Selon des analystes du marché financier, les banques chinoises compensent le manque de moyens en Russie dû à une baisse de l'activité des banques occidentales.
Les actifs d'une banque sont composés de capitaux propres, de dépôts, de crédits interbancaires et d'obligations. En un mois le montant des actifs de la Banque industrielle et commerciale de Chine a augmenté en Russie de 79 % et celui de China Construction Bank, de 49 %. En revanche, les actifs des filiales des banques occidentales ont diminué en avril. Cela concerne surtout la Deutsche Bank et la Banque royale d'Ecosse, dont les actifs ont chuté respectivement d'un quart et de moitié. Les banques chinoises sont-elles disposées à occuper la niche des structures financières occidentales qui se retirent du secteur bancaire russe ?
La croissance des actifs de la BICC tient à l'augmentation de son portefeuille de crédit en Russie. La banque crédite un grand producteur russe d'engrais minéraux, Akron. En outre la BICC et China Construction Bank financent en Russie d'importants projets d'infrastructure. Il s'agit notamment de la construction de la centrale thermique de Huadian-Teninskaïa à Iaroslavl et du projet Iamal-LGN, qui prévoit l'exploitation d'un gisement de gaz à condensat et la construction d'une usine de liquéfaction du gaz naturel. Un contrat gazier a été signé dans le cadre de la récente visite du président russe Vladimir Poutine en Chine, ce qui promet de bonnes perspectives de coopération de nos pays dans le domaine énergétique. Le président de l'Association des banques régionales de Russie Alexandre Mourytchev estime que le financement par la Chine des projets russes et la présence des banques chinoises iront croissant :
« La formule est mutuellement avantageuse. Le capital chinois travaillant en Russie est considéré comme capital du résident de la Fédération de Russie. C'est pourquoi plus importants seront les capitaux des banques étrangères, chinoises comprises, plus larges seront les possibilités du système bancaire russe de participer à des projets de grande envergure et d'une forte intensité capitalistique. Pour sa part la partie chinoise trouve intérêt à coopérer dans tous les projets qui rapportent des bénéfices ».
Les banques chinoises ont intensifié leur présence en Russie après l'introduction des sanctions économiques des Etats-Unis. Pour des raisons de sécurité, les banquiers russes se sont mis à transférer leurs capitaux des banques occidentales vers des banques chinoises. Ainsi la banque russe Metkombank a ouvert des comptes correspondants en dollars et euros à la Banque de Chine. La banque Transkapitalbank a un compte correspondant en dollars à la Banque industrielle et commerciale de Chine. Alfa Bank mène les négociations avec la partie chinoise sur le même sujet.
De nombreux experts trouvent cependant que l'ouverture des comptes correspondants en Chine n'est pas la panacée contre les sanctions occidentales, dans la mesure ou les gouvernements étrangers peuvent imposer des restrictions sur les paiements dans leurs monnaies en dehors de leurs territoires.
C'est pourquoi le refus du dollar et les paiements réciproques en roubles et en yuans contribueront à l'autonomie des liens économiques russo-chinois. Les premiers pas dans cette direction ont déjà été faits. Sberbank et la Banque de Chine ont conclu un mémorandum d'entente prévoyant les paiements en monnaies des deux pays. La banque russe VTB a déjà commencé des paiements internationaux en yuans. N
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