche
aux navires américains dans les eaux territoriales de Wallis-et-Futuna
pour une compensation financière envisagée pour l'archipel de 17
millions de francs Pacifique (142 000 euros) pour une quinzaine de bateaux. Alors que Mikaele Kulimoetoke, le président de l'Assemblée territoriale des îles Wallis et Futuna, a qualifié cette somme de « dérisoire », la présidente du FN estime que « ce montant est ridiculement faible »243.
Se rendant à Saint-Pierre-et-Miquelon en , Marine Le Pen déclare que la France a « abandonné ses outre-mer » et qu'elle « n’a pas pris soin de Saint-Pierre-et-Miquelon »244.
Économie
Alors que la position du Front national au sujet de l'immigration est
relativement bien connue auprès des électeurs, Marine Le Pen tente de
redéfinir la partie économique et sociale du programme du parti245. D'une manière générale, ses positions se veulent sociales246. Certains journalistes politiques parlent de « post-solidarisme247 ». D'autres opposent ses positions sociales aux positions plus libérales de son père248.
Opposée au libre-échange, elle se déclare en faveur d'un « protectionnisme raisonné » afin d'empêcher une concurrence de la part des pays émergents qu'elle qualifie de déloyale249. Se défendant de toute autarcie,
elle explique sa position en comparant l'économie à un fleuve
impétueux : le libre-échange reviendrait alors à laisser dévaler le
torrent, l'autarcie serait de créer un barrage, et le protectionnisme
dont elle parle correspondrait à l'installation d'une écluse250.
Par ailleurs, elle résume la vision qu'elle a de la mondialisation par
la formule : « faire fabriquer par des esclaves pour vendre à des
chômeurs251 ». Pour Nicolas Lebourg, spécialiste de l'extrême droite, le « protectionnisme intelligent » de Marine Le Pen « se présente toujours comme une réponse à la concurrence asiatique » : comme pour la préférence nationale, il s'agit selon lui « de désorientaliser l'espace social »252.
Ses prises de position en matière d'économie font souvent référence à l'économiste français Maurice Allais, auquel elle rend hommage après sa mort en 253. Ce lauréat du prix Nobel d'économie (1988) avait mis en garde contre les effets du libre-échange et de la mondialisation, et avait critiqué le traité de Maastricht, la mise en place de la monnaie unique européenne, et le traité établissant une constitution pour l'Europe254, mais il ne s'est jamais exprimé sur les positions du Front national.
Elle est favorable à la sortie progressive de la France de la zone euro au profit d'un retour au franc français255. Elle propose d'accompagner ce changement d'une « révolution fiscale » ainsi que d'une « nationalisation » de la Banque de France (la Banque de France est déjà publique, mais pas sous les ordres de l'État), ce qui permettrait selon elle de recourir à des emprunts d'État à des taux très bas256. Si Louis Aliot affirme que les discours de Marine Le Pen comportaient dès 2002 « des accents chevènementistes » pour souligner l'ancienneté de son orientation souverainiste, la journaliste Marie-Pierre Bourgeois indique que « ses interventions de l'époque » portaient « surtout sur l'insécurité et l'immigration [...]. Il faut remonter à une conférence de presse au forum social européen
de Saint-Denis en 2003 pour l'entendre se positionner sur cette
question. À l'époque, le programme du parti, s'il prônait déjà la sortie
de l'euro en 2002, n'en avait pas fait son fonds de commerce »257.
Se positionnant en faveur de la défense des services publics258, elle se prononce pour un « État stratège » et revendique son opposition aux « privatisations forcées246 ». Elle dénonce également la grande distribution251,
responsable selon elle d'une « disparition » du petit commerce et de la
« ruine » ou de l'« étranglement » des agriculteurs, pêcheurs et
producteurs de lait en raison des marges qu'elle exige259. En 2010, elle critique vigoureusement la réforme des retraites
menée par le gouvernement. S'opposant à l'augmentation de l'âge légal
de départ à la retraite, elle demande sa conservation à 60 ans et
propose de faire des économies sur les dépenses liées à l'immigration et
à l'Union européenne260. Alors qu'elle nuance par la suite cette position, le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, annonce, en 2015, l'opposition du FN au retour à la retraite à 60 ans261.
Toutefois, pour la campagne présidentielle de 2017, le projet du FN
revient sur ce point et propose de progressivement ramener l'âge légal à
60 ans262.
Marine Le Pen souhaite abroger la loi no 73-7 du sur la Banque de France (déjà abrogée en 1993 par l'application du traité de Maastricht), qu'elle accuse d'interdire au Trésor public d'emprunter à la Banque de France à un taux d'intérêt faible, ce qui l'obligerait à emprunter à des banques commerciales sur les marchés financiers
à des taux élevés qui sont devenus le premier poste de dépenses de
l'État (en réalité, cette interdiction a été instaurée par le traité de
Maastricht et non par la loi de 1973, dont l'article 19 prévoyait la
possibilité pour l'État d'emprunter à la Banque de France). Selon elle,
ce dispositif est en grande partie responsable de la dette publique de
l'État245.
Dans son programme économique, elle renouvelle sa promesse faite en 2012 de revaloriser de 200 euros les salaires allant jusqu'à 1,4 fois le SMIC263.
Alors que le programme économique du FN fait l'objet, en 2010, de critiques de la part de la présidente du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), Laurence Parisot264,265, une partie des médias et des analystes politiques relèvent les divergences entre frontistes « étatistes » et « libéraux » et plus généralement, durant l'année 2015, une réorientation libérale du programme économique du parti261,266.
Son arrivée à la présidence du FN s'accompagne d'un durcissement de son discours et de celui du parti à l'encontre de l'Union européenne (UE) : elle dénonce, lors de son discours d'investiture à la présidence du FN, « un projet technocratique, totalitaire et nuisible à nos libertés »267. L'universitaire Emmanuelle Reungoat souligne que « sa
critique de l'UE s'articule à la fois à la défense de la souveraineté
nationale, à la lutte contre l'immigration (pour assurer la défense de
l'identité nationale mais aussi des nationaux contre l'insécurité) et au
virage social pris par le FN dans les années 1990 ». Ses propositions demeurent cependant très proches de celles déjà défendues jusqu'ici par le FN267. Comparant les opinions structurantes de l'électorat de Jean-Marie Le Pen en 2007 et de celui de Marine Le Pen en 2012, la chercheuse Nonna Mayer observe que « la
principale nouveauté par rapport à l'électorat du père est la montée en
puissance de l'enjeu européen, plus présent dans la campagne menée par
sa fille qui, à partir de , a fait de la critique de l'Europe son premier thème de communication, avant même l'immigration »268. L'historien Nicolas Lebourg relève qu'« avec Marine Le Pen, le Front national a intensifié la dimension souverainiste de son positionnement idéologique »269. Elle réclame un référendum sur une sortie de la France de l'Union européenne si celle-ci ne change pas270.
