Question un peu
dérangeante aujourd’hui : que nous rapportent les
délocalisations ?
L’idée peut paraître surprenante.
Quand on parle des délocalisations, en France, c’est pour dénoncer les emplois perdus, la concurrence déloyale et la nécessité de mettre des barrières aux frontières.
On oublie trop souvent l’autre facette : ça permet aussi de payer moins cher nos achats.
Pour la première fois, deux économistes, Lionel Fontagné de l’université Paris I et Charlotte Emlinger du Cepii, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales, ont tenté d’évaluer le gain.
Je vais droit au but : en achetant les produits fabriqués dans les pays à bas salaire, chaque foyer économise 100 à 300 euros par mois. C’est tout simplement énorme. Je vous rappelle qu’en France, les ménages ont en moyenne 3.000 euros par mois pour vivre : ça fait donc 3 à 10%.
Alors, si on fabriquait tout en France, le niveau de vie baisserait de 3 à 10%... ?
Non, ce n’est pas si simple ; d’autres facteurs jouent aussi, et dans des sens contradictoires. J’en citerai deux.
D’abord, ce calcul est une estimation partielle et donc basse, car les importations en provenance des pays européens ne sont pas prises en compte.
Or une autre étude réalisée par le même Lionel Fontagné, avec Aurélien D’Isanto, qui travaille à l’Insee, révèle que plus de la moitié des délocalisations réalisées par les entreprises françaises de plus de 50 salariés au cours des années 2009 à 2011 ont été faites dans l’Union européenne. Les 100 à 300 euros ne représentent donc qu’une partie de l’histoire.
Dans l’autre sens, si tout était fabriqué en France, il y aurait aussi plus d’emplois en France et donc plus de revenus distribués. Seule certitude : comme les produits seraient plus chers, l’effet net global sur l’ensemble de la population serait tout de même une sérieuse baisse du niveau de vie.
Les délocalisations sont-elles alors inéluctables, et même souhaitables ?
Si vous considérez que l’amélioration du pouvoir d’achat est une bonne chose, alors oui, elles sont souhaitables, au moins jusqu’à un certain point. Mais elles ne sont pas pour autant inéluctables.
D’abord parce que les salaires augmentent vite dans les pays du sud. En Chine par exemple, les salaires ont été multipliés par quatre en dix ans et ils devraient encore doubler d’ici à 2020.
Ensuite parce que la qualité laisse souvent à désirer dans les émergents, et le fait d’avoir les usines à proximité des clients et des centres de recherche présente aussi un sérieux avantage.
Enfin parce que la production éclatée aux quatre coins du monde accroît les risques de rupture pour cause d’éruption volcanique, de tsunami, de révolte politique ou de poussée protectionniste.
On pourrait donc assister à des relocalisations…
On en voit déjà. Une étude fait état d’une bonne centaine de retours d’usines en France en quatre ans. C’est huit ou dix fois moins que le nombre de délocalisations mais c’est un bon début.
Si j’ai souvent critiqué ou raillé le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, je dois dire cette fois-ci qu’il a raison de s’acharner sur la question, à condition d’aller au-delà de son logiciel Colbert 2.0 expliquant les vertus du pays aux entreprises, qui est un peu simpliste.
Mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : la clé de la localisation, ici ou là, c’est encore et toujours la compétitivité.
L’idée peut paraître surprenante.
Quand on parle des délocalisations, en France, c’est pour dénoncer les emplois perdus, la concurrence déloyale et la nécessité de mettre des barrières aux frontières.
On oublie trop souvent l’autre facette : ça permet aussi de payer moins cher nos achats.
Pour la première fois, deux économistes, Lionel Fontagné de l’université Paris I et Charlotte Emlinger du Cepii, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales, ont tenté d’évaluer le gain.
Je vais droit au but : en achetant les produits fabriqués dans les pays à bas salaire, chaque foyer économise 100 à 300 euros par mois. C’est tout simplement énorme. Je vous rappelle qu’en France, les ménages ont en moyenne 3.000 euros par mois pour vivre : ça fait donc 3 à 10%.
Alors, si on fabriquait tout en France, le niveau de vie baisserait de 3 à 10%... ?
Non, ce n’est pas si simple ; d’autres facteurs jouent aussi, et dans des sens contradictoires. J’en citerai deux.
D’abord, ce calcul est une estimation partielle et donc basse, car les importations en provenance des pays européens ne sont pas prises en compte.
Or une autre étude réalisée par le même Lionel Fontagné, avec Aurélien D’Isanto, qui travaille à l’Insee, révèle que plus de la moitié des délocalisations réalisées par les entreprises françaises de plus de 50 salariés au cours des années 2009 à 2011 ont été faites dans l’Union européenne. Les 100 à 300 euros ne représentent donc qu’une partie de l’histoire.
Dans l’autre sens, si tout était fabriqué en France, il y aurait aussi plus d’emplois en France et donc plus de revenus distribués. Seule certitude : comme les produits seraient plus chers, l’effet net global sur l’ensemble de la population serait tout de même une sérieuse baisse du niveau de vie.
Les délocalisations sont-elles alors inéluctables, et même souhaitables ?
Si vous considérez que l’amélioration du pouvoir d’achat est une bonne chose, alors oui, elles sont souhaitables, au moins jusqu’à un certain point. Mais elles ne sont pas pour autant inéluctables.
D’abord parce que les salaires augmentent vite dans les pays du sud. En Chine par exemple, les salaires ont été multipliés par quatre en dix ans et ils devraient encore doubler d’ici à 2020.
Ensuite parce que la qualité laisse souvent à désirer dans les émergents, et le fait d’avoir les usines à proximité des clients et des centres de recherche présente aussi un sérieux avantage.
Enfin parce que la production éclatée aux quatre coins du monde accroît les risques de rupture pour cause d’éruption volcanique, de tsunami, de révolte politique ou de poussée protectionniste.
On pourrait donc assister à des relocalisations…
On en voit déjà. Une étude fait état d’une bonne centaine de retours d’usines en France en quatre ans. C’est huit ou dix fois moins que le nombre de délocalisations mais c’est un bon début.
Si j’ai souvent critiqué ou raillé le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, je dois dire cette fois-ci qu’il a raison de s’acharner sur la question, à condition d’aller au-delà de son logiciel Colbert 2.0 expliquant les vertus du pays aux entreprises, qui est un peu simpliste.
Mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : la clé de la localisation, ici ou là, c’est encore et toujours la compétitivité.
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