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samedi 1 juin 2013

Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond en Chine?

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Romain Renier | 23/05/2013          

L'annonce d'une contraction de l'activité manufacturière en Chine a largement contribué à la dégringolade de la Bourse japonaise ce jeudi. En réalité, le ralentissement de l'économie apparait durable malgré les politiques de soutien à la consommation et à l'investissement menées par Pékin.Tour d'horizon en quatre points des risques qui pèsent sur la deuxième économie mondiale.

Une économie ne peut croître à des taux élevés pour l'éternité. Conscient de cette réalité, les dirigeants chinois avaient prévenu, la croissance va ralentir. L'indice PMI des directeurs d'achat publié jeudi par HSBC est venu doucher les espoirs de ceux qui comptaient encore sur une reprise durable de la deuxième économie mondiale. Cet indice, qui marque une contraction de l'activité manufacturière pour la première fois depuis octobre dernier n'est pas anodin. Car il vient souligner les failles d'une économie chinoise qui progresse encore, mais se trouve à un moment charnière de son évolution, alors qu'elle est encore très dépendante de la conjoncture mondiale. Tour d'horizon des points de tension de l'économie chinoise.
Le soutien à l'investissement ne masque plus les déséquilibres
Pour faire face à la faiblesse de la demande extérieure liée à la crise que traversent les économies matures, les autorités chinoises avaient assoupli l'année dernière leur politique monétaire et les conditions de crédit. Objectif: favoriser l'investissement, l'autre moteur de l'économie chinoise, qui montrait lui aussi quelques signes de faiblesse. Cela a fonctionné un temps. Mais désormais, "les signes de reprise du dernier trimestre de l'année 2012 s'estompent," constatait Bei Xu, économiste chez Natixis, il y a quelques semaines.
La raison est simple. Elle tient dans une répartition inégale des crédits. En effet, l'afflux massif de crédits bancaires a surtout bénéficié aux grandes entreprises d'État et aux collectivités locales qui on principalement dopé la construction et les grands projets. Alors que les entreprises du secteur privé ont connu plus de difficultés pour se financer. Ce qui a eu pour effet de déséquilibrer la structure de l'investissement au détriment de l'investissement productif. En clair, l'industrie n'a pas profité de l'élan donné par Pékin.
L'endettement croît à vitesse exponentielle
L'autre problème d'une politique de soutien à l'investissement par le crédit est le risque d'endettement excessif. Ce sont surtout les gouvernements locaux qui posent question. En Chine, ils n'ont pas le droit de se financer eux-mêmes. Pourtant, la responsabilité de la relance locale leur a été en grande partie confiée depuis la crise financière de 2008.
Pour palier le manque de liquidités pour financer leurs projets, ils ont eu recours à des sociétés spéciales chargée d'emprunter pour elles. En raison du manque de transparence, il est très difficile de mesurer l'endettement de ces sociétés, dont les emprunts sont souvent garantis par les gouvernements locaux. Différentes études ont toutefois tenté de le chiffrer. Le pire des scénarios estime que leur niveau d'endettement s'élèverait à 40% du produit intérieur brut de la Chine. Récemment, l'agence de notation Fitch a abaissé la note du pays en raison de la rapide expansion de l'endettement de l'économie chinoise, et plus particulièrement des gouvernements locaux.
La consommation des ménages tarde à prendre le relais
La politique de soutien à l'investissement menée par Pékin n'était pas faite pour durer. Elle était censée permettre à l'économie chinoise de continuer à croître afin de créer un nombre d'emplois nécessaires au maintien de la paix sociale dans le pays. La demande intérieure devait prendre le relais. Choquée par la forte baisse de ses exportations et des investissements en provenance de l'étranger à la suite de la crise de 2008, les autorités ont en effet décidé d'opérer un rééquilibrage de la croissance chinoise, moins basée sur les exportations et un peu plus portée sur la demande intérieure.
Pour ce faire, elles ont mis en place un programme de réformes destinées à soutenir la consommation. Or la consommation des ménages marque le pas. "Ce ralentissement est durable, car les réformes structurelles en cours, correction des inégalités et mise en place d'une meilleure couverture sociale, ne peuvent pas avoir d'effet immédiat," selon Bei Xu. En attendant, l'épargne a toujours la cote en Chine. En raison justement de la faiblesse de la couverture sociale, mais aussi parce que les prix de l'immobilier ont fortement augmenté et que les Chinois sont forcés d'économiser toujours plus pour acheter un logement. La mauvaise conjoncture contribue par ailleurs à freiner la hausse des salaires malgré la forte hausse du salaire minimum.
Hausse des salaires et appréciation du yuan rognent la compétitivité
L'autre problème vient de la perte de compétitivité chinoise. En favorisant la hausse des salaires pour soutenir la consommation et en laissant s'apprécier le yuan par rapport au dollar et au yen, Pékin a accepté que le coût du travail augmente. Le coût salarial unitaire a progressé de 25 points par rapport aux Etats-Unis depuis 2006 selon Natixis. Ce qui a conduit à des délocalisations de l'industrie manufacturière au profit des pays d'Asie du Sud-est et à un recul de l'investissement en biens d'équipements.
Cette perte de compétitivité a par ailleurs pour effet d'amplifier le ralentissement des exportations, conséquence de la perte de vitesse des principaux partenaires commerciaux de la Chine. Les bons chiffres des exportations chinoises masquent en effet la mauvaise dynamique du pays à l'export. En effet, une fois exclues les exportations vers Hong-Kong, elles se sont globalement contractées de 4,8% en avril.
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