Se prononçant pour un « monde multipolaire »
par opposition à la prétendue domination américaine, Marine Le Pen
appelle à la formation d’une Union paneuropéenne incluant la Russie et
la Suisse et respectant le statut de neutralité, le droit national, la
fiscalité nationale271. Elle souhaite d'abord que la France quitte le commandement intégré de l'OTAN, « tout en restant membre de l'Alliance atlantique »272,273, puis propose la sortie de l'OTAN274,275. Elle regrette, en 2013, le rejet par la France de la demande d'asile d'Edward Snowden276 et dénonce « un asservissement honteux de la France aux États-Unis » après le refus français du survol de son espace aérien par l'avion du président bolivien Evo Morales, suspecté à tort de cacher Edward Snowden277. Dans la perspective de l'élection présidentielle américaine de 2016, après avoir rechigné à prendre position dans un premier temps278, elle apporte finalement son soutien à Donald Trump, qu'elle présente comme « un homme libre », plutôt qu'à Hillary Clinton qui, selon elle, « incarne
tout ce que les États-Unis ont pu construire et exporter de néfaste
dans le monde en termes de modèle économique, de choix internationaux »279. Le 9 novembre 2016, au lendemain de la victoire de Trump, elle s'exprime publiquement à Nanterre et décrit l'accession du républicain à la Maison-Blanche
comme une « bonne nouvelle pour la France », du moins si Donald Trump
tient ses engagements, qu'elle estime être bénéfiques pour la France :
refus du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement
(TAFTA) et plus généralement de la « mondialisation sauvage »,
apaisement des relations internationales notamment avec la Russie, ou
encore «désengagement des expéditions belliqueuses à l'origine des
grandes vagues migratoires» dont la France serait la victime280. Elle est la seule candidate à l'élection présidentielle de 2017 à avoir déclaré son soutien à Donald Trump281. Olivier Faye, journaliste au Monde, souligne que « la stratégie de Trump de s’adresser aux « cols bleus » est comparable » à celle de Marine Le Pen, et évoque leurs convergences sur leur opposition au libre-échange, sur l'instauration d'un dialogue avec la Russie de Vladimir Poutine ou sur « une conception multipolaire des relations internationales, où prédomine l’intérêt national », mais aussi leur divergence sur l'islam, que Marine Le Pen juge « compatible » avec la République française tandis que Donald Trump prône l'interdiction d'entrée des musulmans sur le territoire américain282.
Avant de soutenir Donald Trump, Marine Le Pen avait d'ailleurs déclaré,
interrogée sur l'élection présidentielle américaine, qu'elle « [défend] tous les Français, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur religion »278. Le chercheur Joël Gombin
souligne également que la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen
diverge de celle de Donald Trump qui a cherché à obtenir l'attention
médiatique par la provocation, ce qui s'explique notamment par des
configurations différentes (système multipartisan en France, bipartisme aux États-Unis)283.
Souvent présentée comme « russophile »284, elle déclare admirer, « dans une certaine mesure », Vladimir Poutine285. Elle reconnait les résultats du référendum de 2014 en Crimée sur le rattachement à la Russie286.
Ce positionnement s'accompagne d'une proximité avec des responsables ou
des proches du Kremlin, ainsi que de l'obtention de prêts bancaires
russes à destination du FN, au point d'inquiéter certains élus du parti
quant à une dépendance à l'égard du pouvoir russe285. En 2015, elle apporte son soutien à l'intervention militaire de la Russie en Syrie et appelle à une alliance de la France avec Bachar el-Assad face à l'État islamique287,288..
Membre du groupe d'amitié France-Israël du Parlement européen dès son
entrée dans l'assemblée en 2004, elle se voit interdire l'entrée sur le
sol israélien lorsque celui-ci y est invité en 2006, ce qu'elle
regrette289. Partisane, selon Caroline Fourest et Fiammetta Venner, d'« une position assez équilibrée » sur le conflit israélo-palestinien (incluant le soutien à la création d'un État palestinien), elle considère néanmoins ledit conflit comme secondaire289. Dans le cadre du débat sur le programme nucléaire iranien sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, elle juge que les menaces de ce dernier à l'encontre d'Israël ne sont pas crédibles et que « la bombe nucléaire est une arme dissuasive », « pas une arme offensive »289. Elle considère que « la France doit rompre ses relations avec le Qatar et l’Arabie saoudite, qui ont aidé, assisté et financé les fondamentalistes islamistes à travers le monde » : elle préfère « s’appuyer sur les pays musulmans qui luttent contre le fondamentalisme », en citant les Émirats arabes unis et l’Égypte, et en appelant de ses vœux « une grande coalition » ; des représentants de ces deux États lui ont exprimé leur soutien en 2014 et 2015290.
Défavorable aux opérations extérieures menées par la France en Afghanistan et en Libye272, elle soutient celles conduites au Mali291 et en République centrafricaine292.
Elle prône une « grande politique de développement » pour le
territoire africain, abandonné selon elle aux puissances émergentes,
tout en souhaitant rompre avec la « Françafrique corruptrice »293. Par ailleurs, elle déplore la perte d'influence de la francophonie dans le monde294.
Religion
Marine Le Pen propose les mesures suivantes :
inscription dans la Constitution du texte suivant : « La République ne reconnaît aucune communauté »295,296 ;
création d'un ministère de l'Intérieur, de l'Immigration et de la Laïcité295 ;
interdiction de toute pratique raciste, sexiste et discriminatoire, en particulier dans les lieux publics295 (par exemple, le hallal dans les cantines scolaires297 ou les horaires séparés pour les femmes dans les piscines municipales298) ;
interdiction d'attribuer des subventions publiques aux associations jugées communautaristes295,299.
Elle évoque la France comme un pays aux « racines chrétienneslaïcisées par le siècle des Lumières »300. Elle prône l'interdiction des signes religieux ostentatoires dans l'espace public tels que la kippa et le hijab, en estimant que les croix catholiques n'en font pas partie301.
Islam
Sous sa présidence, le programme du FN prône le « gel de tous les projets de mosquées actuellement en cours, dans l’attente d’une enquête nationale sur leur financement » ; « l’extension de la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école à l’ensemble de l’espace public », c’est-à-dire l’interdiction du hijab et non plus seulement de la burqa comme instauré par la loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public ; l’étourdissement obligatoire des animaux avant leur abattage et l’étiquetage des animaux abattus rituellement (viande halal ou casher). Marine Le Pen s’est également opposée aux menus de substitution au porc dans les cantines302.
Marine Le Pen estime se présente comme « l'une des dernières défenseures de la laïcité en France » en critiquant l'« islamisation » de la France, qu'elle définit comme « la conséquence de l'islamisme »289.
Selon elle, « la France peut être laïque parce qu'elle est chrétienne
de culture, et on s'aperçoit d'ailleurs que les pays musulmans ont les
plus grandes difficultés à être laïcs303. »
Elle affirme également que « la laïcité n'est pas absolument
compatible... pas naturelle, avec l'islam, puisque l'islam confond le spirituel et le temporel303,289 ». L'universitaire Cécile Alduy relève que Marine Le Pen conserve « le fond du discours » de son père, mais en changeant de « justification » : « Jean-Marie
Le Pen mettait en avant une France chrétienne, voire ethnique, avec un
soupçon de racisme. Marine Le Pen, elle, met en avant la République
laïque. » Cécile Alduy considère que « lorsqu’elle parle de laïcité ou de lutte contre le communautarisme,
Marine Le Pen ne vise en réalité que les musulmans. Elle tient un
double discours : nuancé et attaché à l’égalité de tous les citoyens
sans distinction d’origine ou de religion devant la presse ; violent et
amalgamant l’islam, l’islamisme et le terrorisme devant les militants302. »
Au sujet de l'islam, Marine Le Pen se dit « plus modérée que le RPR de 1990 »304 ou que Geert Wilders aux Pays-Bas305. À plusieurs reprises, elle affirme la compatibilité de l'islam avec « la démocratie », « la France » ou « la République », se limitant à critiquer « la charia » et le « fondamentalisme musulman »304,305,306,300. La politologue Nonna Mayer observe que si Marine Le Pen « prend
soin de cibler le « fondamentalisme islamique » et non l’Islam, ses
partisans ne font pas la différence. Ils se distinguent des proches de
tous les autres partis par leur niveau exceptionnellement élevé
d’« islamophobie », au sens de rejet de l’Islam, de ses pratiques, et de
ses fidèles307. » Lors de son discours du congrès de Tours, elle laisse entendre que l'Europe et la France sont menacées de devenir des « califats »308. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Zaman en 2013, elle déclare : « Il
y a toujours eu des musulmans en France. Mais la majorité des musulmans
sont arrivés ces trente dernières années. Je ne peux que regretter que
cette immigration se fasse sur la base d'une radicalisation religieuse ». Pascal Perrineau voit dans ces propos la conception selon laquelle « cette
immigration en provenance des pays musulmans est inassimilable dans la
mesure où elle est porteuse d'une inévitable radicalisation religieuse.
L'islam est perçu dans sa dimension d'altérité radicale : « Il n'y a pas d'« islam en France » mais un « islam en France », précise encore Marine Le Pen à l'hebdomadaire »308. L'historienne Valérie Igounet estime que le positionnement de Marine Le Pen, qu'elle qualifie d'« islamophobie », fait écho à celui du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret309, et se situe dans la continuité de Jean-Marie Le Pen302.
Jérôme Fourquet, de l'Ifop, souligne que « contrairement à ce qui s’est partiellement produit dans l’électorat juif »,
l'électorat musulman reste très majoritairement hostile à Marine Le Pen
— il ne vote pour elle qu'à hauteur de 4 % des voix lors de l'élection présidentielle de 2012, contre 1 % pour Jean-Marie Le Pen lors de l'élection présidentielle de 2007 — et à son parti, le vote FN demeurant structuré par « le rejet de la population maghrébine » et « le rejet ou la peur de l’islamisme »310.
Judaïsme
Louis Aliot et David Rachline défendent une évolution du parti, illustrée par ses rencontres avec Gilles-William Goldnadel, en 2004311, Ron Prosor, ambassadeur d'Israël à l'ONU, William Diamond, responsable de la synagogue de Palm Beach et la peintre israélienne Shana Aghion312.
En 2011, Michel Thooris, « juif selon la loi juive », est le candidat FN de la huitième circonscription des Français établis hors de France313 et en 2013, candidat de la 8e circonscription du Val-d'Oise, de Garges-Sarcelles puis du Rassemblement bleu Marine (RBM) à Carros (Alpes-Maritimes)314. En 2012, un rapprochement avec l'Union des Français juifs, dirigée par Michel Ciardi, membre de Riposte laïque, est opéré avant de faire marche arrière315. La même année, Elie Taïeb devient secrétaire fédéral adjoint du Front national à La Réunion316.
Jérôme Fourquet, de l'Ifop, relève que le vote pour Marine Le Pen dans l'électorat juif a sensiblement progressé lors de l'élection présidentielle de 2012 par rapport au vote pour son père lors de l'élection présidentielle de 2007 (13,5 % en 2012 contre 4 % en 2007) : « Ce
niveau est certes toujours significativement inférieur à la moyenne
nationale (17,9 %), mais le vote frontiste n’est désormais plus résiduel
parmi l’électorat de confession juive ». Jérôme Fourquet explique cette progression par trois facteurs :
« l’effet conjugué d’un climat d’insécurité lancinant, consécutif à la montée de l’islamisme radical (affaire Merah, ) et aux tensions intercommunautaires » ;
« la stratégie de dédiabolisation conduite par Marine Le Pen a permis de faire sauter des verrous jusqu’à présent très solides » ;
« dans l’électorat juif comme dans l’ensemble
du corps électoral, la frange la plus droitière a été déçue par Nicolas
Sarkozy, qui n’a pas tenu toutes ses promesses, en matière de lutte
contre l’insécurité notamment »310.
Éducation
En 2016, elle se prononce pour la sélection à l'université afin de « créer la vraie égalité des chances »317.
Elle propose également que « 50 % du temps d'enseignement soit consacré
à l'apprentissage du français en primaire » et la suppression du collège unique317.
Institutions
Alors que son père s'affichait dans son premier manifeste, Les Français d'abord (1984), comme « un démocrate de type churchillien », et considérait donc simplement la démocratie
comme la moins mauvaise solution, Marine Le Pen adopte une approche
très radicale de la démocratie, qualifiée dans le projet de 2012 de
« principe fondamental de la République française » et de « bien sacré »318,319. Elle est en effet méfiante à l'égard de la représentation politique, des corps intermédiaires et du « gouvernement des juges », et proche de la tradition rousseauiste et jacobine, c'est-à-dire des courants habituellement classés tout à la gauche de l'échiquier politique318. Elle propose ainsi l'instauration d'un référendum
obligatoire en matière constituante, l'élargissement du référendum
législatif aux questions de société et la mise en place d'un référendum d'initiative populaire qu'il serait possible de déclencher en réunissant 500 000 signatures citoyennes ; elle promet également un référendum d'initiative présidentielle sur les institutions320. Le professeur de droit public Frédéric Rouvillois parle à cet égard de « néo-jacobinisme »318. Pour Mediapart, cette « glorification du référendum » et cet appel à « la re-centralisation » font néanmoins partie des « classiques de l'extrême droite » : le journal rappelle que Jean-Marie Le Pen « programmait une ribambelle de consultations dans son programme de 2002 (sur l'immigration et la préférence nationale dès 2002, la « paix civile » et la peine de mort en 2003, le rétablissement des frontières douanières en 2004, etc.) »320.
Son projet présidentiel de 2012 préconise également le passage au septennat non-renouvelable (proposition héritée des monarchistes), l'imposition du scrutin proportionnel« à toutes les élections », des pouvoirs renforcés pour les préfets, la suppression de la clause de compétence générale, l'interdiction du cumul des mandats exécutifs et « le contrôle des notes de frais et de représentation de tous les exécutifs » (principe mis en œuvre en Grande-Bretagne notamment)321,320.
En , après le rejet par le Sénat de la demande de levée d'immunité de Serge Dassault, elle se prononce pour la suppression de la Haute assemblée, précisant qu'elle « ne voi[t] plus bien à quoi sert aujourd'hui le Sénat »322.
Son projet présidentiel de 2017 prévoit la suppression des conseils régionaux323.
Thèmes LGBT
Marine le Pen s'est opposée à la loi de 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, déclarant qu'elle reviendrait dessus si elle était élue présidente de la République, mais elle n'a pas pris part aux manifestations contre cette loi324.
En tant que présidente du Front national, Marine le Pen adopte un ton
généralement jugé mesuré sur les questions LGBT et aurait attiré nombre
d'homosexuels au Front national325. Laurent Brice, secrétaire départemental du FN pour le Pas-de-Calais et conseiller municipal d’Hénin-Beaumont, la compare à Dalida, une « égérie » gay326. Marine le Pen a notamment accueilli au FN Sébastien Chenu, cofondateur de GayLib, association anciennement associée à l'UMP327. Depuis 2012, d'après une étude de l'Ifop, les intentions de vote pour le Front national ont d'ailleurs beaucoup augmenté chez les bisexuels et homosexuels328.
Pour le sociologue Sylvain Crépon, « l'homosexuel est devenu une
figure emblématique de l'imaginaire du FN pour témoigner qu'il défend
les valeurs libérales face au totalitarismeislamiste. » Marine le Pen copierait ainsi une stratégie politique suivie par le Néerlandais Geert Wilders et le Suisse Oskar Freysinger329.
Internet
Sous la présidence de Marine Le Pen, le Front national adopte une position qualifiée de libertaire à propos d'Internet, « pas forcément en adéquation avec la pensée dominante au FN » selon le journaliste Tefy Andriamanana330,331 :
D'une manière générale, Marine Le Pen est souvent jugée plus modérée
que son père. Son discours apparaît pour une partie de l'électorat
français comme plus nuancé, plus lisse et débarrassé des « outrances »
de Jean-Marie Le Pen — ou ce qui est qualifié par certains comme tel.
L'image qu'elle donne, calme et souriante, contraste avec les
stéréotypes attribués habituellement à sa famille politique334.
Au début de son apparition médiatique, Marine Le Pen abordait beaucoup
son enfance qu'elle dépeignait comme difficile, victime de son patronyme
et marquée par l'attentat contre le domicile familial en 197624,334. Certains observent que cela permettait d'« humaniser » son parti334,335. Parmi ses adversaires les plus farouches, Bernard-Henri Lévy parle d'une « extrême droite à visage humain336 ». Michèle Cotta estime que le fait qu'elle soit une femme, jeune, qui condamne le racisme, et qui n'aurait pas adopté « les défauts » de son père, notamment ses phrases-chocs, aurait participé à sa stratégie de « dédiabolisation » du Front national337. Les références à la Seconde Guerre mondiale et aux guerres coloniales sont également absentes de son discours338,339.
Elle s'est d'ailleurs distanciée des propos tenus par Jean-Marie Le Pen
concernant les chambres à gaz en déclarant qu'elle « ne partageait pas
sur ces événements la même vision » que lui340.
Les adversaires du Front national affirment que Marine Le Pen, de par
cette stratégie de « dédiabolisation », serait « plus dangereuse que son
père336,341 ».
Évitant certaines « provocations » considérées comme néfastes pour le
vote FN, elle risquerait d'élargir la base électorale de celui-ci en le
« banalisant »342.
Marine Le Pen déclare sur RTL, en ,
que la stratégie de « dédiabolisation » ou de « normalisation » ne
consisterait pas en une modification du discours du Front national. Il
s'agit selon elle de montrer le Front national sous son vrai jour, tel
qu'il est et non tel que les médias le montrent ou l'ont montré durant
les décennies précédentes. Ces derniers ainsi que les partis de droite
et de gauche auraient donné une image « injuste, fausse et
caricaturale » du Front national343. C'est la raison pour laquelle elle chercherait à en donner une image qui soit « juste343 ».
Elle a néanmoins été accusée par ses adversaires au sein du FN et plus
largement de l'extrême droite, de dévier de la ligne idéologique du
parti, notamment sur des sujets tels que l'immigration, le PACS et l'avortement, ce qu'elle réfute, assurant qu'elle n'a jamais abandonné les fondamentaux du FN ni « affadi » son message344.
Dans son discours du
à Lyon, Marine Le Pen candidate à l'investiture du Front national prend
ses distances avec les positions qui prévalaient alors au FN et évoque
le sort des homosexuels vivant dans des quartiers et victimes des lois
religieuses qui se substituent aux lois de la République345.
Malgré tout, certains observateurs notent une inflexion de cette
stratégie depuis 2009 avec les polémiques qu'elle a suscitées sur Frédéric Mitterrand et son livre ou encore sur le Quick « halal » de Roubaix. Son style serait devenu davantage incisif, combatif et provoquant334, et le thème de « l'islamisation », peu traité par la génération précédente du Front national, est désormais mis en avant346. Cependant elle n'a jamais abandonné officiellement la « dédiabolisation » et continue à assumer cette stratégie343.
En 2014, le magazine américain Foreign Policy
la cite, avec quatre autre Français, dans le classement des cent
« penseurs mondiaux » de l'année en soulignant la manière dont elle a « rénové l'image » de sa formation politique, qui est devenue « un genre de modèle pour l'extrême droite européenne » après son succès lors des élections européennes347.
En donnant parfois son quitus à la gauche — dès 2003 en donnant une conférence de presse à l'occasion du Forum social européen organisé à Paris et au cours de laquelle elle affirme que les altermondialistes posent « de bonnes questions mais [apportent] de mauvaises réponses », ou en apportant son soutien à SYRIZA en vue des élections législatives grecques de janvier 2015 —, elle conduit notamment Nicolas Sarkozy à la situer, fin 2014, à l'« extrême gauche » et à identifier « son programme économique [à] celui de Jean-Luc Mélenchon ». Abel Mestre, journaliste au Monde, y voit « un
élément de plus de sa stratégie de dédiabolisation. Car, plus il y a de
confusion, plus il est difficile de renvoyer le FN à ce qu'il est
fondamentalement, c'est-à-dire un parti d'extrême droite »348,349.
Sa stratégie de dédiabolisation passe également par de nouvelles
alliances avec des partis de gouvernement étrangers : elle met fin aux
partenariats construits par son père Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch dans le cadre de l'Alliance européenne des mouvements nationaux qui comprenait de nombreux groupuscules radicaux, au profit d'un rapprochement avec la Ligue du Nord (Italie), le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), le Vlaams Belang (Belgique) ou encore le Parti pour la liberté (PVV, Pays-Bas), regroupés au Parlement européen au sein de l'Alliance européenne pour la liberté. Ces partis ont en commun de condamner l'antisémitisme,
d'afficher une position libérale sur les questions de société par le
biais desquelles ils condamnent l'islam en tant que tel, et de défendre
un positionnement géopolitique pro-israélien350. Reprenant une analyse du politiste Gilles Ivaldi, l'historien Nicolas Lebourg relève que « le
FN est devenu une boussole de l'extrême droite européenne. Les partis
européens alliés du FN ont copié la stratégie de dédiabolisation de
Marine Le Pen tout en conservant leurs spécificités locales »351.
La suspension du parti de Jean-Marie Le Pen après ses propos polémiques d' est présentée par L'Express comme l'achèvement de cette stratégie de dédiabolisation352.
– : conseillère régionale d'Île-de-France, élue dans les Hauts-de-Seine, présidente du groupe Front national et membre de la commission permanente jusqu'en 353
depuis le : conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais puis Hauts-de-France, élue dans le Pas-de-Calais, présidente du groupe Front national – rassemblement pour le Nord-Pas-de-Calais, membre de la commission permanente
membre suppléante de la commission du marché intérieur et de la
protection des consommateurs et de la délégation pour les relations avec
l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
membre de la commission du commerce international, de la délégation pour les relations avec le MERCOSUR et de la délégation à l'Assemblée parlementaire euro-latino-américaine ;
des anciens du Groupe union défense (GUD), comme Philippe Péninque, Frédéric Chatillon,
Jildaz Mahé O'Chinal, qui sont des amis de longue date de la présidente
du FN et qui sont liés entre eux par des relations d'affaires ; ils
comptent « parmi les membres les plus écoutés de sa garde rapprochée » et appellent à s'opposer à « l'axe américano-sioniste » ;
Selon Abel Mestre et Caroline Monnot, « Marine
Le Pen veille toujours à ce que, par leur lutte constante, aucun des
clans ne puisse l'emporter et donc remettre en cause sa position
d'arbitre. Les réseaux qui l'entourent ont beau incarner une pluralité
d'opinions et de stratégies, la présidente ne prend pas en compte les
positions n'allant pas dans son sens. Non seulement la direction du
parti est omnipotente et autoritaire, mais elle méprise la pluralité
politique, qui, selon elle, n'aboutit qu'à des synthèses forcément
molles »356.
La proximité de Marine Le Pen avec d'anciens responsables du GUD fait dire à Nicolas Lebourg qu'elle a « individualisé, voire privatisé, les relations avec des figures issues de la mouvance radicale » en parallèle de la prise de distance du FN, en tant qu'organisation, avec cette dernière357. Le chercheur Joël Gombin souligne que ces personnalités « interviennent
sur l’aspect financier et logistique de la gestion du parti, au travers
de sociétés prestataires du FN – mais dans des montages tels qu’on ne
sait plus si ces sociétés sont les véritables prestataires du FN ou si
c’est l’inverse... »217
L'un des premiers cercles de l'entourage de Marine Le Pen au sein du parti est également composé de gays dont le nombre et l'attitude sont mis en cause par certains cadres du parti et par le journal Minute. Ces derniers dénoncent « la construction d'un « lobby gay » interne qui conduirait à une préemption des postes de cadres ainsi qu'à l'isolement de la présidente358. Lors de la campagne préalable au congrès de Tours, des proches de Bruno Gollnisch
ont attaqué Marine Le Pen en dénonçant cette influence. Cet entourage
gay aurait entraîné une vague de départs de nationaux-catholiques du FN
lors de l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti ; Roger Holeindre a quant à lui explicitement avancé cet argument pour sa démission359,360,361.
Financement du FN
En 2010, des proches de Marine Le Pen créent le micro-partiJeanne362, selon Mediapart« pour mettre fin à la mainmise de son père, qui n'a jamais cédé les rênes de son association de financement, Cotelec »363. Mediapart
indique également que ce parti a reçu neuf millions d'euros en 2012.
Par ailleurs, Mediapart évoque des « taux d'intérêts particulièrement
élevés de 6,5 % ou 7 % » pour des prêts accordés par ce micro-parti à
des candidats du Front364. Le principal prestataire de Jeanne est l'agence de communication Riwal dirigé par Frédéric Chatillon, un ancien du groupe d'extrême droite, GUD365. En , Le Monde
révèle qu'une information judiciaire contre X a été ouverte pour
« escroquerie en bande organisée », « faux et usage de faux » concernant
les activités financière de cette structure366.
Marine Le Pen considère qu'il s'agit d'une manœuvre du « pouvoir
socialiste » et indique sur ce dossier : « Tout cela se terminera comme à
chaque fois par un non lieu ou une relaxe dans quelques mois »367.
Accusations de racisme
Les associations antiracistes
et de nombreuses personnalités politiques et médiatiques estiment que
Marine Le Pen tient un discours islamophobe et stigmatisant des
populations immigrées vivant en France ou des Français d'origine
étrangère. Selon elles, elle se spécialise dans la récupération ou
l'instrumentalisation des faits divers à des fins électoralistes. Marine
Le Pen s'inscrit, d'après ses détracteurs, dans la droite ligne
idéologique du FN, et ne présente aucune différence vis-à-vis de son
père ou de la vieille extrême droite368,369,370,371.
Marine Le Pen est également accusée par la gauche et l'extrême gauche
françaises de tenir un discours « populiste » et « démagogue »372,373 et parfois même « fasciste »374.
En réponse, Marine Le Pen se défend d'être raciste ou xénophobe375
et considère qu'elle lutte contre l'immigration et non contre les
immigrés en tant que personnes, précisant que durant sa carrière
d'avocate elle a été amenée à défendre des clandestins. Elle affirme
lutter contre le communautarisme, défendant ainsi les principes et
l'unité de la République, et tous les Français quelles que soient leur
origine ou leur religion. Elle rejette également les accusations de
sympathie avec la Collaboration ou du fascisme376. Marine Le Pen, comme son parti, est en général classée à l'extrême droite par ses détracteurs377 et les grands médias, notamment de gauche378, une position qu'elle conteste et à laquelle elle préfère d'autres appellations comme « droite nationale »379,380, ou « ni droite ni gauche »381.
La Mauvaise Vie de Frédéric Mitterrand
Le , à l'occasion d'un débat dans l'émission Mots croisés de France 2, Marine Le Pen déclenche une controverse médiatio-politique en accusant Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, d'avoir fait l'apologie du tourisme sexuel dans son livre La Mauvaise Vie (2005) et d'y avoir décrit des relations sexuelles tarifées avec, selon elle, des « petits garçons thaïlandais382 ». L'attaque est préparée383
et la citation des passages du livre est volontairement à visée
choquante, Marine Le Pen ayant rajouté le terme « jeunes » devant ceux
de « garçons très attrayants384 ».
Elle admet par la suite avoir fait à tort cet ajout mais maintient ses
accusations en soulignant que les passages du livre parlent de
« gosses » et en réaffirmant qu'il existe « incontestablement une
ambiguïté majeure » dans ces écrits382. Elle exige la démission du ministre et met en relation ce livre avec le soutien apporté par Frédéric Mitterrand au cinéaste Roman Polanski lors de son arrestation en septembre 2009382. Elle dénonce alors ce qu'elle appelle une « caste de privilégiés qui s'autoprotège385 ».
Le , Frédéric Mitterrand répond à ces attaques et dénonce un amalgame, « premier pas de la calomnie », en déclarant n'avoir jamais eu des relations sexuelles avec des mineurs et n'avoir pas fait l'apologie du tourisme sexuel : « Toutes les personnes qui m'accusent devraient avoir honte »386. Pour Jérôme Fourquet de l'Ifop,
cette affaire a permis à Marine Le Pen de « percer » et de « prendre
l'ascendant médiatique » sur le Front national par rapport à son père339.
Prières de rue
Lors d'un discours interne tenu à Lyon le , Marine Le Pen évoque l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et déclare que le blocage illégal de certaines ruesNote 7
pour des prières musulmanes constitue également une « occupation » du
territoire français. De nombreux médias et personnalités politiques ont
soutenu qu'elle faisait alors un parallèle entre les prières de rue et
l'occupation nazie, ce qui a donné lieu à une forte controverse387,388,389,390. L'historienne Valérie Igounet relève que cette déclaration intervient « sur les terres de Bruno Gollnisch », adversaire de Marine Le Pen pour la présidence du FN, un mois avant le congrès de Tours309.
Le MRAP et la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen annoncent leur intention de porter plainte pour incitation à la haine raciale391. Le ,
Marine Le Pen tient une conférence de presse dans laquelle elle réitère
ses propos, déclarant qu'il ne s'agissait pas d'un dérapage mais d'une
analyse réfléchie de la situation en France392, puis, s'appuyant sur les déclarations de Jean-François Kahn, dénonce une « indignation artificielle » pour barrer sa route dans les sondages et « une manœuvre de la part de l'Élysée ». Son immunité parlementaire est levée par le Parlement européen le , sur demande du ministère de la Justice français393.
Le tribunal correctionnel de Lyon prononce une relaxe en sa faveur le 15 décembre 2015394.
Viande halal
Le , alors en début de campagne présidentielle, se fondant sur un reportage télévisé de France 2, Marine Le Pen déclare que « L'ensemble de la viande qui est distribuée en Île-de-France, à l'insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal »395.
Certains spécialistes de la boucherie affirment qu'une très grande
partie de la viande n'est pas abattue selon un rite religieux396, et d'autres affirment que toute la viande produite en Île-de-France est halal sauf le porcNote 8, mais que la viande consommée dans la région n'est pas en totalité halal, car la consommation excède de loin la production397.
Condamnations, procès et plaintes
Condamnations
Diffamation
À la suite d'une plainte en diffamation déposée par l'ancien membre du FN Christian Baeckeroot pour des faits datant de 2008, Marine Le Pen et Louis Aliot sont condamnés pour diffamation le
par la cour d'appel de Versailles à verser 5 000 € de dommages intérêts
à Christian Baeckeroot et 4 500 € en frais de procédures398.
La cour d'appel fait par ailleurs droit aux demandes de Christian
Baeckeroot en ordonnant la publication de ces condamnations pendant un
mois sur le site du FN et la parution dans trois numéros de Nations Presse Magazine. Le pourvoi en cassation formé par Marine Le Pen, Louis Aliot et Jean-Marie Le Pen est rejeté le 11 octobre 2011 et la Cour de cassation fixe en plus à 2 000 € les frais de procédure dus à Christian Baeckeroot399.
Procédure abusive
Marine Le Pen porte plainte après une déclaration, publiée par l'AFP, de l'ancien secrétaire d'État Georges Tron, accusé d'agression sexuelle par deux anciennes employées de sa ville de Draveil400. Le ,
le tribunal correctionnel de Paris estime que « c'est par le fruit
d'extrapolations » que Marine Le Pen reproche à Georges Tron d'avoir
laissé entendre qu'elle « serait personnellement intervenue pour persuader les deux anciennes employées municipales de porter plainte ». Le tribunal relaxe Georges Tron et juge abusives les poursuites engagées par Marine Le Pen, car « l'allégation diffamatoire prétendue relevait d'une interprétation manifestement tendancieuse et exagérée du texte ». Marine Le Pen est condamnée à verser 1 500 euros
de dommages et intérêts pour procédure abusive à Georges Tron, ainsi
qu'à l'AFP, qu'elle poursuivait en diffamation. Marine Le Pen a annoncé
qu'elle ferait appel de ce jugement401.
Retrait de permis
Marine Le Pen a vu son permis de conduire annulé après avoir perdu tous ses points entre le et le ,
pour sept infractions constituées par des excès de vitesse, ainsi que
franchissement d'un feu rouge. Le lien est fait entre sa condamnation et
son action politique, puisqu'elle prône la suppression du permis à
points, ainsi que la suppression des radars, qu'elle assimile à un
« impôt supplémentaire » déguisé en « lutte pour préserver des vies »402.
Marine Le Pen conteste cette décision administrative403. Dans une lettre adressée par son avocat à « l'officier du ministère public » un mois et demi après son retrait de permis, en , elle affirme que c'est sa mère, Pierrette Lalanne, qui conduisait404 ; son avocat déclare alors que « tous les politiques ont des chauffeurs [et] ne sont jamais au volant »405. Le tribunal administratif de Lille rejette, le ,
la demande de Marine Le Pen visant à contester l'annulation de son
permis de conduire, rappelant que l'annulation du permis de conduire est
l'annulation du droit de conduire tout véhicule pour lequel le permis
est obligatoire.
En marge de l'affaire de l'annulation de son permis de conduire,
Marine Le Pen n'avait pas réglé les honoraires de 3 000 € qu'elle devait
au cabinet d'avocats Dufour & Associés, auquel elle s'était
adressée initialement. Ce cabinet ayant saisi la justice, le bâtonnier
Pierre-Olivier intime à Marine Le Pen, dans une décision rendue le et publiée par Le Canard enchaîné, de verser la somme due au cabinet d'avocats406.
Dans un droit de réponse publié sur le site du FN, Marine Le Pen a fait
valoir qu'elle ne devait pas cet argent car l'avocat qui s'était occupé
de son affaire ne travaillait plus dans ledit cabinet407.
Plaintes
Marine Le Pen a poursuivi plusieurs personnalités politiques, journalistes et médias pour diffamation ou injure.
Une vingtaine de plaintes en diffamation a été déposé pendant les six
premiers mois de sa présidence au FN. Selon des commentateurs, ceci fait
partie de sa stratégie de dédiabolisation du FN visant à intimider ses
détracteurs pour empêcher la calomnie, et relève aussi d'une stratégie
de communication[réf. nécessaire]. Le trésorier du parti et avocat, Wallerand de Saint-Just, admet l'existence de plusieurs procédures pénales et déclare que « le FN ne se fera plus marcher sur les pieds désormais »408,409. Lors des premiers mois de sa présidence au Front national, les plaintes déposées par Marine Le Pen ont visé notamment Rama Yade, Jean-Luc Mélenchon, ou bien encore le rappeur Cortex qu'elle fait condamner pour injures410,411.
Utilisation d'argent public du Parlement européen
À la demande du Parlement européen, Marine Le Pen devait rembourser près de 300 000 euros, avant le 31 janvier 2017, indument perçus par elle pour avoir « rémunéré des cadres du Front national avec l'argent public ». L'Office européen de lutte antifraude
considère qu'elle a en effet rémunéré deux emplois d'assistants
parlementaires fictifs. Le premier concerne l’une de ses
collaboratrices, Catherine Griset412 (son ancienne belle-sœur) et le second son garde du corps, Thierry Légier413.
Cette somme sera mise en recouvrement, avec une retenue mensuelle prise
sur ses indemnités parlementaires. En réaction, Marine Le Pen indique :
« Je ne me soumettrai pas à la persécution, à
cette décision unilatérale prise par des adversaires politiques avec
exécution provisoire en violation de l’Etat de droit, des droits de la
défense, sans preuves et sans attendre que la justice, que j’ai saisie,
ne se prononce au fond »414.
Cela s'inscrit dans le cadre d'une affaire concernant l'ensemble des 23
députés européens FN qui emploieraient 29 « assistants parlementaires »
qui travailleraient davantage pour le parti que sur les dossiers
européens, représentant un préjudice de 7,5 millions d'euros415.
Sous-évaluation du patrimoine déclaré
Marine Le Pen, ainsi que son père, est suspectée d'avoir sous-évalué de deux-tiers la valeur de ses parts dans la société civile immobilière
qui détient leur demeure familiale, le manoir de Montretout, lors de sa
déclaration de patrimoine de députée européennes remises en 2014.
L'avocat de Marine Le Pen explique que cette dernière est de bonne foi,
n'ayant que « repris ce que déclarait son père »415.
En 2005, Philippe Katerine fait de Marine Le Pen le sujet d'une « fantaisie surréaliste ambient » apparemment dénuée de message politique intitulée 20-04-2005, qui figure dans son album Robots après tout. En sortant de la maison de la radio
à Paris, le narrateur suit une femme blonde dans la rue et découvre
avec stupeur qu'il s'agit de Marine Le Pen. Il décide alors de la
dépasser, mais a l'impression qu'elle le suit dans tout le seizième
arrondissement de Paris, et ne parvient plus à la semer417.
Marine Le Pen est la cible, en 2007, d'une chanson de Diam's intitulée Marine,
où la chanteuse critique les positions politiques de cette dernière et
de son père. Le refrain scande : « J'emmerde le Front national »418. Marine Le Pen lui répond par une lettre ouverte419, proposant à la chanteuse un débat sur l'immigration, à laquelle elle n'a pas reçu de réponse publique420.
En 2012, la chanteuse Madonna, en tournée avec son MDNA Tour, propose un montage vidéo illustrant sa chanson Nobody Knows Me et ayant pour but de dénoncer « l'intolérance de certains hommes envers d'autres »421. Ce montage inclut une image de Marine Le Pen avec ce qui semble être une croix gammée sur le front (en réalité un svastika422) aux côtés de personnalités politiques controversées comme Hosni Moubarak, Adolf Hitler, Bachar el-Assad ou encore Hu Jintao423. C'est un exercice que la chanteuse avait déjà proposé lors de ses tournées Confessions Tour (2006) et Sticky and Sweet Tour (2008-2009), la première incluant un montage vidéo qui caricaturait notamment Jean-Marie Le Pen424.
En réponse, Marine Le Pen menace la chanteuse de porter plainte contre elle si la vidéo est diffusée lors de son concert du 14 juillet au Stade de France424 tandis que Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement socialiste, juge le parallèle « malheureux »425. La vidéo est diffusée comme prévu et en réponse, le Front national dépose une plainte contre Madonna pour « injure »426, qui est finalement classée sans suite427. Cependant, pour ne pas alimenter la polémique, Madonna a remplacé le svastika par un point d'interrogation à son concert du 21 août à Nice428
mais dès le retour de Madonna en Amérique, le svastika réapparaît dans
la vidéo. En septembre 2013, à l'occasion de la sortie du DVD musical
issu de cette tournée intitulé MDNA World Tour, le montage associant le svastika à l'image de Marine Le Pen réapparaît429.
Littérature
Dans le roman uchronique de Guy Konopnicki, Les Cent Jours : – , où Jean-Marie Le Pen gagne l'élection présidentielle de 2002, Marine Le Pen devient ministre de la Justice. Dans celui de Frédéric Deslauriers, Les Deux-Cents Jours de Marine Le Pen, publié en 2011, elle est élue présidente de la République430. Dans Le Bloc
de Jérôme Leroy, Nicolas Sarkozy l'appelle pour un gouvernement
d'alliance ; dans ce livre, les noms ont été modifiés et quelques
détails changés pour éviter les procès, mais les personnages sont très
reconnaissables431. Dans La Présidente, bande dessinée de François Durpaire et Farid Boudjellal publiée en 2015 aux éditions Les Arènes, elle est élue présidente de la République lors de l'élection présidentielle de 2017432. Dans Soumission de Michel Houellebecq,
elle perd le second tour de l'élection présidentielle de 2022, face à
Mohammed Ben Abbes de la Fraternité musulmane ; s'ensuit une islamisation de la France433.
↑À la suite d'une interview de son père Jean-Marie Le Pen dans le Magazine Lui, par représailles, sa mère pose nue dans Play Boy.
↑Jean-Marie Le Pen, qui était d'abord récalcitrant face à cette initiative tout comme sa fille, évoquera devant les caméras une « erreur informatique » qui aurait privé Marine Le Pen de la treizième place. Voir « L'enfance d'un monstre », Les Inrockuptibles, no 1105, , p. 36 (lire en ligne [archive]).
↑Pour Carl Lang, le congrès de Nice marque le début de la transformation du Front national « en Front familial ». De son côté, Jean-Marie Le Pen explique : « à
partir de [ce congrès], il va y avoir au sein du bureau politique une
espèce de résistance passive, larvée, organisée autour de Carl Lang,
dans l'espoir secret disent-ils d'aider Bruno Gollnisch. Mais Bruno Gollnisch ne jouera par leur jeu, il n'acceptera pas d'être le leader de cette opposition. »Lebourg et Beauregard 2012, p. 236-240.
↑En , Jean-Marie Le Pen déclare dans l'hebdomadaire Rivarol que « l'occupation allemande n'avait pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés »,
ce qui provoque l'ouverture d'une information judiciaire à la suite
d'une plainte déposée par l'association des Fils et filles de déportés
juifs de France (FFDJF) représentée par Arno Klarsfeld.
↑Jean-Claude Colliard révèle ainsi dans les Nouveaux cahiers du Conseil constitutionnel
que, contrairement à ce qu'affirme Marine Le Pen, le Front national
n'avait pas déposé 507 parrainages en 2007, mais 566, 554 d'entre eux
ayant été validés. Cf. Jean-Claude Colliard, « Les parrainages à l'élection présidentielle par Jean-Claude Colliard », Les Nouveaux cahiers du Conseil constitutionnel, no 34, et Julien Martin, « FN : les vrais chiffres des parrainages », Le Nouvel Observateur, no 2468, du 23 au 29 février 2012, p. 18.
↑Elle se rend à Metz (), puis au Grand-Quevilly (), à Bordeaux (), Perpignan (), Toulouse (), Strasbourg (), Lille, où elle organise sa Convention présidentielle « Cap Espérance » (-), Châteauroux (), Marseille (), Palavas-les-Flots (), Ajaccio (), Haute-Goulaine en Loire-Atlantique (), Nice (), Lyon (), Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, sous la forme d'un « parlement des invisibles » donnant la parole aux participants (), enfin au Zénith de Paris pour son meeting final ().
↑Notamment la rue Myrha à Paris, et la rue de Suisse à Nice.
↑ a, b, c, d et eExtrait d'acte de naissance, disponible sur simple demande conformément à la législation en vigueur ([voir en ligne [archive]]) auprès de la mairie de Neuilly-sur-Seine.
↑« Jean-Marie Le Pen conforte Bruno Gollnisch comme son successeur potentiel à la tête du FN », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, lire en ligne [archive]).
↑Sylvain Crépon et Nicolas Lebourg, « Le renouvellement du militantisme frontiste », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national : sociologie d'un parti politique, Presses de Sciences Po, , p. 447.
↑Abel Mestre et Caroline Monnot, « Les réseaux du Front national », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national : sociologie d'un parti politique, Presses de Sciences Po, , p. 57.
↑Sylvain Crépon, « Hénin-Beaumont, le laboratoire FN à l’épreuve des municipales », Notes de l'Observatoire des radicalités politiques - Fondation Jean-Jaurès, no 6, (lire en ligne [archive]).
↑Alexandre Dézé, « La construction médiatique de la « nouveauté » FN », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé et Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national : sociologie d'un parti politique, Presses de Sciences Po, (lire en ligne [archive]).
↑Le Monde.fr avec AFP, « Marine Le Pen condamnée dans le procès du «faux tract» », lemonde.fr, (lire en ligne [archive]).
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(ru) Кирилл Бенедиктов, Возвращение Жанны д'Арк : Политическая биография Марин Ле Пен [« Le Retour de Jeanne d'Arc : biographie politique de Marine Le Pen »], Moscou, Книжный мир/ozon.ru, coll. « Политики XXI века », , 320 p., 20 cm (ISBN978-5-8041-0796-4)
Mathieu Dejean et David Doucet, La Politique malgré elle : la jeunesse cachée de Marine Le Pen, Paris, La Tengo, coll. « Ces jeunes qui nous gouvernent », , 153 p. (ISBN978-235461-115-6).